Sécurité maritime sur le continent africain : le Forum de l’Institut des hautes études de défense nationale s'ouvre à Paris

Jeudi 12 Juin 2014 - 11:00

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Le quinzième Forum de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) sur le continent africain se tient à Paris du 12 au 19 juin.  Il porte cette année sur la sécurité maritime, un thème central du Sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique de décembre 2013

Durant les sept jours du forum, des auditeurs de haut niveau de 37 pays africains, de l’Union africaine et de cinq organisations régionales débattront des enjeux essentiels de la sécurité maritime pour la stabilité et le développement de l’Afrique.

Selon l’analyse du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), l’insécurité maritime en Afrique est en partie la traduction d’un « vide sécuritaire », liée à la faiblesse des institutions étatiques et des dispositifs de surveillance des espaces territoriaux, notamment marins. Elle est également l’expression de la fracture sociale et de l’accès inégal aux ressources en Afrique, qui engendre, pour un grand nombre d’exclus, des pratiques de survie par des moyens illicites. À ce titre, elle ne peut être réductible au seul domaine sécuritaire, et relève donc du champ de la gouvernance, politique, économique et sociétale.

Ce phénomène témoigne aussi d’une mutation systémique globale : la maritimisation croissante des sociétés. Le centre de gravité des sociétés humaines se déplace vers le littoral, 90% des échanges marchands se font par voie maritime, tandis que la prospective annonce un monde urbain et côtier.

En partie liée au développement rapide des exploitations pétrolières offshore en Afrique, l’insécurité maritime — sous la forme de la nouvelle piraterie maritime — est aussi le sous-produit de la mondialisation des flux économiques, dont la sécurisation semble uniquement pensée en termes de militarisation des sociétés. Par ailleurs, la compétition entre les États africains et les puissances extérieures pour le contrôle des ressources marines alimente un retour à la notion de frontières.

Cette tension entre le principe de circularité de la mondialisation — dont tirent aussi parti les réseaux de criminalité transnationale — et le besoin des États de délimiter leurs zones économiques exclusives pourrait constituer un obstacle majeur à la dynamique de mutualisation des moyens et de coopération contre toutes les formes d’insécurité. La survalorisation des réponses répressives et militaires a ses limites.

Au-delà de la mutualisation des moyens et de la coopération entre les trois organisations régionales — la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Commission du golfe de Guinée—, une stratégie régionale de lutte contre l’insécurité maritime, devrait, selon le GRIP, prendre en compte, pour être viable et durable, les causes profondes à l’origine du phénomène. Celui-ci, en effet, s’enracine dans les disparités de revenu dans les sociétés sous-régionales, et leur corollaire, que sont la corruption, la circulation non contrôlée d’armes illicites, et le chômage des jeunes.

Ce forum, conçu et financé par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international, en liaison avec l’IHEDN, sera l’occasion de confronter les idées sur la question de la sécurité maritime en Afrique, entre les représentants de l’Afrique, de la France et de l’Union européenne.

Noël Ndong