Terrorisme : se serrer les coudes face aux menaces djihadistes en Afrique

Samedi 8 Août 2015 - 15:00

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Ce qui s’est passé au Mali les vendredi 7 et samedi 8 août lors d’une prise d’otages qui a coûté la vie à au moins douze personnes, dont un membre de la Minusma après l’attaque de l’hôtel Byblos de Sévaré, en plein cœur de la capitale malienne, et le fait que certains pays d’Afrique soient toujours les cibles d’attaques meurtrières, prouvent à l’évidence que les islamistes ont un objectif clair. Ils sont déterminés à tuer pour intimider les dirigeants africains ou d’ailleurs, opposés à leurs ambitions hégémoniques d’étendre des croyances fondamentalistes partout.

Pour ce qui est du Mali, il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que ce pays fait l’objet d’attaques visant des sites fréquentés par des Occidentaux. En mars dernier, un assaut lancé par des terroristes dans un restaurant à Bamako avait déclenché une fusillade qui avait fait au moins cinq morts dont un Français, deux Maliens et un Belge.

Si chacun des États concernés par des attaques djihadistes – Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger, Mali, Somalie, Kenya, Égypte, Tunisie, pour ne citer que ceux-là, tente de faire quelque chose pour lutter contre le terrorisme, leurs dirigeants doivent comprendre que l’heure n’est plus aux querelles d’ego. L’urgence est plutôt aux résultats, étant donné que le Nigeria n’y est pas parvenu quoique son nouveau président Muhammadu Buhari soit arrivé au pouvoir.

Ceux de ces pays qui sont de plus en plus menacés par des attaques quasi quotidiennes, bien qu'on fasse des efforts de lutter contre le terrorisme, doivent prendre des mesures sécuritaires qui s’imposent pour les contrer. Cela pour la simple raison que la plupart des groupes d’insurgés qui ont fait allégeance à l’Organisation États islamique (EI) sont plus que déterminés à multiplier les attaques contre les nations visées.

D’où la nécessité de l’opérationnalisation de la Force d’intervention conjointe multinationale déjà placée sous commandement nigérian et dont le déploiement était initialement fixé au 30 juillet. Cette force régionale doit compter 8 700 militaires, policiers et personnels civils venus du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin.

Les services de renseignement sont tous appelés à jouer leur rôle en prenant de sérieuses dispositions de telle sorte que les terroristes ne mettent à exécution les menaces qu’ils vocifèrent dans des vidéos diffusées sur Internet. Ainsi, fouille au corps, examen des bagages et des véhicules, contrôles d’identité, etc. devraient se faire scrupuleusement. Dans  cet ordre d’idées, il faut saluer les pays où des détecteurs de métaux sont en cours d’installation à l’entrée des bâtiments « sensibles » et dont les autorités ont pris des mesures courageuses en appelant la population à signaler tout comportement suspect.

Plus n’est besoin de rappeler que le partage du renseignement est l’une des réponses les plus efficaces pour prévenir les attentats-suicides. Une telle coopération a déjà porté ses fruits entre Yaoundé et N’Djamena. En effet, selon une source au sein des services de sécurité du Cameroun, les autorités de ce pays avaient, en janvier, prévenu les dirigeants tchadiens de l’imminence d’une attaque contre le président Idriss Déby Itno. Ces services avaient, en effet, intercepté des communications dont les auteurs s’informaient des itinéraires empruntés par le cortège du président tchadien, de la fréquence de ses déplacements et de l’importance de son dispositif de sécurité. Le projet a été déjoué. Et les terroristes ont dû s’attaquer à des cibles de moindre importance dans la capitale tchadienne, même si le bilan humain – une soixantaine de tués entre le 15 juin et le 11 juillet – est très lourd.

Face à la menace djihadiste, une coalition formée du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger a certes lancé en début d’année une vaste opéra­tion militaire contre les insurgés de Boko Haram en leur infligeant de lourdes pertes sans parvenir à les neutraliser. Ce qui n’a nullement empêché une nouvelle vague de violences ayant fait plus de 800 morts depuis l’investiture, fin mai, du nou­veau président nigérian. Pourtant, ce dernier a fait de la lutte contre le terrorisme l’une de ses priorités.

Les attaques perpétrées par Boko Haram et la répression de l’insurrection par les forces nigérianes ont fait plus de 15 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009. En outre, même si les armées de la région se mobilisent, les attaques ne cessent pas dans les pays concernés. La sécu­rité est loin d’y être réinstallée.

En Afrique centrale, des attaques sans précédent en territoires camerounais et tchadien doivent susciter une vigilance régionale puisque Boko Haram continue d’enchaîner raids meurtriers et enlèvements dans l’extrême-nord, en même temps qu’il mène des attentats-suicides au Tchad.

 

 

Nestor N'Gampoula

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