Russie : plusieurs chefs d'Etat à Moscou pour célébrer le 9 mai

Jeudi 8 Mai 2025 - 15:45

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Le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, « Grande guerre patriotique » pour le peuple de Russie, est célébré ce vendredi à la Place rouge de Moscou en présence d’une trentaine de chefs d’État étrangers invités par leur homologue Vladimir Poutine, parmi lesquels le Congolais Denis Sassou N’Guesso, le Chinois Xi Jinping et le Brésilien Lula Da Silva.

Congo, Chine, Brésil, Burkina Faso, Cuba, Vietnam, Venezuela, Corée du Nord, Serbie, Slovaquie, se sont joints aux pays membres de la Communauté des États indépendants (ex-Etats soviétiques) pour prendre part, ce 9 mai, au défilé marquant la capitulation de l’Allemagne nazie et la victoire des alliés en 1945. Un moment de souvenir, mais sans doute une occasion pour la Russie de renforcer les liens avec ses partenaires dans divers domaines.   

Signe des temps, les cérémonies organisées dans la capitale russe, tout comme celles qui se sont déroulées la veille en Europe dans ce climat de querelles croissantes avec l’héritière de l’ex-Union soviétique, dessinent à grands traits la ligne de fracture qui se creuse davantage entre la Fédération de Russie et l’Union européenne.

On pourrait globalement parler du remake de la rivalité Est-Ouest durant la guerre froide post-1945, mais la situation est plus complexe aujourd’hui quand on considère les positions bien controversées au sein du camp occidental sur les défis du moment, notamment depuis l’arrivée d’une nouvelle administration au pouvoir aux Etats-Unis.

Points de frictions

Le conflit en Ukraine reste l’un des points culminants du compte à rebours géostratégique actuel alors qu’en termes de bénéfices ou de pertes, au plan économique, la « guerre commerciale » encore à ses débuts, engagée par le nouveau président américain, Donald Trump, n’a pas livré tous ses secrets.

S’agissant du premier dossier, les réalités du terrain n’ont pas pour l’instant permis au locataire de la Maison Blanche de tirer profit des efforts diplomatiques déployés par lui-même et ses équipes pour obtenir la paix entre Kiev et Moscou. Cette situation est inconfortable pour le président américain d’autant plus qu’il proclamait sa détermination à changer le cours des événements dans les meilleurs délais après sa prise de fonction, le 20 janvier dernier.

Un « échec » que Donald Trump impute, entre autres, aux parties russe et ukrainienne, les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelenski, déclare-t-il, se « haïssent » tellement qu’il est difficile de savoir s’ils s’asseyeront à la même table un jour pour négocier la paix. Une paix que ne semblent pas non plus envisager les alliés européens de Kiev dans la situation présente où la question des territoires ukrainiens entrés dans le giron russe alimente la controverse.

Si, en effet, pour Moscou les quatre régions (Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijjia) dont elle contrôle d’importantes portions, ainsi que la Crimée, annexée 2014, ne sont pas négociables, pour l’Ukraine et ses soutiens, aucune paix n’est envisageable sans le recouvrement par Kiev de ses territoires. Ce dialogue de sourds suggère que le conflit russo-ukrainien pourrait se prolonger dans le temps en dépit des dégâts énormes qu’il cause sur les plans humain et matériel et de l’espoir de paix incarné par la médiation de Washington.

Prévenir le pire

La crainte serait que les hostilités jusque-là circonscrites sur le territoire ukrainien impliquent d’autres pays directement et s’internationalisent. Le résultat serait catastrophique pour la communauté humaine vu la nature des armes dont disposent les potentiels belligérants. Un autre baromètre de ces tensions concerne les manifestations du 9 mai. Se dérouleront-elles dans les bonnes conditions de sécurité au regard des propos émanant des deux côtés ?

Ayant rejeté la proposition de trêve russe pour la période des commémorations, le président ukrainien la trouvant infondée et peu sérieuse, déclarait ne pas garantir la sécurité des hôtes de marque de son voisin russe. Ce que le Kremlin considère comme une « menace directe » avertissant des conséquences incalculables pour l’Ukraine. Une escalade verbale suffisamment épouvantable comme le sont, par ailleurs, aux yeux de beaucoup, les mesures heureusement différées pour certaines, annoncées par les Etats-Unis concernant les droits de douanes imposés à plusieurs pays.

Ces passes d’armes entre acteurs majeurs sur des sujets aussi sensibles, nul ne sait si elles s’achèveront par un indispensable retour au dialogue. Ces temps-ci, malheureusement, même la mémoire collective bâtie dans les atrocités de la guerre de 1939-1945, il y a 80 ans, à la pérennisation de laquelle les nations et leurs dirigeants devaient travailler, ne fédère plus ou plus du tout. Dramatiquement regrettable !

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

Les présidents Vladimir Poutine et Denis Sassou N'Guesso ont échangé le 7 mai à Moscou

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