Religion : un pape neuf pour une Eglise neuve ?Mardi 20 Mai 2025 - 18:45 Depuis le 19 mai, le gouvernement des affaires de l’Eglise a officiellement changé. Il est passé aux mains du pape Léon IV. Passé le temps des incertitudes et des rituels classiques dans l’Eglise catholique après le décès d’un pontife, le nouveau peut désormais imprimer sa marque, nommer son équipe, reconduire ou ignorer ceux que son prédécesseur a laissés. Fini le temps de l’incertitude autour de son nom, de ses origines, de la marche que le nouveau pape américain souhaite imprimer au plus du milliard de fidèles éparpillés à travers le monde, professant une même foi et obéissant au seul chef basé à Rome.
Les enjeux sont importants pour le nouveau pape. Ressortissant des Etats-Unis d’Amérique, la première puissance du monde aujourd’hui sans réelle contrepartie en face d’elle, le pape est attendu sur des questions de société qui fondent l’équilibre d’un monde où les chrétiens n’exercent plus qu’une influence limitée. Le Vatican – l’Etat de la Cité du Vatican où réside le souverain pontife – reste certes une destination courue par les personnalités mondiales, mais il l’est plus par prestige que pour son efficacité diplomatique. On ne dira certes pas que le Vatican, l’Eglise catholique, soient devenus littéralement désarmés devant les crises qui affectent aujourd’hui les cinq continents. Près de chez nous, au Congo-Kinshasa, un conflit meurtrier déchire l’Est du pays. L’Eglise catholique de la République démocratique du Congo, avec les chrétiens évangélistes (les protestants), fait sillonner sa délégation de capitale en capitale, jusqu’à l’Organisation des Nations unies (ONU), pour éteindre l’incendie. Les différents protagonistes reconnaissent le bien-fondé des propositions dont les chrétiens sont porteurs, mais rien n’assure que cette apparente unanimité se maintienne jusqu’à inspirer durablement les acteurs, militaires ou civils, pour tracer la voie de la paix définitive. Or, une des causes persistantes de cette « guerre mondiale par fragmentation » comme l’appelait le défunt pape François réside dans le renoncement des grandes puissances mondiales. Les Etats-Unis se sont retirés d’une multitude d’organisations mondiales, souvent regroupées au sein de l’ONU, que le nouveau président américain Donald Trump critique pour un supposé parti pris et un gaspillage de l’argent américain. Que peut faire le pape face à un Donald Trump qui semble vouloir détricoter toutes les relations institutionnelles, diplomatiques ou douanières qui liaient le monde jusqu’ici ? A cela s’ajoutent les défis propres aux églises chrétiennes d’aujourd’hui. Le recul de la foi est un phénomène noté partout. Les deux seuls continents où le nombre de baptêmes et de prêtres ne recule pas sont l’Amérique latine et l’Afrique. L’Amérique latine est en partie le continent du nouveau pape. Il a longtemps œuvré comme missionnaire augustinien au Pérou, et, il est devenu un parfait polyglotte parlant couramment l’espagnol en plus de l’italien, du français et de l’anglais, sa langue maternelle. Il s’agira pour lui de maintenir, dans une relative union de foi, les églises qui aujourd’hui semblent agitées par la tentation de l’émancipation. Une fracture profonde a failli se créer à cause de la guerre russe en Ukraine. L’Eglise orthodoxe dont les deux pays se réclament n’a pas la même vision de cette guerre que l’Eglise catholique à Rome. D’où un risque de schisme, les chrétiens des deux pays obéissant désormais plus ostensiblement aux patriarcats de Moscou ou de Kiev. Et, de conséquence, la guerre sera vue comme nationale pour les uns, patriotique et de résistance pour les autres. Le pape François a vite fait de renoncer à prendre position, lui qui s’était littéralement attiré une flambée de critiques après avoir appelé les protagonistes à « hisser le drapeau blanc » de la paix ! Premiers mots de soutien à la presse Il y a dix jours, le pape a rencontré plus de 3 000 journalistes, hommes et femmes de médias, au Vatican. C’était le premier contact avec la presse. Il a non seulement été sympathique avec eux, mais a donné l’impression de ne pas vouloir « coller aux textes » doctrinaux. Appelant à la libération des journalistes emprisonnés de par le monde, il a affirmé que l’emprisonnement de journalistes est incompatible avec la quête de démocratie. Et aux journalistes, il a rappelé qu’informer c’était raconter les faits avec objectivité : c’est servir la cause de la paix. « Vous êtes en première ligne pour narrer les conflits et les espoirs de paix, les situations d’injustice et de pauvreté, c’est pourquoi je vous demande de choisir avec conscience et courage le chemin d’une communication de paix… », a exhorté le nouveau pape. Lucien Mpama Notification:Non |