Afrique subsaharienne : la suspension de VOA, un choc informationnel majeur

Mercredi 30 Juillet 2025 - 15:12

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Privés d’un média de référence, des millions d’auditeurs de l' Afrique subsaharienne basculent dans l’ombre médiatique. Radios communautaires, journalistes et libertés d’informer en péril.

La suspension soudaine, en mars dernier, de Voice of America (VOA), la radio publique internationale américaine, a fragilisé tout un écosystème médiatique en Afrique subsaharienne. Dans un continent où plus de 60 % de la population s’informe encore par la radio, la disparition de cette voix internationale compromet l’accès à une information fiable, pluraliste et multilingue. Diffusée depuis 1962, VOA collaborait avec plus de 1 000 partenaires locaux, notamment des radios communautaires rurales, souvent seules sources d’information crédibles dans des zones reculées ou instables. Son arrêt brutal — décidé par l’administration Trump dans un plan de rationalisation des dépenses extérieures — a laissé des millions d’auditeurs sans repères médiatiques. « Dans les zones sous tension, VOA assurait un équilibre de traitement. Aujourd’hui, les rumeurs dominent, et les journalistes sont livrés à eux-mêmes », s’alarme un coordinateur de radios communautaires à Goma, en République démocratique du Congo (RDC).

RDC, Niger, Zimbabwe : le silence remplace la voix

En RDC, les conséquences sont immédiates. Plus de 20 millions d’auditeurs en kiswahili ont été privés d’une source d’information indépendante. À Butembo, la Radio Soleil a dû licencier une partie de son équipe. Dans l’Est congolais, où l’insécurité et les conflits rendent le travail journalistique précaire, VOA représentait une référence pour sa couverture équilibrée du conflit avec le M23. Au Niger, le service en haoussa touchait jusqu’à 80 millions de personnes dans toute l’Afrique de l’Ouest. Depuis sa disparition, « les auditeurs se rabattent sur WhatsApp et les réseaux sociaux, avec une explosion des fake news », déplore un responsable de radio locale. Au Zimbabwe, la fin de l’émission Studio 7, produite par VOA depuis 23 ans, coupe l’accès à l’information pour les zones rurales isolées, déjà marginalisées par les médias publics.

Un coup dur pour les radios communautaires

Outre l’accès à l’information, c’est la pérennité des médias communautaires qui est menacée. VOA fournissait non seulement des contenus, mais aussi des formations, du soutien logistique et des ressources techniques. Faute d’alternatives, de nombreuses radios locales ont réduit leurs grilles, voire fermé leurs antennes.

Noël Ndong

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