Transports en commun de Pointe-Noire : pour le respect du cadre réglementaire

Samedi 28 Septembre 2013 - 16:06

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La  commission diocésaine Justice  et Paix a organisé le 27 septembre une session de travail à l’endroit des transporteurs en commun sur les dispositions réglementaires en la matière dans le cadre de son programme de sensibilisation aux violations des droits humains dans les transports en commun à Pointe-Noire

Alain-Didier Louganana, de la commission diocésaine Justice et paix a parlé du respect de la réglementation dans les transports en commun à Pointe-Noire, et Marc Makoumbou, urbaniste et spécialiste des transports urbains, a édifié l’auditoire sur les stratégies à développer pour des transports en commun satisfaisants.

Cette formation intervient après celle organisée il y a un mois à l’intention de la force publique et des transporteurs en commun, des syndicats et du patronat. Une session au cours de laquelle ont été notifiées des déviances constatées sur la voie publique, tels les demi-terrains ou trajets fractionnés, le comportement immoral de certains chauffeurs ou contrôleurs de bus, l’inobservation de certains principes élémentaires du code la route, les tracasseries policières, les nuisances sonores. La présente session avait donc pour objectif d’informer les transporteurs sur le cadre législatif et réglementaire des transports en commun, un secteur réglementé à Pointe-Noire à travers lois et textes départementaux et nationaux.

C’est le cas de la loi n° 19-2005 du 24 novembre portant exercice de la profession de commerçant en République du Congo qui fixe les conditions d’exercice de la profession en République du Congo. La loi n° 021-89 du 14 novembre 1989 portant refonte de la fonction publique congolaise. Plusieurs autres textes font office de vade-mecum dans le transport urbain, c’est le cas du décret n° 2011-490 du 29 juillet 2011 réglementant la profession de chauffeur de véhicules de transport public de personnes, qui dit en son article3 que l’accès à la profession de chauffeur de véhicules de transport public de personnes est assujetti à l’obtention du certificat de capacité. Son article 5 stipule que le certificat de capacité est délivré par le directeur général des transports terrestres à toute personne de nationalité congolaise ayant subi avec succès l’examen y relatif.

Le décret n° 2011-491 du 29 juillet 2011 réglementant l’accès et l’exercice de la profession de transporteur routier et des professions connexes au transport automobile dit en son article 3 que l’accès à la profession de transporteur routier pour les personnes physiques est réservé aux Congolais. La création de sociétés de transport routier de marchandises et/ou de personnes est ouverte aux Congolais et aux étrangers. Hélas, l’existence de ces lois est souvent ignorée des transporteurs en commun, ce qui justifie le constat sur le terrain d’une inadéquation entre le droit et la pratique, a reconnu Alain-Didir Louganana. Toutefois, a-t-il fait remarquer, l’inexistence d’un cadre réglementaire sur les trajets ne peut constituer un motif pour arnaquer les usagers des transports puisque les lignes desservies par les bus reconnus par le collège syndical et patronal peuvent constituer des trajets réglementaires puisqu’approuvés par les usagers qui, par habitude, ont intégré les mœurs, et dont tout le monde s’accommode.

Dans son exposé, Marc Makoumbou a prouvé qu’en 22 ans de gestion de transports en commun par les privés après le dépôt de bilan de la Société de transports de Pointe-Noire (STPN), aucune avancée significative n’a été constatée, bien au contraire le transport en commun est devenu un casse-tête congolais, avec une foultitude de bus mis en circulation se disputant le périmètre urbain et choisissant leurs propres itinéraires. Ce, en se préoccupant prioritairement du profit afin de maintenir la confiance du patron, qui le soir attend que sa recette soit versée en entièreté conformément au contrat tacite conclu avec l’employé. Selon Marc Makoumbou, la construction de nouvelles voies ne va pas remédier au phénomène récurrent des demi-terrains et des embouteillages, amplifié par des goulots d’étranglement tel le rond-point de la République par où convergent la plupart des moyens de transport desservant le périmètre urbain.

La solution passe, a-t-il suggéré, par la mise en circulation de véhicules gros porteurs qui, en un trajet, sont capables de prendre des centaines de passagers et si possible par la mise en circulation de sociétés de transport gérées par la municipalité comme au temps de la STPN.

Sans avoir eu la prétention de régler la lancinante question des transports en commun, cette session d’échanges initiée par la commission diocésaine Justice et Paix a eu au moins le mérite de poser les bases de solutions en vue de l’éveil de la conscience citoyenne pour réduire la corruption, la fraude, les pratiques illégales et immorales dans les transports en commun. Avec, à terme, la sollicitation des autorités départementales et municipales pour contribuer à l’amélioration des conditions matérielles dans le transport urbain à Pointe-Noire et inciter les conducteurs à se conformer aux lois et règlements en vigueur dans le cadre de leur métier et respecter les droits des passagers.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Photo : Alain-Didier Louganana et Marc Makoumbou pendant leur exposé. (© DR)