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Le grand retour de la Russie

Dimanche 26 Décembre 2021 - 13:45

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Il est très probable, pour ne pas dire certain, que l’année 2022 dont nous vivrons l’avènement dans cinq jours sera marquée par le grand retour de la Russie sur la scène africaine. Un retour dont la montée en puissance des mercenaires du groupe Wagner ne projette pas aujourd’hui une très bonne ni très pacifique image, mais qui se traduira à coup sûr par un engagement croissant de l’Etat russe dans les domaines les plus divers.

Parce qu’elle a joué un rôle important au côté des Etats africains dans les années qui ont précédé puis suivi leur accès à l’indépendance, en formant notamment dans ses universités et ses services publics un grand nombre de cadres supérieurs des nouveaux Etats, la Russie dispose d’un atout exceptionnel dont son président actuel, Vladimir Poutine, a pris la juste mesure et entend bien tirer de grands avantages: sur le terrain diplomatique et donc stratégique, bien sûr, mais aussi et de plus en plus dans le domaine économique, financier, culturel, scientifique, technologique.

Tout comme l’ont fait ces dernières années la Chine, les Etats-Unis, l’Europe et de façon moins visible l’Inde, le continent qui sera demain le plus peuplé de la planète et qui détient les plus grandes ressources naturelles de la Terre devient, ou plutôt redevient, un enjeu stratégique majeur pour l’ex-Union soviétique. En témoigne l’activisme de plus en visible de la Russie moderne sur la scène africaine, en Afrique centrale et dans le Bassin du Congo notamment, dont nous observons et relatons quotidiennement les effets.

Il est clair que cette partie du monde a tout à gagner au renforcement de ses liens avec les grandes puissances de l’hémisphère nord qui ont pris ces dernières années la juste mesure de la place que l’Afrique et les Africains occuperont sur la scène mondiale dans les années et décennies à venir. Mais dans ce nouveau contexte, il faut espérer qu’au lieu de se défier et de se battre à fleurets plus ou moins démouchetés, les Grands s’accorderont afin que les peuples concernés tirent un juste profit de leur présence accrue.

Pour dire les choses de façon encore plus claire, il faut espérer que la nouvelle « guerre froide » dans laquelle se lancent en Europe de l’Est la Russie, les Etats-Unis et l’Europe ne s’étendra pas au grand Sud avec le risque d’aggraver les problèmes auxquels celui-ci se trouve confronté. L’immense région du Sahel- Sahara mais aussi l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’est paieraient, en effet, au prix fort l’affrontement larvé qui pourrait en résulter et dont la situation au Mali donne déjà une image pour le moins inquiétante.

Faire en sorte que le grand retour de la Russie sur le continent n’attise pas les tensions ethniques, religieuses et autres qui menacent la stabilité du continent mais, bien au contraire, accélère la longue marche de l’Afrique vers le développement durable est certainement l’un des enjeux les plus importants de la décennie en cours.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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