Cémac : Fulgence Likassi-Bokamba contextualise le sens des ordres communautairesMercredi 17 Septembre 2025 - 16:15 La 16e Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), tenue au Palais de la reconnaissance de Bangui, en République centrafricaine, a été marquée, entre autres, par l’élévation aux différents ordres communautaires de 193 personnes qui se sont distinguées ces dernières années. Au nombre des récipiendaires, l'on compte les six chefs d’Etat de la sous-région, ainsi que le président de la Commission de la Cémac, Baltasar Engonga Edjo’o, qui ont été élevés chacun à la dignité de grand-commandeur dans l’ordre du Mérite communautaire à titre exceptionnel. Les anciens chefs d’Etat du Gabon, Omar Bongo Ondimba, et du Tchad, Idriss Deby Itno, ont, quant à eux, été élevés à titre posthume à la dignité de grand-commandeur dans l’ordre de la reconnaissance communautaire. Décoré de la médaille de commandeur dans l’ordre du Mérite communautaire, à titre exceptionnel, le commissaire de la Cémac en charge du département de l’éducation, de la recherche et du développement social, chargé des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, Fulgence Likassi-Bokamba, revient, à travers cette interview, sur la nature et l’importance de ces différentes distinctions. Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): Quel sens donnez-vous aux ordres communautaires décernés aux chefs de l"Etat de la sous-région et à certaines personnalités récemment à Bangui ? Fulgence Likassi-Bokamba (F.L.B.) : Les ordres communautaires ont été créés par la Conférence des chefs d'État en 2003 pour reconnaître l'effort que les ressortissants de la communauté, mais aussi de certains partenaires, apportent dans la construction de l'espace communautaire. En 2003, l'acte avait été signé par le président Ange Félix Patassé. Il était question de mettre en place les deux ordres communautaires qui devaient constituer le socle permettant d'exprimer la reconnaissance de la communauté à l'endroit de ceux qui travaillent pour sa construction. Il en existe deux : l'ordre de Mérite communautaire et l'ordre de Reconnaissance communautaire. Pour faire fonctionner ces ordres, il fallait mettre en place un Conseil. En effet, le Conseil des ministres avait prévu depuis 2003 qu'il soit mis en place un Conseil des ordres communautaires, malheureusement, cela n'avait pas encore été fait. À la faveur du trentenaire de la Cémac, lorsque nous nous sommes retrouvés à Bangui, le Conseil des ministres a rappelé la nécessité que la communauté soit reconnaissante à l'endroit de ses filles et fils qui œuvrent de façon continue à construire cet espace communautaire, à participer à son développement. Depuis que ces ordres avaient été institués par la Conférence des chefs d'État en 2003, ils n'avaient pas été rendus opérationnels. De temps en temps, lorsqu’il y avait des assises communautaires, les chefs d'État trouvaient des possibilités de reconnaître les mérites à certains de nos frères cémaciens qui œuvraient pour la construction de l'espace, mais cela n'avait pas été fait de façon structurée telle que les textes le demandent. L.D.B. : Quelle a été la procédure qui a conduit à la sélection des récipiendaires? F.L.B. : Comme je vous l'ai dit déjà, les textes ont créé les ordres communautaires mais la structure d'animation n'avait pas été mise en place. La première démarche a consisté à mettre en place la structure prévue par les textes, notamment le Conseil des ordres communautaires. Les textes prévoient que ce Conseil est constitué des représentants des États membres (un représentant par pays) et des représentants des grandes institutions de la communauté, telles que le Parlement communautaire, la Cour de justice, la Cour des comptes communautaires, la Banque des États de l'Afrique centrale et la Commission de la Cémac. Après la constitution du Conseil, le président de la Commission a saisi le président en exercice de la Conférence des chefs d'État pour désigner le Grand chancelier, tel que les textes le prescrivent. A partir de cet instant, il a saisi les Etas et les autres institutions concernées pour que chacun puisse désigner son représentant. C'est ce qui a permis que la première réunion du Conseil des ordres ait lieu en février. La dernière s'est tenue en début juillet permettant de procéder à la sélection des hautes personnalités qui devaient être décorées à l'occasion de ces assises. Après cela, une correspondance a été adressée aux différents pays membres de la Cémac pour que les candidatures soient envoyées au Conseil des ordres communautaires. En dehors de ces candidatures, il y a le fait que le Conseil des ordres a également examiné des dossiers mis à sa disposition pour repérer des dignités pour lesquelles des reconnaissances devraient être décernées. Ainsi, le Conseil des ordres a retenu une liste assez importante d'un certain nombre de citoyens de la Cémac qui devraient bénéficier, certains de l'élévation aux dignités communautaires et d'autres à la nomination aux différents grades. L.D.B. : Puisque vous parlez des dignités et des grades, qu’est-ce qui différencie les uns des autres ? F.L.B. : Les dignités, il y en a deux dans les deux ordres. Il y a la dignité de grand officier et la dignité de grand commandeur dans les ordres aussi bien de Mérite comme de Reconnaissance communautaire. Pour ce qui est des grades, nous avons du bas en haut le grade de chevalier, le grade d'officier et le grade de commandeur. Tous selon le cas et selon l'ordre. L.D.B. : Dernièrement, c’est un échantillon de personnalités qui a été décoré, que prévoit la suite ? F.L.B. : La décoration, c'est un moment solennel de reconnaissance de la communauté à l'endroit de ses fils et de certains partenaires qui œuvrent à son édification. Pendant longtemps, nous sommes restés sans Conseil des ordres communautaires. Désormais, le Conseil ayant été mis en place, il doit siéger tel que les textes le prévoient. Donc régulièrement, il devra y avoir des présentations de candidatures pour les nominations aux ordres communautaires ou à l'élévation aux dignités communautaires. C'est une activité qui devrait désormais être régulière pour permettre que des encouragements soient adressés à ceux qui contribuent à la construction de l'espace communautaire. Au total, il y a eu 193 distinctions honorifiques attribuées. Le président en exercice sortant a signé des actes de nomination et d'élévation aux différentes dignités, vous comprenez, dans cet environnement avec les assises qui ont pris beaucoup de temps, ce n'était pas possible pour les chefs d'État de décorer tout le monde. Mais, il y a eu quand même un échantillon qui a été retenu pour permettre que la communauté sache qu’il y a la reconnaissance communautaire à l'endroit de ses filles et fils. La suite, puisque ce sont des actes qui doivent toujours être faits avec beaucoup de solennité, c'est au cours des grandes activités de la communauté telles que le 16 mars (Journée de la Cémac) que de telles décorations peuvent être remises. Cela pourrait aussi se faire avant parce que nous avons une échéance communautaire : des assises budgétaires. Si le président en exercice l’autorise, il pourrait y avoir remise des distinctions. Propos recueillis par Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo : 1- Le commissaire Fulgence Likassi-Bokamba expliquant la nature des ordres communautaires / DR
2- Faustin Archange Touadera remettant le brevet à son homologue Denis Sassou N'Guesso/DR Notification:Non |