Diplomatie américaine : Kristin M. Kane présente l’Africa Regional ServicesSamedi 18 Octobre 2014 - 10:15 La nouvelle directrice de l’Africa Regional Services (ARS), Kristin M. Kane a reçu les Dépêches de Brazzaville (DB) à Paris, le 16 octobre. Elle a présenté le cadre de sa mission et la place particulière de l’ARS en tant qu’instrument au service de la diplomatie culturelle américaine en Afrique francophone via la langue française. Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Parlez-nous d’Africa Régional Services, une structure pas assez connue par les Africains. Kristin M. Kane (KMK) : Africa Regional Services (ARS) existe depuis 1962. Notre produit phare depuis 52 ans est les éditions Nouveaux Horizons, né au moment des indépendances africaines. Notre structure est unique. C’est une division du département d’État américain, Bureau des Affaires africaines. Nous faisons à la fois de la diplomatie publique et les relations avec le peuple africain. Nous réalisons beaucoup de documents rédigés en français, et prioritairement adressés aux pays d’Afrique francophone. LDB : Pour quel but ? KMK : Notre but est d’offrir des programmes et des services d’ordre culturel et informatif en français. Car nous sommes conscients de l’importance de la langue française, et des relations que la France entretient avec l’Afrique francophone. Il nous paraît donc important d’échanger avec les Africains francophones en français. Par exemple, en Côte d’Ivoire où nous développons un programme sur la promotion de l’éducation auprès des jeunes filles. Or nous sommes conscients du niveau d’anglais dans le pays. Nous envoyons donc une personne échanger avec les populations en français. Ce qui permet d’échanger et de faire passer la politique de notre gouvernement. LDB : Pourquoi avoir choisi Paris comme plate-forme? KMK : les raisons sont multiples : cela nous permet d’être à la même heure que les pays africains et facilite l’échange avec nos ambassades d’Afrique. Nous sommes aussi basés à Paris à cause des meilleures sources, de traducteurs et de publications de livres en français. Mais cela nous permet aussi de communiquer avec plus de 100 millions d’Africains francophones. LDB : Quelles sont vos relations avec la Francophonie ? KMK : Avec la Francophonie, nos relations sont plutôt informelles. Mais à travers les pays membres, nous suivons les intérêts de la Francophonie en Afrique. Et si la Francophonie réussit à faire avancer la démocratie, les droits de l’homme en Afrique, nous serons contents. Car nous partageons avec la France les mêmes visions et les mêmes intérêts pour l’Afrique. LDB : Comment réussissez-vous à installer un dialogue avec la diaspora africaine ? KMK : Nous communiquons avec la diaspora africaine en France et en Europe principalement à travers les réseaux sociaux (Facebook, Twitter). Nous organisons aussi des événements directement avec la diaspora africaine. Nous travaillons également avec une association d’anciens boursiers africains. Chaque année, nous envoyons des Africains aux USA à travers notre programme d’échange International Visitor Leadership Program. Nous restons toujours à l’écoute des priorités de la diaspora. LDB : En août dernier, s’est tenu le sommet Etats-Unis/Afrique sur le thème « Investir sur la prochaine génération », comment appréciez-vous l’évènement ? KMK : Ce sommet a été un événement sans précédent, avec la présence d’une cinquantaine de chefs d’État africains, et des acteurs privés. Le président Barack Obama a consacré une journée entière à l’écoute des chefs d’État africains. Avant le sommet, il avait déjà reçu 500 jeunes africains, qui avaient participé au programme désormais intitulé « Programme Mandela. » Le thème de la jeunesse est la première priorité du président américain en Afrique. Sur 50 000 jeunes postulants, seulement 500 ont pu bénéficier du programme. Pour les 49 500 autres restés en Afrique, nous sommes en train de construire un réseau de leaders africains qui partagent la même vision que nous, en développant des centres régionaux d’échanges, pour connaître leurs priorités pour avancer le développement en Afrique. LBD : Est-ce pour dire que vous mettez fin au programme Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders ? KMK : Bien sûr que non. Il se poursuit. Pour l’année 2015, les candidatures sont ouvertes jusqu’au 5 novembre 2014 pour tous les jeunes africains qui veulent postuler à une formation de cinq semaines dans une université ou un stage professionnel à la charge des États-Unis. Ils peuvent consulter le site : youngafricanleaders.state.gov ( Date limite: le 5/11/2014) LDB : Lors du sommet, le président Barack Obama a insisté sur des échanges « égal à égal » avec l’Afrique. Que voulait-il dire ? KMK : La vision du président Barack Obama répond à l’idée d’un partenariat. Les Africains ne sont pas là pour recevoir ou pour demander, mais ils sont là comme des entrepreneurs, des leaders avec lesquels nous pouvons faire avancer nos idées sur le continent africain. LDB : quelles sont les priorités votre mandat ? KMK : Elles répondent aux 4 piliers définis en juin 2012 par le président Barack Obama envers l’Afrique subsaharienne : 1- renforcer les institutions démocratiques ; 2- stimuler la croissance économique, les échanges et les investissements ; 3- faire progresser la paix et la sécurité ; 4- promouvoir les possibilités et le développement économique, notamment l’opportunité des jeunes africains à entreprendre et l’avancement du leadership en Afrique LDB : Où se procurer les éditions Nouveaux Horizons ? KMK : Dans les librairies des pays francophones. En général, nos auteurs sont des Américains. Ils interviennent sur les problématiques qui touchent l’Afrique et les livres sur la jeunesse. Nos livres bénéficient des subventions du gouvernement américain. Notre mission en fait c’est de promouvoir la politique des États-Unis vers l’Afrique francophone en se servant de la langue française.
À propos de Kristin M. Kane… Avant de prendre la direction d’Africa Regional Services en août 2014 à Paris, Kristin M. Kane a été conseillère aux Affaires publiques à l’ambassade des USA à Dakar (Sénégal) et à Maputo (Mozambique). Auparavant, Elle a été l’Attachée culturelle au consulat des USA à Lagos (Nigéria), et volontaire de la paix au Fouta Djalon (Guinée). Kristine M. Kane a une bonne connaissance et une proximité avec l’Afrique subsaharienne. À propos de l’épidémie Ebola : KMK : La lutte contre l’Ebola est une priorité de sécurité pour le monde et pour nous. Les États-Unis ont déjà investi 300 millions de dollars, et accordé 113 millions de dollars à l’ONU. Plus de 3 000 personnes seront envoyées au Liberia, pour mettre en place un centre de réponse. Nous appelons la contribution des autres pays, sur le plan financier, matériel et humain.
Propos recueillis par Noël Ndong |