Réforme constitutionnelle : la mise en garde de "Sauvons le Congo"

Mardi 15 Avril 2014 - 20:00

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La plate-forme appelle le peuple congolais à se mobiliser et à demeurer vigilant pour faire échec à ceux qu’ils considèrent comme les ennemis de la démocratie et de la paix.

Le mini-congrès tenu récemment du 12 au 13 avril par le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) à Mbandaka continue de faire jaser. Les résolutions de cette messe politique ont vite été décryptées par l’opposition qui y perçoit une manœuvre de mauvais alois pour maintenir Joseph Kabila au-delà de 2016. Les participants à ces assises ne cachent d’ailleurs pas et déclarent tout haut leur obstination à s’accrocher, ou mieux à conserver le pouvoir. Dans les cercles proches du parti présidentiel, on fait comprendre que cela fait partie de l’ambition légitime de tout un parti politique que de prendre démocratiquement le pouvoir et le conserver. Aussi, toutes les stratégies concoctées au terme du forum de Mbandaka se recoupaient autour de ce désir partagé de pérenniser le pouvoir acquis de haute lutte au terme des élections de 2011. Le secrétaire général, Évariste Boshab, ne fait d’ailleurs pas de mystère sur cette intention renouvelée de se battre bec et ongle pour assurer au président Joseph Kabila un mandat supplémentaire.

Pour y arriver, le déverrouillage de certaines dispositions de la Constitution est requis à l’instar de l’article 220 portant notamment sur la durée du mandat présidentiel. C’est dire que le congrès de Mbandaka aura balisé la voie pour des réformes constitutionnelles. Sénateurs et députés de la majorité sont dorénavant mis au pas pour matérialiser ce vœu en activant le processus au cours de la présente session ordinaire qui court jusqu’au 15 juin prochain. Le scénario est déjà en place. La majorité numérique fera sans doute le reste. Il ressort cependant qu’au sein du parti présidentiel, les violons sont loin de s’accorder entre ses cadres avec, en toile de fond, une remise en cause de la gestion du parti. La grogne est perceptible et certains caciques ne semblent pas être disposés à accorder leur quitus à cette démarche suicidaire présentée comme à contre-courant des intérêts du peuple souverain. Ils se veulent, au-delà de leur coloration politique, défendre les valeurs démocratiques, harassés par le désordre qui mine leur parti livré à la merci des courtisans.

Pendant ce temps, des voix s’élèvent au sein de l’opposition pour dénoncer une cabale contre le peuple congolais. La plate-forme « Sauvons le Congo » qui stigmatise la machinerie qui se cache derrière le forum de Mbandaka appelle le peuple congolais à se mobiliser et à demeurer vigilant pour faire échec à ceux qu’elle considère comme les « ennemis de la démocratie et de la paix ». Dans un récent point de presse,  Jean Bertrand Ewanga de la Coalition pour le vrai dialogue (CVD), Christopher Ngoyi de la société civile et le coordonateur des FAC Martin Fayulu se sont dressés contre toute velléité de retouche de la Constitution. « Ils n’ont plus rien à proposer après plus d’une décennie  de gestion calamiteuse du pays et continuent d’orchestrer des cabales contre la République, le peuple congolais et la Constitution du 18 février 2016 », ont-ils asséné faisant allusion aux congressistes du PPRD. Que le secrétaire général de ce parti affirme que le PPRD s’emploierait à imaginer des stratégies de conservation du pouvoir à l’instar du MPLA, de la Swapo et autres, cela, de l’avis de ces opposants, veut tout dire.  

L’autre démarche pour barrer la route au plan machiavélique de la majorité présidentielle consiste, pour les membres de « Sauvons le Congo », à obtenir l’éviction du président de la Céni tel que consigné dans les résolutions de la Convention de Notre-Dame-de-Fatima. La pétition initiée à ce sujet aurait franchi la barre de 50.000 signatures. Les trois animateurs de l’opposition sont d’avis qu’ils atteindront le nombre requis des signatures pour bouter dehors l’Abbé Apollinaire Malu Malu dont la neutralité serait sujette à caution. Et pour mieux handicaper le fonctionnement de cette structure électorale qu’ils considèrent comme proche du pouvoir, ils ont acquiescé à la proposition du député Jean Lucien Bussa demandant à l’opposition de retirer ses représentants à la Céni pour, dit-on, ne pas cautionner la dérive de cette institution électorale inféodée au régime en place. Les prochains jours risquent d’être riches en rebondissements.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Évariste Boshab, secrétaire général du PPRD