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Comment Joseph Kignoumbi Kia Mboungou vit-il son opposition?Samedi 5 Septembre 2015 - 14:45 Si s’engager en politique signifie se donner des ambitions pour, un jour, devenir président de la République, et en passant les moyens de se fabriquer des amis et aussi des ennemis, son exercice peut être, malgré tout, un chemin à plusieurs variantes. Il y en a qui y mettent tout leur cœur au point d’en faire un quitte-sommeil, un quitte-fortune, un défi personnel de tous les instants. Il y en a par contre qui, tout en y consacrant de l’énergie nécessaire, parviennent à concilier leur pratique de tous les jours avec une vision moins dramatique de leur rapport à autrui, disons, à ceux que l’on ambitionne de remplacer. De laquelle de ces deux catégories d’hommes politiques appartiendrait le député Joseph Kignoumbi Kia Mboungou ? Les uns pourraient trancher sur le vif en disant la première! Les autres affecteraient l’élu Upads (Union panafricaine pour la démocratie sociale) de Sibiti 1 (Lékoumou) dans la seconde catégorie. Les premiers auraient-ils tort ? Pas sur toute la ligne, en particulier s’ils s’attachent aux premières apparitions publiques de ce dernier comme dirigeant politique. Ce fut dans le courant des années 2002, lorsqu’il se porta candidat à l’élection présidentielle de cette année-là. Bien qu’il échoua, et quoi que son score fut relativement faible : 33.154 voix, soit 2,7% de suffrages exprimés en sa faveur, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou se classait tout de même deuxième mais, loin derrière le vainqueur, Denis Sassou N’Guesso qui récolta 89,41% de suffrages pour 1.075.247 voix. Récusé par son parti qui lui interdisait de porter ses couleurs dans une élection dont l’Upads contestait la légalité, le candidat malheureux avait sollicité les suffrages de ses compatriotes sous le statut d’indépendant. Elu député au cours de la même année, Kia Mboungou rendit la vie difficile à la majorité présidentielle du fait notamment de ses interventions alors teintées de provocation, en partie frisant la dénonciation calomnieuse. Il jouait sur ce tableau dans un trio de choc complété par Emmanuel Boungouandza, fraichement sorti de la rébellion du Conseil national de la résistance, et le défunt Jacques Mouanda-Mpassi, ancien ministre de l’Erddun (Espace républicain pour la démocratie le développement et l’unité nationale). Mais, peut-être devrait-on plutôt, ou désormais, classer Joseph Kignoumbi Kia Mboungou dans la frange des politiques prônant la pondération. Ce n’est pas pour dire que l’homme a enfoui sa langue dans la poche. Sur ce chapitre précis, chaque fois qu’il prend la parole sur une question d’intérêt national, Kignoumbi ne manque pas de donner son opinion en son âme et conscience. « Pourquoi êtes-vous allé aux consultations présidentielles ? », semblait-on lui reprocher à l’époque. Réponse : « La République est au-dessus des individus ». Lorsqu’on lui parle des conclusions du dialogue de Sibiti, auquel il a pris part, même s’il se sait minoritaire, il se réserve sa réponse datant du début du débat sur la constitution : « je suis contre le changement de la loi fondamentale ». Ce n’est évidemment pas à son âge, et après tant d’années passées en politique, que l’on se cache d’exprimer ses opinions. La seule condition, non-obligatoire, soulignons-le, mais qui peut conditionner la bonne ou la mauvaise perception de ce que vous dites par ceux qui vous écoutent est de veiller à ce que votre parole soit à peu-près d’utilité publique. En l’occurrence, le député Kignoumbi, à la tête de son association politique « la Chaîne » a largement soigné son discours et même ses apparitions. Le fait par exemple de ne pas déserter les manifestations officielles ne lui enlève en rien sa qualité d’opposant. En voilà un donc, qui doit vivre son opposition avec moins de stress, avec une longueur d’avance sur les déceptions souvent nombreuses qui jalonnent le parcours de tout homme politique. Cela ne permet pas nécessairement de se fabriquer beaucoup d’amis. En même temps, cela évite certainement aussi de se fabriquer des ennemis au nombre où l'on ne pourrait plus savoir où les mettre tous. Le jour de l’inauguration par le président de la République du viaduc reliant Brazzaville à sa banlieue nord de Kintélé, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou était présent. Certainement en sa qualité de membre du bureau de l’Assemblée nationale dont il est deuxième secrétaire. Nous étions le 30 août, à Talangaï, le sixième arrondissement de la capitale congolaise. Il était tout à fait déstressé, comme l’autre fois, le 15 août dernier à Ouesso, dans la Sangha, lorsque le carré de « La Chaîne » battait le pavé aux côtés des autres forces vives de la nation pendant le défilé marquant le 55è anniversaire de l’indépendance. Pour la deuxième fois de suite numéro deux lors de l’élection présidentielle du 12 juillet 2009, avec cette fois un suffrage en amélioration de cinq points, soit 7,46 %, pour 100.181 votants, l’homme progresse pourrait-on dire. A-t-il peut-être appris à dépassionner l’adversité en politique, ce grand jeu aux grands enjeux, qui reste tout compte fait un jeu. Enfin, si on considère la part de l’intérêt général. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |