Vatican : l’Afrique, une priorité pour le pontificat de Léon XIVMardi 3 Juin 2025 - 16:30 Moins d’un mois après son élection, le pape Léon XIV a marqué de manière forte le début de son pontificat : l’Afrique sera l’une de ses priorités spirituelles, pastorales et diplomatiques. C'était à l'occasion du pèlerinage jubilaire pour la paix organisé à l’occasion de la 62e Journée internationale de l’Afrique. Le nouveau souverain pontife a adressé un message d’espoir et de solidarité envers les peuples du continent africain, confrontés à de multiples défis. Sa relation avec l’Afrique ne date pas de son élection. Bien avant de devenir évêque de Rome, le cardinal Robert Francis Prevost avait déjà multiplié les visites en Afrique subsaharienne en tant que prieur général des Augustins (2001–2013), du Kenya à la République démocratique du Congo, du Nigeria au Burkina Faso. Cette expérience de terrain lui a donné une connaissance intime des réalités africaines, qu’il entend désormais porter au sommet de l’Église universelle. « Il a l’Afrique dans son âme », confie le père Edward Danaing Daleng, procureur général de l’Ordre de Saint Augustin. Et cet amour pour le continent se manifeste dès les premières semaines de son pontificat, à travers des gestes concrets et des paroles fortes. L’appel du Sud-Soudan : entre foi et tragédie Présent à Rome pour le pèlerinage, Mgr Edward Hiiboro Kussala, évêque de Tombura-Yambio, a dressé un tableau poignant de la situation dans son diocèse. Ce territoire immense du Soudan du Sud, où les violences armées côtoient l’extrême pauvreté, incarne les défis cruciaux auxquels font face de nombreuses Églises africaines : déplacements massifs, famine, carence d’éducation, insécurité. Le meurtre brutal d’un jeune coordinateur de Caritas dans une église-refuge pour déplacés illustre tragiquement cette réalité. « Nous devrions aider ceux qui fuient le Soudan, mais nous sommes nous-mêmes démunis », confie l’évêque. Une situation qui rend d’autant plus significative la main tendue du Saint-Père. Une vision théologique et politique de l’espérance Devant un parterre de diplomates africains, réunis avec leurs familles dans la Basilique Saint-Pierre, le pape Léon XIV a tenu à recentrer la foi chrétienne comme moteur d’action et de transformation sociale. « La foi n’est pas un refuge passager. C’est une lumière, un appel à servir et à construire la paix chaque jour », a-t-il déclaré. Le message est clair : la spiritualité chrétienne n’est pas dissociée des combats sociaux et politiques, en particulier sur un continent où les chrétiens sont en première ligne face aux violences, aux injustices et aux urgences humanitaires. L’Afrique, cœur battant du catholicisme au XXIe siècle Cette sollicitude pontificale se justifie aussi par des données démographiques et ecclésiales. L’Afrique est le seul continent où l’Église catholique continue de croître : prêtres, religieux, séminaristes et fidèles y sont chaque année plus nombreux. D’ici à 2100, selon les projections, le centre de gravité du catholicisme mondial pourrait basculer vers l’Afrique, supplantant l’Amérique. Cette dynamique transforme en profondeur la géographie de l’Église et impose de nouveaux équilibres. Le pape Léon XIV l’a compris : ignorer l’Afrique serait une erreur stratégique, spirituelle et morale. À l’inverse, en l’érigeant en priorité, il envoie un signal fort aux croyants, aux responsables politiques, et à l’ensemble de la communauté internationale. Une diplomatie de la paix et de la proximité Le nouveau pontife ne se contente pas d’exprimer une affection. Il amorce une véritable diplomatie pastorale tournée vers le continent, dans la continuité de ses prédécesseurs, mais avec une intensité nouvelle. Les défis sont immenses -guerres oubliées, migrations, corruption, changement climatique - mais l’Église, en tant que force de terrain, reste l’un des rares vecteurs de stabilité, d’éducation et de soins en milieu rural ou en zone de conflit. L’Afrique ne demande pas la charité mais l’attention, l’écoute et la coopération sur un pied d’égalité. Le pape Léon XIV semble l’avoir compris. Sa proximité avec les Églises africaines pourrait bien dessiner une nouvelle carte de la catholicité, où l’avenir ne se construit plus à Rome seulement, mais dans les périphéries vivantes du monde.
Noël Ndong Notification:Non |