Secteur informel : les femmes plantent les graines de leur autonomisation économique

Mercredi 16 Novembre 2022 - 11:15

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La présidente de l’association African women wake up (Awwup) axée sur la valorisation de la femme, Christna Sarah Adoua, a édifié les femmes sur leur autonomisation au cours d’une rencontre qui a eu lieu le week-end dernier dans le sixième arrondissement de Brazzaville, Talangaï.

A l’issue de sa rencontre avec les femmes, la présidente de l’association Awwup a fait savoir aux "Dépêches de Brazzaville" que contrairement aux anciennes prévisions, l’informalité n’a pas diminué avec le temps et augmente même dans de nombreux pays. Les économies informelles se caractérisent généralement par une incidence élevée de pauvreté et de graves déficits de travail décent.

Sans formalisation, le travail décent pour tous et l’équité dans la société resteront une illusion. Les femmes, a-t-elle expliqué, représentent une part disproportionnée des travailleurs du secteur non structuré. A titre d’illustration, en Asie du Sud, a-t-elle dit, plus de 80% de femmes ne travaillant pas dans le secteur agricole occupent des emplois informels ; en Afrique subsaharienne, elles sont 74% ; et en Amérique latine ainsi que dans les Caraïbes, elles sont 54%.

Pour Christna Sarah Adoua, le développement du travail informel féminin en Afrique subsaharienne a modifié les rapports sociaux de sexe en plaçant les femmes au cœur des stratégies urbaines de survie des ménages. Avec la circulation des capitaux monétaires et marchands, elles ont acquis un poids plus important dans les stratégies familiales et professionnelles. Toutefois, elles restent concentrées dans les emplois les plus précaires, avec une certaine prédilection pour les activités commerciales et les services, plus faciles à créer et demandant peu de qualifications spécifiques. D’où, a-t-elle ajouté, la femme dans l’économie informelle est une actrice qui contribue non seulement à la production des richesses, mais aussi à la création de l’emploi. « Lorsque les activités de ces femmes évoluent, on évolue vers la création des entreprises et si on regarde au niveau statistique, les activités du secteur informel sont appréhendées comme des entreprises individuelles, impliquant le rôle de la femme dans la création de richesse, d’emplois, d’entreprise individuelle ou familiale », a-t-elle souligné.

C’est pourquoi, la présidente de l’association Awwup estime qu’il est important de savoir que la place de la femme dans l’économie informelle et formelle est une question de structuration. « Autrement dit, le degré de formel vient parce qu’on connaît cette catégorie de gens. Une femme pauvre, quand elle entreprend dans le secteur informel, parvient à être résiliente aux chocs sociaux dans ce sens qu’elle évolue vers son autonomisation à travers la création de revenus, de richesses, qui, à un certain moment, peuvent l'aider à soutenir la famille, mais aussi, parvenir à se tailler une place dans la société et dans l’entreprise ». Les femmes, a indiqué Christna Sarah Adoua, en plus de manquer de garantie, éprouvent le problème d’élaboration de projets bancables, d’identification de marché et ne sont pas informées sur où et comment s’adresser aux financiers pour accéder au crédit. « Le constat global est que bien qu’on essaie de les regrouper, elles n’ont pas de bagages pour anticiper sur des crédits créateurs de richesses… », a dit Christna Sarah Adoua.

Ainsi, la présidente de l’association Awwup pense qu’il est plus que nécessaire d’apporter de l’aide aux femmes pour qu’elles embrassent les opportunités disponibles telles que le commerce en ligne, l’accès aux services financiers et à l’information, la capacité managériale, le capital social, la conception de projets bancables, l’assurance commerciale des biens et des personnes, la protection sociale, la vulgarisation à grande échelle des avantages de passer de l’informel au formel. D’où, a-t-elle martelé, donner des moyens d’action aux femmes, c’est l’enjeu du siècle. A propos, d’ailleurs, l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Kofi Annan, disait : « Il n’y a pas d’outil de développement plus efficace que l’autonomisation des femmes. »

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- La présidente de l’association Awwup, Christna Sarah Adoua / DR 2 - Les femmes écoutant attentivement la présidente de l’association Awwup / DR

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