Sommet IDA/Dakar : les Africains face au défi du développement continental

Vendredi 8 Juillet 2022 - 18:00

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La déclaration publiée le 7 juillet à Dakar, au Sénégal, à l’issue du sommet de l’Association internationale de développement (IDA), engage les dirigeants africains sur de nombreux impératifs qu’ils doivent surmonter pour mieux conduire les politiques destinées au développement du continent.

De prime abord, dans cette déclaration conjointe en 15 points, les chefs d’Etat et de gouvernement africains présents dans la capitale sénégalaise (1) sont unanimes pour reconnaître que « la plupart des pays du continent n’ont pas connu de progrès significatifs dans les domaines tels que la réduction de la pauvreté, l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODDs) et l'accumulation de capital humain ». Ces objectifs sont proches de ceux contenus dans l’Appel d’Abidjan, lancé le 15 juillet 2021, qui préconisait : « l’amélioration du capital humain », « la création d’emplois par des politiques de développement du secteur privé », et « la relance économique ».

S’ils notent que depuis deux ans, la pandémie de Covid-19 à laquelle s’ajoute désormais, en termes de contrariétés le conflit russo-ukrainien, a fragilisé les économies africaines, les chefs d’Etat et de gouvernement veulent néanmoins voir les conditions d’existence s’améliorer pour les populations les plus vulnérables constituées de femmes, d’enfants et de déplacés des crises multiformes que connait le continent. Cette situation est d’autant préoccupante que, comme le souligne la déclaration : « A fin mai 2022, vingt-trois pays de notre continent présentent un risque élevé de surendettement ou sont en surendettement ». L’Afrique qui est par ailleurs « confrontée à une crise alimentaire et nutritionnelle majeure » depuis trois ans. Autant de défis à la résolution desquels le sommet de Dakar s’est voulu aussi une tribune d’engagements.

Améliorer la gouvernance publique

A l’écoute du continent, l’IDA qui relève du groupe de la Banque mondiale, a mobilisé 93 milliards de dollars US devant servir au financement des projets et programmes à impacts visibles en matière de développement économique. L’un des engagements pris à Dakar par les chefs d’Etat est de ne pas ériger la crise de Covid-19 en une fatalité : « Nous nous engageons à accélérer la transformation économique de l’Afrique… à travers un leadership politique fort et des actions volontaristes… dans les domaines de la bonne gouvernance, de la sécurité, de la paix ainsi que de la préparation aux crises ».

A l’évidence, la pandémie du coronavirus a prouvé que plusieurs Etats du continent et des autres parties de la planète sont en retard dans l’anticipation des calamités d’une telle envergure. D’où aujourd’hui la mise en œuvre d’initiatives en faveur de la bonne organisation des actions de riposte. La République du Congo vient ainsi de finaliser le cadre stratégique national du Centre des opérations d’urgence de santé publique-Cousp-, dont la mission est de faciliter la mobilisation des ressources humaines et financières dans la lutte contre les épidémies.

La place du secteur privé

Le succès de nombreux engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement, que nous ne pourrions tous lister ici passe aussi par l’implication des acteurs expérimentés dans différents secteurs économiques. Les partenaires privés sont à ce titre des interlocuteurs de premier plan : « Nous réaffirmons que les projets transversaux à financer par l’IDA-20 (nommée ainsi parce que l’initiative est à sa vingtième mobilisation des ressources Ndlr) doivent favoriser une forte implication du secteur privé et requièrent un accompagnement de celui-ci par la Société financière internationale-SFI », plaide la déclaration. Dans cette vision du renforcement du partenariat public-privé, le sommet de Dakar a ciblé les secteurs comme le changement climatique, l’agriculture, l’innovation dans les chaînes de valeur alimentaire, afin de « réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard des importations de produits alimentaires ».

A propos du changement climatique, au risque de se répéter, les chefs d’Etat ont rappelé que « le plus grand atout de l’Afrique pour relever le défi climatique est son capital naturel inégalé, qui assure la subsistance de plus de 70% des Africains ». Il n’est pas question de s’en contenter, mais d’améliorer la visibilité et l’opérationnalité des mécanismes déjà en place parmi lesquels on peut citer l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale-Cafi-, le Fonds bleu pour le Bassin du Congo et le Fonds vert pour le climat.

Les axes prioritaires

Nul doute que tout cet ensemble ne peut fonctionner sans la prise en compte d’une priorité comme l’électricité. En raison de la transversalité entre ce secteur et la préservation de l’environnement, en termes « savants », on parle dorénavant de « transition énergétique. Les dirigeants africains la souhaitent « juste et équitable ». Ils réitèrent leur détermination à « prendre des mesures pour assurer l’accès universel à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous d’ici 2030 ». Dans seulement huit ans, si l’on doit décompter, il faudra « fournir l’électricité à 85 millions de personnes supplémentaires ».

D’une priorité l’autre, l’homme est au cœur de cet agenda ambitieux. Cela implique d’investir dans l’éducation et la formation du capital humain. La création des centres d’excellence est encouragée, l’amélioration de l’offre de santé, le développement de l’économie numérique, la construction des infrastructures routières doivent intégrer cette liste des priorités pour l’Afrique.

Conclure peut-être ? En indiquant qu’en fait les problèmes de l’Afrique sont connus. Et les chefs d’Etat en premier sont mieux placés pour montrer le chemin du succès. Qu’il s’agisse de l’intérêt suscité chez leurs compatriotes par le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine-Zlecaf-, du Programme de développement des infrastructures en Afrique-Pida-, du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique-Nepad, des ensembles sous-régionaux d’intégration ou des partenariats bilatéraux ou multilatéraux, le tableau de bord est assez lumineux pour autoriser de dispendieux tâtonnements.

Sans doute manque-t-il à ce processus ce que la déclaration de Dakar a mentionné noir sur blanc dans son quinzième et dernier point, à savoir, susciter pour toutes ces promesses actées « un leadership et un engagement politique forts » et l’adhésion de tous. L’Afrique est face à ses responsabilités.

  1. Cabo Verde, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Libéria, Madagascar, Mauritanie, Malawi, Nigeria, République du Congo, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Comores, Zimbabwe.
Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

Photo de famille des dirigeants africains présents au sommet de l'IDA à Dakar, au Sénégal/ Presse présidentielle Congo

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