Diplomatie climatique : le Congo en première ligneJeudi 14 Août 2025 - 14:45 Située en Afrique centrale, la République du Congo se pose en artisan d’une diplomatie climatique à travers plusieurs initiatives : la proclamation d’une Journée nationale de l’arbre et d’une Décennie d’afforestation et de reboisement ; l’organisation des conférences internationales sur les questions forestières et les communautés autochtones. Brazzaville mise sur la gestion durable des forêts, la conservation des tourbières et la mobilisation de financements pour réparer une injustice climatique longtemps ignorée.
La Ciar a mis l’accent sur les enjeux du développement durable, en favorisant la création d’un organe de suivi des recommandations, l’affermissement des mécanismes juridiques fonciers et la réalisation d’études d’impact pour rendre les projets forestiers attractifs aux investisseurs. Les pays du bassin du Congo aspirent à mobiliser quelque 5 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie (environ 3 000 milliards FCFA) pour soutenir la conservation et l’afforestation. Cette démarche vise à corriger ce que les dirigeants qualifient d’« injustice ». En dépit de son potentiel écologique, le bassin du Congo ne capte en moyenne que 20 milliards FCFA par an sous forme d’aide publique au développement (67 %) et de prêts (25 %), tandis que le bassin amazonien attire plus d’un milliard de dollars par an, autant que Bornéo‑Mékong (Asie) — soit vingt‑cinq fois la part captée par l’Afrique centrale. À l’échelle nationale, le Congo met en avant des indicateurs favorables : un taux de déforestation inférieur à 0,05%, plus de trois millions d’hectares de concessions certifiés et un objectif régional de 10 millions d’hectares certifiés à atteindre. Réunis autour de leur homologue congolais, les présidents Faustin‑Archange Touadéra (Centrafrique), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Nana Akufo‑Addo (Ghana), Umaro Sissoco Embaló (Guinée‑Bissau) et Sahle‑Work Zewde (Éthiopie) se sont accordés sur une stratégie commune. « Forts de l’expérience accumulée par la République du Congo et au regard de notre démarche historique en lien avec la lutte contre les changements climatiques, la dégradation continue de l’environnement trouvera assurément ses réponses les plus efficaces dans la préservation et l’extension des écosystèmes forestiers », déclarait Denis Sassou N’Guesso. Porter la voix des communautés autochtones La préservation des forêts passe aussi par l’appropriation locale. Brazzaville a récemment accueilli le premier Congrès mondial des peuples autochtones et des communautés locales des bassins de l’Amazonie, du Congo, du Bornéo‑Mékong‑Asie du Sud‑Est et de la Méso‑Amérique, où des femmes leaders ont pris l’initiative d’élaborer une feuille de route pour renforcer leur autonomie financière et leur capacité à mobiliser des financements. Réputées proactives, les plateformes comme l’Alliance des femmes leaders et le Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale ont mis en lumière la nécessité de considérer les droits fonciers, les savoirs locaux ainsi que la participation effective des communautés dans la gouvernance des projets liés à la conservation. Détenteurs de savoirs traditionnels reconnus, les peuples autochtones sont responsables de la sauvegarde d’environ 80% des forêts de la planète, mais restent souvent marginalisés malgré leur rôle crucial. Le congrès de Brazzaville a offert une tribune aux jeunes et aux femmes autochtones, à l’instar de Rukka Sombolinggi qui a plaidé en faveur d’une participation directe des autochtones à la gestion des ressources naturelles sur leurs territoires. Cette approche inclusive, selon elle, permet de garantir la conservation à long terme des écosystèmes et d’éviter les impacts négatifs sur les communautés vulnérables. « La réponse, c’est nous ! Cette déclaration de Brazzaville est notre contribution active à l’humanité », a‑t‑elle lancé. Globalement, les engagements issus de ces assises insistent sur la promotion des droits des communautés autochtones, la levée des obstacles juridiques fonciers et la co‑construction des programmes d’afforestation et d’agroforesterie. Par la mise en réseau des femmes autochtones, la conférence a nourri l’idée de créer une coalition globale capable de porter des projets sur le long terme, ancrés dans les pratiques locales et respectueux des traditions. Mettre les tourbières dans l’agenda international Moins visibles mais tout aussi cruciales, les tourbières de la Cuvette qui s’étendent sur les deux Congo sont au cœur d’un autre volet de la diplomatie environnementale congolaise. Riches en carbone et en biodiversité, ces zones humides tropicales font l’objet d’une attention croissante. Une conférence internationale sur le sujet, prévue pour mars 2026 à Brazzaville, réunira experts, agences onusiennes et organisations non gouvernementales pour définir des plans de gestion et de conservation. La Déclaration de Brazzaville, signée en 2018 par la République démocratique du Congo, la République du Congo et l’Indonésie, a déjà posé les jalons d’une coopération internationale visant à préserver ces écosystèmes. Le Congo rappelle toutefois que contrairement à des cas comme l’Indonésie où des financements ont été débloqués, les pays du bassin du Congo peinent encore à transformer leurs engagements politiques en ressources concrètes. La préservation des tourbières est présentée à la fois comme une question climatique et une protection du mode de vie de la population locale. L’enjeu de la prochaine conférence internationale sur les tourbières est de faire du bassin du Congo non plus un simple fournisseur de puits de carbone, mais un acteur central de l’agenda climatique mondial, avec des solutions fondées sur la nature, respectueuses des droits locaux et économiquement soutenables. Fiacre Kombo Légendes et crédits photo :1- Le président Denis Sassou-N'Guesso lançant la Ciar 1/DR
- Les chefs d'État présents à la Ciar 1 à Brazzaville/DR Notification:Non |