Révision de la Constitution : le débat enfle dans la classe politique

Mercredi 11 Juin 2014 - 16:30

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Si à l’opposition, l’on redoute quelques veilleités de prolongation du mandat présidentiel au-delà de 2016, à la majorité; par contre, on affirme que la révision constitutionnelle souhaitée ne concerne que quelques dispositions constitutionnelles qui ne s’adaptent plus avec l’évolution du pays.

Ainsi qu’il fallait s’y attendre, l’adoption en début de semaine par le gouvernement de quatre nouveaux projets de loi dont celui relatif à la révision de certains articles de la Constitution suscite une vive controverse dans les milieux politiques. Cette initiative de l’exécutif national est commentée en sens divers, selon qu’on est de l’opposition ou de la majorité. Les lignes sont difficiles à bouger dans ce débat où chacun tente de défendre les positions de son regroupement politique. La majorité au pouvoir appuie la démarche gouvernementale en essayant de lui trouver des justifications plausibles. Pour contrer les attaques des tenants de l’opposition qui y voient une astuce pour assurer le maintien du pouvoir de Joseph Kabila au-delà de 2016, la majorité évoque des aspects purement techniques refusant de s’empêtrer dans des considérations politiciennes.  

Les tenants de la majorité, quant à eux, tentent de dédramatiser la situation pour autant que la révision en question ne concerne que quelques « articles inadaptés » de la Constitution en inadéquation avec l’évolution du pays. Et puisque la même loi fondamentale a prévu les mécanismes de sa propre révision, l’initiative du gouvernement est légale et le fait que les projets de loi querellés seront débattus au Parlement devraient plutôt apaiser les opposants, entend-on dire. Le porte-parole de la majorité, Lusanga Shamandevu, se veut rassurant. Le texte du projet de révision ne prévoit pas de modification de l’article 220 qui verrouille, entre autres, le nombre de mandats du président de la République. D’autres cadres du camp kabiliste allèguent, sans ambages, que le mode d’élection du président au suffrage universel direct ne sera pas changé d’un iota. En plus, susurre-t-on, « cette réforme constitutionnelle  ne devrait pas avoir d’impact sur un éventuel report de la présidentielle en 2016 ».  

Quoiqu'il y ait toutes ces assurances, l’opposition continue de croire à une supercherie de la majorité qui dissimulerait mal son intention de perpétuer le régime en place. Déjà le fait pour le gouvernement de chercher à « doter chaque niveau d’élections de dispositions légales particulières afin de faciliter leur organisation » est perçu comme une tentative à vouloir repousser l’échéance de 2016. « Rien que l’organisation des scrutins distincts d’ici 2015 avec tout ce que cela implique en termes de financement risquerait d’avoir une incidence fâcheuse sur les moyens de l’État qui, en ce moment, pourrait justifier la non-tenue de la présidentielle en 2016 par le manque des moyens disponibles », explique un cadre de l’opposition. À l’UNC, UDPS, Ecidé et d’autres partis politiques de l’opposition, il s’observe une levée de boucliers. Non seulement que ces formations politiques boudent la démarche du gouvernement la qualifiant d’anticonstitutionnelle, ils la considèrent aussi comme une « régression » par rapport au mode de scrutin indirect concernant l’élection des députés provinciaux. Un mode de scrutin qui, d'après l’opposition, restreint par définition les droits des citoyens à choisir eux-mêmes leurs dirigeants. Le débat est loin de se terminer.

 

 

Alain Diasso