Situation économique et financière : les faibles allocations sociales plomberont la croissance

Mardi 17 Décembre 2013 - 20:18

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La Banque mondiale (BM) a fait état d’un taux d’exécution des dépenses publiques en-dessous de 55% du total budgétaire en 2012, avec un taux extrêmement bas de 22% de la rubrique infrastructure et équipement.

Ces chiffres sont contenus dans le tout premier rapport produit par la BM sur la situation économique et financière de la RDC pour la période comprenant l’année 2012 et une partie de l’année 2013. Ce rapport d’une quarantaine de pages s’est servi des principaux résultats des travaux analytiques de la BM en RDC. Il couvre ainsi une variété de sujets, allant des développements des indicateurs macroéconomiques à l’évolution des secteurs sociaux, en passant par l’examen des politiques économiques. Sur les différents points développés, plusieurs d’entre eux méritent une attention particulière. Outre la faiblesse du taux d’exécution des dépenses publiques dans les infrastructures et les secteurs sociaux, la BM ne croit plus en la possibilité pour le pays d’atteindre les objectifs du millénaire, à cause du retard accumulé et de la pauvreté qui connaît une baisse mais reste toujours élevée.

Le pays ne devra ménager aucun effort pour mettre en œuvre une politique monétaire et financière crédible et améliorer sa gestion budgétaire. Les taux de croissance élevés de la RDC exigeront la consolidation permanente de la stabilité macroéconomique. Les experts de la BM mettent en garde contre les risques endogènes et exogènes toujours prévisibles en raison de la volatilité des marchés financiers internationaux, et de la dépendance du pays à ses matières premières qui contribuent pour plus de 33% à sa croissance. D'où la nécessité d'assurer une diversification de la production nationale. Il est indispensable de renforcer la gouvernance dans les industries extractives pour éviter de continuer à perdre des milliards de dollars américains en contrats mal négociés. D'autres défis s'imposent sur le long terme, notamment la révision à la hausse des allocations pour les infrastructures, le manque de compétitivité et la consolidation de l'expertise nationale. Sur ce dernier point, la BM note avec enthousiasme la multiplication des initiatives pour améliorer le capital humain du pays. Enfin, elle invite le gouvernement à renforcer le contrôle du système scolaire pour atteindre des résultats à la mesure des sacrifices consentis.

Il faut arriver à mieux soutenir les associations des parents d’élèves à travers un cadre légal. L'objectif étant toujours d'assurer la gratuité de l'enseignement primaire. Voici autant de points abordés lors de la présentation du rapport. Au cours de cette cérémonie animée par l’équipe macroéconomique de la BM conduite par son directeur, Albert Zeufack, Eustache Ouayoro a remis symboliquement une copie aux autorités gouvernementales. Pour lui, ce rapport représente la contribution de son institution dans ce grand débat nécessaire pour aller de l’avant. Cet important outil, a-t-il insisté, fournit une analyse globale des développements macroéconomiques récents du pays, les perspectives et un agenda de réformes économiques et de politiques publiques à moyen terme. Il constitue un instrument pour orienter le dialogue avec l’ensemble des partenaires dont le gouvernement, la société civile, les universités et le secteur privé.

Du côté du gouvernement, l’on a salué l’initiative qui permet à la RDC de rejoindre d’autres pays de la région dans la publication du rapport de suivi de la situation économique et financière. Cette croissance est le fruit d’effort dans la politique économique du gouvernement, a tenu à rappeler le représentant du ministre des Finances. En 2012, a-t-il ajouté, la marge de manœuvre budgétaire a permis aussi de lancer des projets dans les secteurs des transports, de l’agriculture et de la santé. Les excédents budgétaires dégagés ont permis au gouvernement de faire des dépôts bancaires. Il a rappelé aussi les contraintes rencontrées, notamment les élections, le ralentissement de la croissance des pays développés, la volatilité des cours mondiaux, les guerres, etc. La BM, a-t-il insisté, a montré sa volonté d’avoir un dialogue constructif.

Laurent Essolomwa