Télévision : Canal+ VS Startimes : la guerre de l’audiovisuel africain

Jeudi 25 Juillet 2019 - 21:25

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Dans le paysage audiovisuel africain, deux mastodontes se livrent une guerre impitoyable pour toujours grappiller un peu plus de part de marché. Chacun avec sa stratégie, le groupe Canal+, détenu par Vivendi, filiale du groupe Bolloré, et le groupe chinois Startimes, dont l’implantation et la présence en Afrique remonte à moins de dix ans, se partagent à eux deux plusieurs milliards de dollars de gains annuels. Et rassurez-vous, ces chiffres sont appelés à exploser dans les années à venir.

Avant l’arrivée de Startimes dans le paysage audiovisuel africain, Canal+ faisait la loi, principalement dans les pays francophones, revendiquant plus de cinq millions d’abonnés sur le continent. Pour faire dorénavant face à la concurrence, Canal+ qui diffusait les mêmes programmes que son bouquet français, produit à présent en Afrique des contenus africains pour des Africains. Via des investissements, comme dans le groupe nigérian Iroko, un des principaux acteurs de Nollywood, l’industrie nigériane du cinéma. Mais, surtout, Canal investit de plus en plus dans des productions francophones, télévision comme cinéma.

L’équipe éditoriale composée de gens issus d’Afrique centrale et de l’Ouest est basée à Abidjan. Des émissions de télé-réalité avec des concepts locaux comme « Koiffure Kitoko », un concours de coiffeuses, succès sur un continent où les salons sont innombrables, ont vu le jour. Autres coproductions, « Le Parlement du rire », émission de comiques chapeautée par Mamane, ou le magazine économique « Réussir ». Comme par le passé en France, Canal+ mise beaucoup sur le sport. En plus des diffusions des matchs de la ligue des champions européenne et des matchs du championnat de France et d’Angleterre, il y a des programmes à succès comme « Talents d’Afrique » ou un partenariat de cinq ans avec la Ligue de football ivoirienne. Objectif : remédiatiser un championnat moribond pour en faire un pôle africain qui attirera spectateurs et téléspectateurs.

Côté cinéma, le groupe Canal s’est lancé depuis quelques années dans l’ouverture des salles de cinéma en Afrique francophone, baptisées « Canal Olympia », pour distribuer ses productions internationales mais aussi tenter d’amortir sur place les productions locales.

L’émergence fulgurante du chinois Startimes

En face de Canal+, il y a dorénavant en Afrique francophone Startimes. L’entreprise est arrivée sur le marché africain en 2008 avec l’objectif de permettre à chaque famille de s’abonner à la télévision numérique et  chaînes payantes à moindre coût.  Actuellement, elle  a installé ses filiales dans une trentaine de pays africains. Aux dires de ses dirigeants, la multinationale  nourrit l’espoir de s’implanter dans toute l’Afrique subsaharienne. A ce jour, elle est en train d’intensifier ses activités dans le domaine de l’Internet et du E-commerce sur le continent. Pour le cas du E-commerce, des prospections ont été menées dans certains pays et il y sera bientôt mis en place des plates-formes pilotes qui vont s’étendre à d’autres. Selon ces derniers, Startimes dispose de 25 millions d’utilisateurs de ses produits en Afrique et travaille à allier développement des médias et télévision numérique. 

L’entreprise veut œuvrer à rendre accessibles à moindre coût les chaines de télévision payantes. Par exemple, le bouquet de base qui comprend une trentaine de chaines est offert à moins de 2000 francs.  En termes de contenus, Startimes a créé un centre de traduction et de doublage de films et séries en onze langues pour les proposer aux télévisions africaines et aux distributeurs de contenus partenaires.

Le groupe chinois mise aussi sur le sport pour gagner des parts de marché. Avec sept chaînes sportives, il détient l’exclusivité sur le continent, pour cinq ans, de la diffusion de la Bundesliga, le championnat allemand de première division et du championnat international des clubs, et a obtenu les droits pour diffuser la Ligue 1 française, la Série A italienne et la Super League chinoise pour trois années consécutives au sud du Sahara, y compris en Afrique du Sud et au Nigeria. Les Africains peuvent désormais suivre leurs stars du football qui évoluent en Chine.

Les deux groupes savent qu’ils évoluent dans un créneau à la fois porteur et très lucratif. En réalité, dans cette bataille de part de marché, il y a de la place pour tout le monde, puisque selon certaines estimations, l’Afrique subsaharienne comptera plus de 30 millions d’abonnées à la télévision payante d’ici 2020. Et le chiffre d’affaires annuel combiné de ces deux concurrents dépassera aisément les cinq milliards d’euros.

Boris Kharl Ebaka

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