Théâtre : Dieudonné Niangouna sur scène à Paris

Jeudi 8 Décembre 2022 - 19:56

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Avec sa nouvelle création «  Portrait désir », l'auteur dramatique, metteur en scène et acteur congolais, Dieudonné Niangouna, rend hommage à sa grande mère conteuse, mêlant figures vivantes et esprits des morts. Cette fresque fantasque est à l’honneur à MC92 de Paris, en France.

 

Pour Dieudonné Niangouna, le projet d’écrire un spectacle adin de parler de l’art de conteuse de sa grand-mère n’est pas simplement de raconter sa vie ou d’écrire ce qu’elle disait, mais de raconter une histoire avec la forme de sa poésie, de son art de conteuse. Une histoire proche de sa façon de construire et de raconter ses propres histoires, une histoire qui révèle de manière dynamique qu’elle y soit elle-même, incluse notamment au début et à la fin.

En d'autres termes, comme l’explique le metteur en scène, le but n’est pas de réaliser un portrait classique de sa grand-mère, mais plutôt le désir d’évoquer sa figure, ce qu’elle a fait dans le prologue du spectacle. Ce titre renvoie surtout aux personnages qui cherchent à créer une sorte de portfolio en peignant des êtres qui les ont marqués. C’est une sorte de patch work qui prend une forme de cohérence, où l’on pourra retrouver d’où elle partait pour parler et comment parler, avant de raconter l’idée originale qui l’avait amenée à brosser ce conte.  

« Convoquer ma grand-mère, dans mon spectacle, c’est la saluer, mais aussi témoigner d’une osmose poétique, comment la même parole qui était restée mais avec sa ferveur d’aujourd’hui continue d’être avec ce que je mange, j’écoute et je vis aujourd’hui. C’est la même parole qui se transcende, qui évolue, qui se transforme, mais qui parle de la même dynamique. Il y a un adage congolais qui dit ‘’Si tu hérites de quelque chose, faiS le fructifier’’. C’est une citation que ma grand-mère me soufflait beaucoup à l’oreille quand elle finissait de dire ses contes », a expliqué Dieudonné Niangouna.

Né en 1976 à Brazzaville, Dieudonné Niangouna est comédien, auteur et metteur en scène. Rien ne décrit mieux son écriture que le nom de la compagnie "Les bruits de la rue". Son œuvre littéraire se nourrit, en effet, de la rue, reposant sur un langage explosif et dévastateur à l’image de la réalité congolaise. A ses compatriotes, comme à tous les spectateurs qu’il rencontre bien au-delà des frontières congolaises, il propose un théâtre de l’urgence, inspiré d’un pays ravagé par des conflits armés et par les séquences de la colonisation française. Un théâtre de l’immédiateté dans une société où il faut résister pour survivre quand on est auteur.

Son théâtre protéiforme qui fait appel à la langue française, plus classique, populaire et poétique, nourrit de celle du grand écrivain congolais Sony Labou Tnasi. Conscient de la triple nécessité pour la langue théâtrale d’être à la fois écrite, dite et entendue, Dieudonné Niangouna se sert d’images et de formules empruntées à sa langue maternelle et orale, le lari, pour inventer un français enrichi et généreux, une langue vivante par les vivants. Avec "Les bruits de la rue", il signe les textes et les mises en scène telles que "Nouvelle terre de weré weré liking" en 2000 ; " De carré blanc" en 2001 ; "Intérieur et extérieur" en 2003. "Attitude clando" créée au festival d’Avignon en 2007 et en 2009, Dieudonné Niangouna est l’un des quatre auteurs de théâtre d’Afrique présentés en lecture à la comédie française, au vieux colombier. Ses textes sont publiés au Cameroun aux éditions Sopecam et interlignes, en Italie aux éditions cosare et en France aux éditions Nazé et carnets-livrés.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

Dieudonné Niangouna/DR

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