Éducation en Afrique : un financement insuffisant risque de briser les rêves des générations entièresVendredi 20 Juin 2025 - 13:15 La question du financement de l'éducation en Afrique était un enjeu crucial de la Journée de l’enfant africain. Les gouvernements du continent semblent tout autant déterminés à promouvoir l’éducation publique que défaillants dans l’atteinte des objectifs financiers qui leur sont assignés. Selon Human Rights Watch (HRW), bien qu'un tiers des nations africaines ait atteint les dépenses recommandées pour l’éducation au cours de la dernière décennie, ce chiffre a chuté à seulement 25 % pour les années 2022 et 2023. Selon la directrice de la division Afrique à HRW, Carine Kaneza Nantuly, « Les chefs d’État et de gouvernement africains ont tous pris des engagements audacieux en faveur de l’investissement national dans l’éducation », relevant ainsi l'écart entre promesses et réalité. Ce constat souligne les défis persistants, alors que plus de 100 millions d’enfants restent non scolarisés en Afrique. Un cadre éducatif fragile Depuis 2015, les États membres de l'Unesco, dont 54 en Afrique, se sont engagés à affecter entre 4 et 6 % de leur produit national brut à l'éducation, ainsi qu'au moins 15 à 20 % de leurs budgets globaux. Cependant, la réalité est souvent bien différente. Seules quelques nations comme le Maroc, la Namibie et la Sierra Leone sont parvenues à garantir un accès gratuit à l'enseignement primaire et secondaire tout en respectant les exigences de financement de l'éducation. De nombreux gouvernements ont choisi d’imposer des mesures d’austérité qui restreignent encore davantage le financement éducatif. En conséquence, les enseignants souffrent de salaires stagnants, les fournitures scolaires se font rares et les salles de classe sont souvent surpeuplées. Selon des données de la Banque mondiale, « les familles continuent de porter comme un fardeau une énorme part du financement de l’éducation, assurant 27 % du total des dépenses dans ce domaine ». Ce plafond d’investissement met en lumière l'angoisse économique et sociale persistante au sein des ménages africains. Des engagements qui demeurent lettre morte Les gouvernements africains se sont engagés à fournir un enseignement primaire de qualité gratuit et obligatoire ainsi qu'un cycle d'enseignement secondaire accessible d'ici à 2030. Toutefois, bon nombre d'entre eux continuent à imposer des frais de scolarité à divers niveaux, ce qui crée des inégalités insoutenables, notamment pour les familles à faibles revenus. Comme l’indique Mausi Segun, « les gouvernements ne concrétisent pas ces engagements sous forme de financements soutenus », témoignant d'un manque de sérieux dans le respect de leurs promesses. La situation se complexifie également avec la montée des crises climatiques et des conflits. Les enfants, en particulier les filles, subissent des violences et des exclusions dommageables qui renforcent l'écart d’accès à l’éducation. En effet, à peine quatorze pays en Afrique assurent un accès gratuit à l’éducation, laissant la majorité des jeunes dans une précarité relative. Le rôle crucial des partenaires internationaux L’intensification de la crise éducative en Afrique appelle à un soutien international accru. Dans ce contexte, l'initiative de la Sierra Leone au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pourrait représenter une lueur d'espoir. Comme l'explique Mausi Segun, « les gouvernements africains devraient honorer d’urgence leurs promesses de garantir un accès universel à une éducation de qualité et gratuite », un impératif qui pourrait transformer l'avenir d'innombrables enfants. Ce n'est qu'en collaborant avec les prêteurs de fonds internationaux que les pays africains pourront restructurer ou annuler certaines dettes, libérant ainsi des ressources vitales pour l’éducation. En effet, il est alarmant de constater que « quinze pays consacrent davantage de ressources au service de leur dette qu’à l’éducation de leurs enfants », ce qui compromet gravement les droits des enfants. Un appel à l’action Les gouvernements africains se doivent de réaffirmer leur engagement envers une éducation de qualité pour tous. Ils doivent assurer un financement adéquat et durable, exempt de mesures régressives. Pour cela, un dialogue ouvert avec les partenaires internationaux est essentiel afin de garantir que les droits à l'éducation soient pleinement respectés. Les enfants africains méritent non seulement l'accès à une éducation de qualité, mais aussi à un avenir où leurs rêves et ambitions puissent se réaliser.
Noël Ndong Notification:Non |