Sierra Leone : des manifestations contre la vie chère font plusieurs victimes

Vendredi 12 Août 2022 - 16:30

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Deux membres des forces de sécurité ont été, mercredi, frappés à mort lors d'une manifestation contre la vie chère à l'initiative d'un groupe de femmes à Freetown, la capitale de la Sierra Leone.

 Un couvre-feu entre 15 h et 7 h du matin a été instauré. Des manifestations contre la vie chère en Sierra Leone ont tourné à l'émeute, à Freetown. Deux policiers ont été « frappés à mort par les manifestants » dans l'est de la capitale, a indiqué le porte-parole de la police, Brima Kamara. Un couvre-feu de 15 h à 7 h (locales, 17 h et 9 h à Paris) a annoncé le vice-président, qui a confirmé la mort de « Sierra-Léonais innocents, dont des membres des forces de sécurité ». Certains jeunes manifestants scandaient  « Bio doit partir », en référence au président Julius Maada Bio, au pouvoir depuis 2018, actuellement au Royaume-Uni en visite privée. Des dizaines d'entre eux, blessés, étaient à l'hôpital Cannaught, selon un médecin de l'établissement joint par téléphone qui souhaite garder l'anonymat. L'initiative de la manifestation est venue d'un groupe de femmes commerçantes - The Grassroots Women of Salone - qui a convoqué un « rassemblement pacifique » pour  « attirer l'attention sur les difficultés économiques et les nombreux problèmes qui affectent les femmes de la Sierra Leone ». L'internet a été coupé temporairement mercredi après-midi, a indiqué NetBlocks, un site basé à Londres qui surveille les blocages sur Internet à travers le monde.

Outre dans la capitale, les manifestations ont également eu lieu dans les villes de Makeni et Magburuka, dans le centre du pays. « Nous avons la responsabilité de protéger chaque citoyen de la Sierra Leone. Ce qui s'est passé aujourd'hui est malheureux et fera l'objet d'une enquête approfondie. J'exhorte tous les Sierra-Léonais à rester calmes », a déclaré le président Julius Maada Bio sur Twitter dans la soirée. « Certains Sierra-Léonais égoïstes ont intensifié l'appel à la violence et au renversement par la force du gouvernement légitime », a de son côté fustigé le vice-président Mohamed Juldeh Jalloh à la télévision d'État. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné les violences ayant conduit à des pertes en vie humaine. Elle appelle au respect de la loi et à l'identification de leurs auteurs pour qu'ils soient présentés devant la justice. Le coordinateur des Nations unies dans le pays a appelé au calme et au dialogue. L'Union européenne et le Royaume-Uni ont encouragé toutes les parties à s'abstenir de recourir à la violence et à rester calmes.

Malgré un sol regorgeant de diamants, la Sierra Leone est un des pays les moins développés au monde. L'ancienne colonie britannique et ses 7,5 millions d'habitants se remettaient encore d'une guerre civile (1991-2002) et de l'épidémie d'Ebola  (2014-2016) en Afrique de l'Ouest quand ils ont été frappés par la pandémie de Covid-19,  puis par les conséquences de la guerre en Ukraine. Le président Julius Maada Bio avait lancé, le 1er juillet, de nouvelles pièces de monnaie et billets de banque du pays ouest-africain, qui perdaient trois zéros par rapport aux anciens, en vue de rétablir la confiance dans un contexte d'importante inflation. La guerre en Ukraine a rendu le quotidien des habitants encore plus difficile. La forte hausse des prix de produits aussi essentiels que le riz, l'huile de cuisson ou les carburants est ressentie plus durement quand on subsiste avec moins de 1,9 dollar par jour, comme le font 43 % des Sierra-Léonais, selon la Banque mondiale.

Noël Ndong

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