XVe sommet de la Francophonie : un consensus tarde à se dégager pour la succession d’Abdou Diouf

Dimanche 30 Novembre 2014 - 15:20

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Dakar, la capitale sénégalaise, a ouvert le 15e sommet de la Francophonie en présence d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement des pays  francophones, dans un contexte international brouillé par les menaces recurrentes sur la paix, la crise économique, le péril d’Ébola. À l’issue de ce sommet sera désigné à huis clos le successeur d’Abdou Diouf à la tête de l’organisation depuis 2012.

Dans leurs interventions respectives,  les chefs d’État et de gouvernement ont rendu un vibrant hommage  au secrétaire général sortant la Francophonie, Abdou Diouf. Le président sénégalais Macky Sall a rebaptisé le Centre international de conférences de Diamnadio,  « Centre  international Abdou Diouf », en hommage à sa « contribution devant la communauté francophone ».

Il a aussi retracé les étapes franchies par l’organisation jusqu’à la Francophonie des peuples, « plus exigeante parce que la langue, la culture, les valeurs universelles et l’édifice institutionnel qui les porte ne peuvent vivre et s’épanouir que par et pour les peuples qui les incarnent ».

Il s’est aussi interrogé sur ce que serait le monde sans la femme et sans la jeunesse, d’où le thème du sommet « Femmes et jeunes en Francophonie, vecteurs de paix, acteurs de développement », les deux couches les plus vulnérables et exposées en temps de conflit. Mais selon lui, l’avenir de la Francophonie des peuples se trouve dans son riche potentiel : 14% de la population mondiale, 20% des échanges internationaux de marchandises, une population jeune, notamment en Afrique, et des ressources naturelles considérables, dont seule la volonté commune de coopérer, dans un esprit de partenariat solidaire et complémentaire, transformera  le potentiel en opportunités.

Cette francophonie des peuples c’est à la fois la  langue et la culture, la paix et la sécurité, la démocratie et les droits de l’Homme. Mais  aussi celle des échanges économiques et commerciaux ; c’est la mobilité dans l’éducation, la formation et l’enseignement supérieur; c’est la technologie au service du plus grand nombre. C’est elle qui « constituera le ciment de notre édifice pour l’avenir », et rendra l’espace francophone plus fort, plus attractif et plus influent.

Prenant la parole, le président François Hollande a salué le travail du secrétaire général sortant de la Francophonie dont « la sagesse n’a rien à voir avec l’âge », rendant hommage à l’homme de « culture », et rappelant qu’il « ne suffit pas de parler français pour avoir de la culture », a-t-il ajouté rappelant que son pays  qui était intervenu au Mali pouvait être au service de la sécurité  en Afrique, une manière de payer sa dette aux contributions africaines. Il a aussi appelé à une forte mobilisation sur la paix et le climat en 2015, et à trouver un accord contraignant sur le développement, notant que la démocratie est un bien public universel, avant d’insister sur plus de circulation au sein l’espace francophone, en citant les étudiants.

François Hollande a aussi évoqué l’ambition de la francophonie à changer le monde en français, notant que l’Afrique est un continent d’avenir et qu’’il n’attend pas simplement de l’aide. En marge du sommet de la Francophonie, François Hollande qui s’est recueilli sur  la tombe de Léopold Sédar Senghor car « c’est un Africain qui avait le sens de l’histoire »  et a récusé le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy car, selon lui, « l’Afrique n’est non seulement dans l’histoire » et le « berceau de l'humanité », mais aussi le  continent de l'avenir grâce à sa démographie, à ses richesses et un enjeu pour l’expression du français.

Pour le président de la RD Congo, Joseph Kabila qui a passé le relais à son homologue sénégalais Macky Sall, on « succède à Abdou Diouf mais on ne remplace Abdou Diouf ». Il pense que le chantier de la Francophonie économique est en phase  ave le développement durable.

Le président gabonais Ali Bongo a appelé, quant à lui, à la création d’une zone de libre échange culturel et économique au sein de la Francophonie, une Francophonie qui doit être au service d’un espace économique durable. Ont été adoptés, entre autres, des projets et l’examen des demandes d’adhésion ou de modification de statut.

À défaut d’un consensus très attendu à l’issue du sommet, les chefs d’État et de gouvernement des pays francophone vont désigner un nouveau secrétaire général de la Francophonie à huis clos pour succéder au sortant, le Sénégalais Abdou Diouf. Sont en lice la Canadienne Michaëlle Jean et quatre Africains, le Congolais, diplomate et homme de lettre, Henri Lopes, le Burundais Pierre Buyoya, Le Mauricien Jean Claude de l’Estrac et l’Équato-guinéen Agustin Nzé Nfumu. Si la règle non écrite était respectée, le secrétaire général de la Francophonie devrait être issu d’un pays du Sud et l’administrateur d’un pays du Nord.

 

 

Noël Ndong