Couleurs de chez nous : patriotisme ?Dimanche 16 Août 2020 - 14:27 Boulevard des Armées Alfred-Raoul de Brazzaville, le 12 août 2020. Brusquement tous les passants arrêtent de marcher et se figent avec les regards tournés vers le Palais des Congrès d’où s’exécute la Congolaise, l’hymne de la République du Congo. C’est le commencement des répétitions pour la parade militaire relative aux festivités du 15 août... Ce qui frappe ici, ce n’est ni l’hymne exécuté ni les 60 ans à célébrer. L’image du jour : c’est le fait pour ces Congolais de s’être arrêtés au nom du respect pour leur hymne en exécution. Une attitude qui rappelle l’ère du parti unique qui faisait de l’éducation patriotique un principe. A l’époque, en effet, personne n’était autorisée de bouger pendant que l’on montait le drapeau national ou que se chantait l’hymne national. Chaque Congolais et chaque Congolaise, quels que soient la condition et le statut, étaient tenus de respecter cette consigne. Aujourd’hui, le fait est rarissime. Seuls les militaires ou les « Diables rouges » ont encore un lien avec les symboles et exigences de la République. Bien plus, celle-ci n’est plus comprise dans sa plénitude ; elle est diluée dans le système politique ou le pouvoir qui l’incarne. Le coronavirus avec ses nombreuses conséquences permet de soutenir cette thèse. Car, grâce à lui, bien de Congolais, bloqués à l’étranger pendant des mois, se sont rappelé le pays et la patrie. Les nombreux appels et messages « patriotiques » à l’endroit des missions diplomatiques et du gouvernement par les compatriotes en errance ou en désarroi à l’étranger ont remis la patrie à sa place : dans la conscience de chacun. Les images de certaines arrivées sur le tarmac de l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville sont si éloquentes pour espérer voir désormais les Congolais souscrire aux consignes élémentaires de citoyenneté telles que s’annoncer auprès des autorités consulaires ou diplomatiques chaque fois qu’ils sont à l’étranger : en mission ou en privé, agents de l’Etat ou non. Pour terminer, on peut retenir que « Le patriotisme diffère du civisme en ce qu'il concerne moins le respect du bien public et plus la défense de la patrie contre un agresseur extérieur; du nationalisme en ce qu'il ne suppose pas un culte exclusif de la nation. » Pour faire simple et au-delà des mots : le patriotisme, ou ce qui y ressemble, est un comportement, un ensemble de faits et gestes qui non seulement nous rendent utiles pour notre pays mais nous lient à lui. Sans doute le mot d’ordre retenu pour ces 60 ans d’indépendance du pays est un aveu devant le désamour qu’ont les Congolais pour la mère patrie. Puisse ce mot d’ordre intégrer notre mode de vie : des programmes d’enseignement aux feuilles de route politiques en passant par les programmes audiovisuels.
Un fait et une anecdote en appui : le courroux du président Chirac quand La Marseillaise fut chahutée au Stade de France et la vidéo de ce petit Chinois qui arrêta de pleurer pour se lever et saluer l’hymne de son pays./-
Van Francis Ntaloubi Notification:Non |