Rencontre sous le ficus : superbe vitrail à découvrir à l’Espace Bilembo

Samedi 5 Décembre 2015 - 15:15

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Conçu par Michèle Vanvlasselaer et réalisé avec le concours des deux jeunes architectes, Yannick Mpwal Mwal Mpanga et Corneille Mudiayi Tshimanga, l’ouvrage qui tient lieu de cloison, question de séparer la salle d’exposition du restaurant situé à l’étage, est une impressionnante œuvre de verre constituée d’un assemblage de pièces recyclées, vestiges de l’ancienne usine textile Texaf.

 

Michèle Vanvlasselaer posant à côté de Rencontre sous le ficusL’artiste belge qui s’est donné un réel plaisir à expliquer la genèse du projet à l’occasion du vernissage organisé le 2 décembre l’a tenu pour « une réelle aventure artistique ». Attentive à ses propos, l’assistance présente à cet événement aura retenu qu’elle a débuté en avril 2014. Le directeur de Bilembo, Alain Huart, et la commissaire Chantal Tambou lui avaient demandé sa petite idée pour « séparer le restaurant de l’espace d’exposition afin de pouvoir climatiser le restaurant ». Michèle Vanvlasselaer leur a alors suggéré, dit-elle, « de créer un vitrail de sorte que cet espace d’exposition unique resterait visible à partir du restaurant ». C’est ainsi qu’une année plus tard, en avril 2015 elle s’est trouvée à couper le premier morceau de verre. Mais « le défi était de travailler ensemble avec une petite équipe qui n’avait jamais vue un vitrail contemporaine de près », explique-t-elle. C’est là que sont entrés en jeu les jeunes architectes Corneille Mudiayi et Yannick Mwal.

Le grand ficus situé à l’entrée de Bilembo était la source d’inspiration du vitrail d’où son nom « Rencontre sous le Ficus ». Sa proposition faite, l’artiste verrière avoue avoir dès lors « apprécié l’enthousiasme de Chantal et Alain pour cette idée d’un vitrail, une forme d’art et projet technique pas évident du tout ». Une opinion confortée par les commentaires de la commissaire sur l’œuvre qu’elle a présentée comme étant « unique à Kinshasa ». À Chantal Tambou d’expliquer à la salle que le « vitrail se nomme “Rencontre sous le ficus“ car il lie étroitement nature et architecture, végétal et humain ». La description qui s’ensuit laissait transparaître tout son enchantement à son endroit : « Dessinatrice, Michèle étire son dessin pour donner vie à une ligne végétale forte, frémissante, fragile, intense. Le contour de plomb s’épanouit sous ses doigts, sortant de l’ombre matrice, cherchant son chemin vers la lumière. Sans bruit, le vitrail s’habille de verts grisés car le sobre lui convient mieux. Le cœur du bâtiment bétonné et celui du grand ficus peuvent désormais battre à l’unisson, dehors et dedans ».Yannick Mpwal Mwal et Corneille Mudiayi en plein ouvrage

Rester dans la philosophie de Bilembo

L’artiste a recommandé vivement à ses hôtes au nombre desquels figuraient l’ambassadeur belge Lastchenko et son épouse Catherine « de revenir pendant la journée car la lumière indirecte est vraiment magique quand elle traverse le verre coloré ». Plus précise à ce sujet, Chantal Tombu s’est chargée d’aviser les visiteurs sur le spectacle qui les attendait à la vue de l’œuvre de jour. Savoir que « la lumière, mouvante, changeante se joue des surfaces translucides. Une ossature géométrique structure l’espace, gommant au passage les deux portes du Kawa Nganda. Comme dans une gigantesque partition, des morceaux de verres colorés jouxtent des traits de plomb verticaux, introduisant dans le végétal sinueux leur abstraction ». Amatrice d’art, la commissaire n’a pu s’empêcher d’exprimer la forte impression que lui est vraisemblablement faite « Rencontre sous le ficus ». « C’est comme si, surgie des entrailles de Bilembo, une racine poussait, rejoignait dans la lumière le ficus qui l’appelle de ses feuilles vertes visibles au travers des anciennes lucarnes rectangulaires », affirmait-elle sur le ton de la confidence.

Pour ce qui est de la réalisation, Michèle a évoqué sa démarche qui consistait à « rester dans la philosophie de Bilembo ». D’où sa proposition de se servir de l’ancien verre trouvé dans les bâtiments industriels avoisinants l’Espace Bilembo. Et d’expliquer ici que « 80% du verre, notamment le verre bleu clair et transparent utilisé dans le vitrail est du verre récupéré. Il vient de l’usine et des bâtiments voisins. Les vielles plaques de verres étaient transportées par bateau à l’époque, probablement vers 1927, des États-Unis au Congo ». Parlant en maîtresse des lieux, Chantal Tombu a, pour sa part, souligné ici le fait qu’« aux anciennes vitres martyrisées des entrepôts d’Utex se joignent quelques carreaux contemporains. L’ancien et le nouveau, les vies qui se croisent et crissent. Si aujourd’hui Utex dit adieu à l’Usine, elle peut dire bienvenue à un nouvel Utex, couleur patrimoine, antimoine et plomb. Les orfèvres œuvrent ».

Rencontre sous le ficus vu à la lumière du jourParticipaient au vernissage quelques photos des ruines des anciens bâtiments mentionnés par l’artiste. Exposées à côté du vitrail, Michèle a prié ses hôtes à regarder les photos de près avec cet avis : «  Les ruines sont extraordinaires et appellent quand-même à l’imagination ». Il s’y trouvait aussi un catalogue en deux tomes, Rencontre et Sous le ficus, réalisé par la graphiste Moira Mercantei. Les ouvrages en vente sont d’autant plus intéressants que leurs pages explorent de manière particulière d’une part, l’Espace Bilembo, et d'autre part Rencontre sous le ficus.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Michèle Vanvlasselaer posant à côté de Rencontre sous le ficus Photo 2 : Yannick Mpwal Mwal et Corneille Mudiayi en plein ouvrage Photo 3 : Rencontre sous le ficus vue à la lumière du jour

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