Ressources naturelles : l’équivalent en or de 400 millions de dollars US sortis clandestinement de la RDC en 2013

Samedi 18 Janvier 2014 - 13:49

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Le dernier rapport annuel de l’ONU à l’origine de cette révélation a prouvé à suffisance les difficultés à assurer la traçabilité des matières premières en provenance de la RDC et des zones post-conflits de l'est, quoique le pays ait adhéré à plusieurs mécanismes internationaux et régionaux ces dernières années pour arrêter l’exploitation frauduleuse de ses richesses.

Le groupe d’experts onusiens a déploré une exportation clandestine d’une importance insoupçonnée. En fait, la quasi-totalité de l’or extrait du sol congolais, soit 98% selon le rapport, est exportée illégalement. Depuis quelques années, l’est du pays a recommencé à paraître parmi les provinces productrices, notamment pour la production de l’or qui reprend à une échelle industrielle encore timide. Cependant, plusieurs sites jadis exploités industriellement ont été occupés par des artisanaux après leur abandon pour raison d’insécurité.

Aujourd’hui, certains opérateurs miniers n’ont toujours pas repris le total contrôle de leurs sites, en dépit des pressions sur le gouvernement. L’une des faiblesses de l’actuel Code minier en révision est de n’avoir pas prévu des dispositions spécifiques pour les artisanaux qui ont commencé à exploiter bien plus de richesses du pays que l’or et le diamant. Selon le rapport, le service géologique des États-Unis estime la production des mineurs artisanaux à 10 000 kg d'or par an. Pourtant, entre janvier et octobre 2013, les exportations de ce minerai n’ont atteint que 180,76 kg, a poursuivi le rapport. Ainsi cet or exporté clandestinement représente des montants variant entre 383 et 409 millions de dollars américains. Cela équivaudrait à dire que la RDC a perdu 7,7 à 8,2 millions de dollars en taxes au cours de l'année 2013.

Les experts onusiens n’excluent pas que cette exportation frauduleuse contribue au financement de groupes armés encore actifs dans l’est du pays. En effet, ont-ils insisté, de nombreux sites miniers riches en or se retrouvent dans les zones post-conflits. Très souvent, la production de cette partie du pays mélangée à celle provenant des zones post-conflits se retrouve dans les grandes villes de négoce tant dans l’est du pays (Bukavu, Butembo, Ariwara, Bunia et Kisangani) que dans certains pays de transit comme l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie. Cette situation pose en des termes clairs la question de la transparence dans le commerce de l’or. Pour les experts onusiens, le principal pays de transit demeure l’Ouganda, car, ont-ils poursuivi, la quasi-totalité de l’or traité par ce pays vient de la RDC. On estime les pertes à des millions de dollars tant pour la RDC que pour l’Ouganda. Pour ce faire, aucun des deux pays ne prélève les taxes nécessaires sur ce minerai qui finance les groupes rebelles en RDC.

Laurent Essolomwa