Sommet des BRICS à Rio : Antonio Guterres relance le multilatéralisme, l’Afrique cherche sa voieLundi 7 Juillet 2025 - 22:58 À Rio, face à la montée des fractures globales, le secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), Antonio Guterres, exhorte à une réforme du système mondial. L’Afrique, de plus en plus courtisée, se positionne comme acteur stratégique du Sud global. Réuni à Rio de Janeiro, le sommet des BRICS élargi (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, rejoints par l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, les Émirats arabes unis et d’autres) s’est ouvert sur un appel solennel du secrétaire général de l’ONU en faveur d’un multilatéralisme revitalisé. « Nous ne pouvons pas affronter les défis globaux avec des institutions figées dans un monde disparu. Le multilatéralisme doit refléter les équilibres du XXIe siècle », a-t-il déclaré. L’Afrique, cœur battant du Sud global Dans cette nouvelle configuration mondiale, l’Afrique occupe une place stratégique. Le continent, avec 1,5 milliard d’habitants en 2024, représente près de 18 % de la population mondiale, mais reste sous-représenté dans les instances clés de gouvernance mondiale. « Comment justifier qu’aucun pays africain ne siège de manière permanente au Conseil de sécurité ? L’injustice est flagrante », a martelé le patron des Nations unies. Plusieurs pays africains (Égypte, Éthiopie, Algérie, Nigéria) ont exprimé leur intérêt ou amorcé des démarches pour rejoindre les BRICS, dans un contexte de désenchantement vis-à-vis des institutions de Bretton Woods et d’un besoin croissant de financements alternatifs. Une voix africaine plurielle et affirmée « Nous ne sommes pas spectateurs. L’Afrique est prête à être co-auteur d’un nouvel ordre mondial plus juste et équilibré », a affirmé le président du Kenya, William Ruto, en marge du sommet. « Le FMI et la Banque mondiale prêtent, mais dictent. Les BRICS proposent des partenariats, pas des tutelles », a renchéri un haut responsable éthiopien. La Banque des BRICS (New Development Bank), dont l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff assure désormais la direction, a déjà engagé plus de 33 milliards USD dans des projets d’infrastructure et de transition énergétique, dont 20 % en Afrique. Afrique et BRICS en chiffre
L’heure du repositionnement Dans un monde fracturé par la compétition des blocs et l’érosion des normes communes, l’Afrique ne veut plus subir l’histoire. Elle cherche à s’intégrer activement à une gouvernance mondiale réformée, à défendre ses intérêts, et à choisir librement ses alliances. « Le monde multipolaire ne doit pas reproduire les inégalités du passé. L’Afrique doit y entrer en stratège, pas en suiveur », conclut l’analyste géopolitique Séraphin Nkoumba. Noël Ndong Notification:Non |