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Se projeter en avant

Samedi 2 Avril 2022 - 17:17

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Tôt ou tard, n’en doutons pas, la terrible crise qui oppose la Russie à l’Ukraine et bien au-delà de ce pays à la communauté occidentale dans son ensemble prendra fin. S’il est impossible aujourd’hui de dire quand et comment la paix l’emportera sur la guerre et mettra fin aux terribles blessures humaines que celle-ci génère dans le moment présent, il est possible, en revanche, d’anticiper les effets positifs de ce retour et, par conséquent, de s’y préparer.

Cette remarque concerne d’abord, bien sûr, la Russie, l’Ukraine, l’Union européenne et les Etats-Unis, mais elle s’adresse également au Tiers monde, c’est-à-dire aux nations du grand Sud qui observent avec la plus grande attention ce qui se passe sur le Vieux continent. Ceci parce que la crise actuelle peut, en dépit des apparences, avoir des effets très positifs pour elles, en Afrique tout particulièrement, si leurs gouvernants saisissent l’occasion qu’elle leur offre pour franchir un grand pas sur la voie du développement durable.

Prenons, pour illustrer ce propos, le domaine agricole entendu dans son sens le plus large, c’est-à-dire incluant la culture, l’élevage, la pêche, l’exploitation rationnelle et raisonnable des forêts. La guerre qui dévaste l’Est de l’Europe provoquant une crise alimentaire sans précédent, c’est bien évidemment vers le grand Sud, dont l’immense capital agricole est encore peu exploité, que les regards des nations riches vont se tourner. Ceci beaucoup plus vite et plus fort qu’on ne le croit en raison des  conséquences désastreuses que ce conflit provoque chez elles et dont elles subissent de plein fouet les premiers effets.

Les pays comme le Congo ayant placé l’essor de l’agriculture au cœur de leur stratégie de développement et s’employant aujourd’hui à se doter des équipements nécessaires pour mieux exploiter leurs terres comme leurs forêts, leurs étangs et leurs rivières, seront à coup sûr les grands gagnants du mouvement historique qui se dessine et qui fera de l’Afrique, dans les décennies à venir, l’une des principales sources de la production alimentaire mondiale. Il suffit pour s’en convaincre d’observer avec quelle attention les investisseurs européens, chinois, américains, indiens, russes se penchent sur cette question et agissent pour bien se positionner sur le terrain.

La crise qui dévaste l’Europe de l’Est ne pouvant qu’accélérer ce mouvement, il revient aux Etats africains d’en anticiper les effets positifs pour eux et pour leurs peuples en veillant à ce que l’exploitation de leurs ressources naturelles ne se fasse pas au détriment de la nature, c’est-à-dire détruise les forêts comme le laissent faire aujourd’hui, en Amazonie, les autorités du Brésil alors que ces immenses espaces sont le véritable poumon de la planète Terre. En veillant aussi à garder le contrôle des terres qu’ils possèdent.

Se projeter en avant, c’est-à-dire anticiper les conséquences positives du désordre que la crise ukrainienne aura pour les pays du grand Sud ne relève ni du rêve ni de l’illusion mais bien de la réalité du temps présent. Mieux vaut s’en convaincre sans plus attendre.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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