ONU : les intellectuels africains donnent de la voix

Jeudi 21 Août 2025 - 17:48

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Face à un système de relations internationales hérité de la Seconde Guerre mondiale qui peine à relever les défis de notre époque, de nombreux intellectuels africains interpellent l’Organisation des Nations unies (ONU).

lls sont déjà près de 150 signataires – intellectuels, universitaires, chercheurs, acteurs culturels – ​d​u manifeste titré : ​« Le multilatéralisme à la croisée des chemins : l’Unesco construit la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ». Un texte fondateur dans lequel ils s’engagent pour qu’une réflexion approfondie soit menée sur le multilatéralisme hérité de la Seconde Guerre mondiale dont ils considèrent la pérennité menacée par la complexité et la montée des tensions géopolitiques actuelles. Ce système qui régit les relations entre Etats depuis huit décennies, « à une époque où la plupart des Etats africains étaient encore sous domination coloniale » peine, selon eux, à relever les défis actuels « dans un contexte sociopolitique de plus en plus polarisé » marqué en particulier par l’aggravation des inégalités mondiales.

L’ONU, dont on va célébrer le 24 octobre prochain le 80ᵉ anniversaire, est à un tournant décisif, observent-ils, en exhortant l’institution à approfondir son engagement et sa réflexion « sur l’avenir du multilatéralisme. »

L’Unesco, conscience du système onusien

La déclaration relayée par les universitaires exprime une préoccupation particulière pour l’avenir de l’Unesco qu’ils considèrent comme « la conscience du système onusien » et comme un partenaire clé de l’Afrique. Ils saluent à ce titre l’engagement de l’institution envers « la priorité globale Afrique » ainsi que sa mission à soutenir la paix, la justice et l’accès universel au savoir mais s’inquiètent de la période de transition qui culminera en novembre 2025 lors du prochain scrutin à la direction générale de l’Unesco.

En tant qu’experts mobilisés pour éclairer les politiques par la recherche et, par là même, contribuer à l’avenir des jeunes générations, les signataires réaffirment leur soutien à l’Unesco, et appellent à renforcer la solidarité scientifique et intellectuelle internationale pour mieux lutter, selon eux, contre les replis nationalistes qui alimentent les conflits et les tensions multiformes.

Bien que l’élection à la tête de l’institution relève de ses Etats membres, ils insistent, en tant que partie prenante, sur quelques priorités pour l’Afrique qui devraient être prises en compte lors du processus électoral :

- Transformer la priorité globale Afrique en actions concrètes et mesurables pour le continent.

- Impliquer les organisations africaines des sciences humaines et sociales dans les travaux de l’Unesco.

- Aligner les stratégies de l’organisation sur celles de l’Union africaine et promouvoir de nouveaux types de coopérations fondées sur les valeurs incarnées dans la philosophie africaine d’Ubuntu*.

- Garantir la représentation équitable des Africains aux postes de direction de l’Unesco.

- Soutenir le candidat le plus apte à comprendre les enjeux de l’époque et à promouvoir efficacement la priorité globale Afrique.

L’objectif affirmé dans ce manifeste est de garantir une place centrale à l’Afrique au plus niveau de l’Unesco. Pour faire en sorte que ses valeurs et ses priorités contribuent activement à l’élaboration d’un nouvel ordre international solidaire et équitable.

(*) Conception africaine humaniste et communautaire reposant sur l'idée que l'être humain existe en relation étroite avec les autres. « Quelqu’un d'Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres » car il a conscience « d’appartenir à quelque chose de plus grand ». Desmond Tutu

« Nous appelons nos États membres à soutenir ces candidatures africaines afin que la voix de l’Afrique puisse à nouveau résonner dans ce haut lieu de solidarité intellectuelle et scientifique international. »

La rédaction

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