Voir ou revoir : « La femme du fossoyeur » de Khadar Ayderus Ahmed

Guled et Nasra sont un couple amoureux, vivant dans les quartiers pauvres de Djibouti avec leur fils Mahad. Cependant, l’équilibre de leur famille est menacé lorsque Nasra est diagnostiquée d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence. L’opération coûte cher et Guled peine déjà comme fossoyeur pour joindre les deux bouts. Comment réunir l’argent pour sauver Nasra et garder une famille unie ? La réponse à cette question constitue l’essentiel de la trame de l’œuvre « La femme du fossoyeur » qui dure environ 1h 22 mn.

L’histoire de ce premier film de Khadar Ayderus Ahmed est simple mais elle est transcendée par des personnages étincelants et une mise en scène qui combat la dureté du quotidien en privilégiant de petits moments précieux : l’alchimie de la vie de couple, le bonheur de partager sa vie avec quelqu’un à travers les liens du mariage, des conversations dans un café, etc. Son déroulement linéaire à travers la caméra précise d’Arttu Peltomaa, de la ville au désert en passant par un petit village isolé, fait découvrir au spectateur des paysages grandioses et un pays mal connu. La photographie est parfaitement maîtrisée ; on ne se lasse pas de la beauté des visages. Ce, pendant que la belle musique composée par André Matthias les transporte sur un sol où l’adversité soude les hommes plus naturellement que lorsque les conditions offertes sont plus luxueuses.

Dans le casting de « La femme du fossoyeur », on retrouve Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim, etc. Depuis la sortie du film, il a obtenu plusieurs prix dont l’étalon d’or au Fespaco 2021, ainsi que le prix de la meilleure musique pour André Matthias ; « l’amplify voices Award » au festival international du film de Toronto l’année dernière. À la dix-septième cérémonie des Africa movie academy awards 2021, le long-métrage comptabilisait le plus de nominations, mais également il a été le film qui a remporté le plus de récompenses : meilleur film, meilleur acteur pour Omar Abdi, meilleur maquillage, meilleurs décors, meilleur film dans une langue africaine.