Société : la Route nationale 1, vers quelle destination ?

Jeudi 20 Janvier 2022 - 18:52

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Entre Pointe-Noire et Dolisie, c’est la déroute !  Les « Fangio » sont fâchés avec Saint Christophe et  on prie dans les autocars pour arriver à bon port. 

Il nous faudrait plus de mains pour compter sur nos doigts le nombre d’accidents d’autocars, et autres véhicules, sur la Route nationale 1 (RN1) qui relie Pointe-Noire à Brazzaville et plus particulièrement sur le tronçon long de 181 Km allant de Pointe-Noire à Dolisie, à travers le Mayombe. Equipée d’une chaussée de quatre voies, d’une largeur de 3,60 m chacune, cette route nationale, signée par le maître d’œuvre China State Construction Engineering Limited, s’est inscrite dans l’inconscient collectif comme la route de tous les dangers, lui valant au détour ce triste adage : «  Route finie, Congolais finis ».  La RN1, inaugurée le 1er mars 2016 après huit ans de travaux, est, en effet, le macabre théâtre de nombreux accidents, dont le dernier en date à Tao-Tao, le 12 janvier dernier, où un autocar d’Océan du Nord aura une fois de plus alourdi le bilan des décès et blessures constatés depuis plus de cinq ans.

A ce titre, le récent post d’Emile Tambaud, ex-administrateur maire de Nkayi, sur les réseaux sociaux, traduit remarquablement l’angoisse du voyageur embarqué dans un quelconque autocar sur la RN1 : « Au franchissement de la porte de Mengo commence le voyage...pour quelle destination ? Le charme pluriel du paysage que la RN1 offre à l’oeil s'estompe. S'installe la peur, avouée ou non, des mille et une sinuosités que souligne dans la course de la roue le mur vert sans fin, si haut du Mayombe. Jamais l'ambiance est à la détente sincère. Jamais. Le silence qu'on observe, à raison, invite aux prières intérieures. La conversation voulue mais feinte en conjuration de l'anxiété et en effacement du silence bien souvent s'interrompt. Le machiniste au volant que le véhiculé, à chaque coup d'inquiétude, interpelle par trop de fois, tel un commis à l'exercice de veille et d'éveil, récite le code de la route, aidé dans son attention de chaque instant par les panneaux et autre langage affichés tout le long du parcours par La Congolaise de la Route.  Dolisie s'annonce quand le Mayombe finit. La tentation de la vitesse titille et tient le pied, l'ivresse colonise les sens », écrit-il.

Pour arriver à bon port, sain et sauf,  faudrait-il donc s’en remettre à Saint Christophe et prier ce protecteur des voyages ? Plus terre à terre, on préférerait s’en remettre à l’élémentaire prudence des chauffeurs. On peut accuser la pluie, la chaussée glissante, la malchance, l’état des freins ou des pneumatiques, la fatigue, l’alcool, voire encore les astres, pourquoi pas. Mais pour ces as du volant, la sécurité routière est avant tout apparentée à un vague traité philosophique dont ils ne comprennent pas le sens. Chose certaine, ils ont tôt fait, pour nombre d’entre eux, de se prendre pour des  « Fangio », appuyant comme des forcenés sur le funeste champignon, tandis que la ligne blanche, à ne jamais franchir, ne semble être pour eux qu’un élément décoratif du décor.  Une conduite qui n’échappe pas à La Congolaise des routes qui constate une accidentologie beaucoup trop importante et qui s’emploie à mettre en œuvre de multiples mesures pour en réduire le nombre.  Et j’oubliais : plutôt que filmer un accident avec votre téléphone portable, utilisez le en composant le 1010, appel gratuit, pour le signaler et portez secours aux victimes.

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Une société privée de transport sur la RN1

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