Paludisme : une guerre que l’Afrique centrale ne doit pas perdre

Vendredi 3 Octobre 2025 - 15:00

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Avec 600 000 décès en Afrique en 2023 et une recrudescence alarmante dans sa région centrale, le paludisme s’impose à nouveau comme une menace majeure de santé publique, de stabilité régionale et de développement.

Le Cameroun, la République démocratique du Congo ou encore la République centrafricaine figurent parmi les pays les plus exposés, cumulant faiblesse des systèmes de santé, vulnérabilité climatique et conflits récurrents. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 263 millions de cas ont été enregistrés dans le monde en 2023, dont près de 90 % en Afrique. Le paludisme se propage désormais vers des zones autrefois peu touchées, et l’Afrique centrale - historiquement endémique - est confrontée à une triple crise : résistance croissante aux antipaludiques, recul de la prévention (Moustiquaires, pulvérisation), et désengagement partiel des bailleurs internationaux.« Le paludisme est une crise évitable, mais la réponse doit être dirigée par les Africains eux-mêmes », affirme Dr Jean Kaseya, directeur général d’Africa CDC.

Le déploiement inégal des nouveaux vaccins RTS,S et R21 constitue un facteur aggravant. Aucun pays d’Afrique centrale ne les a introduits à l’échelle nationale. Faute de financement, la prévention reste lacunaire, tandis que 40 % des consultations médicales au Cameroun concernent cette maladie. Le paludisme engendre un coût économique important (Perte de productivité, surcharge des soins) et menace les objectifs de développement durable. En parallèle, les changements climatiques modifient la répartition des vecteurs, rendant le contrôle plus complexe. La résistance à l’artémisinine, documentée en Afrique de l’Est, pourrait rapidement atteindre l’Afrique centrale, où la surveillance génomique reste embryonnaire.

Face à cette situation, Africa CDC appelle à cinq priorités : renforcer la surveillance génétique, améliorer les systèmes de données sanitaires, accélérer le déploiement des vaccins, garantir un financement endogène (Via taxes de solidarité ou d’accise), et affirmer un leadership africain coordonné. « La santé est un enjeu stratégique. Le paludisme ne peut plus être traité comme un simple problème médical », insiste Nebiyu Dereje, expert en santé globale. L’Afrique centrale est à la croisée des chemins. Investir aujourd’hui dans des réponses adaptées, durables et souveraines n’est pas seulement une urgence sanitaire, mais un impératif stratégique, économique et géopolitique.

Noël Ndong

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