Burkina Faso : la mobilisation générale des hommes fait-elle trembler les djihadistes ?

Lundi 8 Mai 2023 - 14:15

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Malgré la signature par le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, d’un décret de « mobilisation générale » permettant la réquisition des hommes d’au moins 18 ans, le pays est toujours confronté aux violences attribuées aux djihadistes. Le mois d’avril dernier a été l’un des plus sombres en terme de tueries malgré de rigoureuses mesures prises par la junte au pouvoir.

D’une durée d’un an, la mobilisation générale va permettre aux jeunes d’aller « lutter contre les djihadistes qui ensanglantent le pays ». Le décret pris dans ce sens souligne que la population peut « également s’organiser, sous l’encadrement des forces de défense et de sécurité pour défendre (sa) localité contre toutes formes de menaces, notamment les groupes terroristes ». Le texte « fait appel à des initiatives publiques ou privées, citoyennes de solidarité et de contributions à l’effort national de lutte contre le terrorisme au profit, en particulier, des zones à fort défi sécuritaire ».

« Il s’agit surtout, à travers ce décret, de donner un cadre juridique, légal à l’ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face à la situation que vit le Burkina Faso », indique un communiqué de la présidence. Pour le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly, le décret sur la mobilisation générale est salutaire pour le pays. « Face à la situation sécuritaire à laquelle fait face le Burkina Faso, le salut de la Nation repose sur un sursaut national de l’ensemble des filles et des fils en vue de trouver une solution », affirme-t-il. Dans cette même optique, une source sécuritaire signale que « la mobilisation générale rend applicables, sur toute l’étendue du territoire, certaines mesures de défense »., précisant qu' « Elle entraîne l’état d’urgence dans les parties du territoire concernées ».

Outre la mobilisation générale, les autorités ont procédé, dans un décret distinct, à la création d’une Coordination nationale de lutte contre le terrorisme. Placée sous l’autorité du Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, cette institution est un dispositif de pilotage, de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

Toutes ces mesures qui visent aussi à faire passer un message aux islamistes pour qu’ils s’éloignent du « pays des hommes intègres », les a, au contraire, poussés à mener des actions de grande envergure contre l’armée régulière et les civils.

Le peuple continue à pleurer ses morts

L’une des récentes attaques les plus barbares perpétrées dans le village de Karma, situé à une quinzaine de kilomètres de Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, a fait une « soixantaine » de morts, selon un procureur de la région, mais « plus d’une centaine », à en croire des représentants des rescapés et des habitants de la localité. Un assaut qui, estiment les témoins, a été commis par des personnes arborant les tenues de l’armée régulière. Une autre attaque survenue une semaine après celle de Karma s’est soldée par la mort de trente-trois soldats.

Comme chacun peut le constater, le peuple continue de pleurer ses morts dont la liste ne fait que s’allonger lorsqu’on considère, entre autres, les vingt-quatre personnes, dont vingt supplétifs civils de l’armée, qui ont été tuées, le 18 avril, lors de deux attaques de djihadistes présumés dans le centre-Est du Burkina. A cela s’ajoutent six soldats et trente-quatre supplétifs civils qui ont perdu la vie, le 15 du même mois passé, dans le Nord, lors de l’assaut lancé contre leur détachement. Citons seulement ces exemples pour éviter de remuer le couteau dans les plaies des parents des victimes et des rescapés. On sait toutefois que depuis ces agressions, les autorités burkinabè semblent être totalement dépassées tant leur pays est frappé sans répit par les insurgés.

Dans le souci de faire remonter le moral aux troupes en pareille circonstance, le chef d’état-major général des armées « encourage l’ensemble des unités engagées dans les opérations à maintenir les efforts afin de renforcer la dynamique de reconquête en cours », indique un communiqué.  Mais du côté de la population, plus personne n’est optimiste pour la simple raison que rien n’a permis jusqu’à ce jour de chasser les insurgés des territoires dans lesquels ils opèrent.

Notons que la mobilisation générale n’est pas bien accueillie par l’ensemble de la population. Du côté du gouvernement, l’on préfère plutôt défendre « le droit de requérir les personnes, les biens et les services » ainsi que « le droit d’appel à l’emploi de défense, à titre individuel ou collectif ».

Nestor N'Gampoula

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