Zidane nommé entraîneur du Real Madrid

Vendredi 8 Janvier 2016 - 20:44

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Entraîneur de la Castilla, l'équipe réserve du club, le Français Zinedine Zidane (43 ans) a été nommé, lundi 4 janvier, entraîneur du Real Madrid. Le Ballon d’or 1998 succède ainsi à Rafael Benitez, limogé par le truculent président, Florentino Perez. Présenté en grandes pompes, « Zizou » fera ses grands débuts, samedi soir, face à La Corogne.

Lundi 4 janvier, le Real Madrid annonçait officiellement la nomination de Zinedine Zidane au poste d’entraîneur de son équipe première, en remplacement de Rafael Benitez, sur la sellette depuis le naufrage des Merengue face au Barça (0-2 à domicile le 28 novembre) et rejeté par l’ensemble de son vestiaire et par les tribunes de Santiago Bernabeu. Egalement dans le viseur des socios madrilènes, Florentino Perez, le président du Real était ainsi contraint de sortir de sa manche son dernier atout, qu’il espérait pouvoir brandir à la veille des prochaines élections.

Quinze ans après son arrivée à Madrid, comme joueur, Zinedine Zidane en devient donc le 61e entraîneur, dans la lignée des illustres Villalonga, Munoz, Di Stefano, Del Bosque, Capello, Hiddink, Mourinho ou Ancelotti. Ce dernier, vainqueur de la Decima (la 10e Ligue des champions du club) en 2014 avait été remercié l’été dernier après une saison 2014-2015 blanche, illustrant l’instabilité chronique du banc madrilène, sur lequel, depuis 1945, seuls deux techniciens ont tenu plus de trois saisons consécutives (Munoz entre 1960 et 1974 et Del Bosque entre 1999 et 2003).

Recruté à prix d’or par Florentino Perez en 2001 pour devenir le chef d’orchestre des Galactiques de Figo, Ronaldo (le Brésilien), Beckham et Roberto Carlos, Zidane connait la maison. En 2003-2004, il a ainsi vu quatre entraîneurs défiler sur le banc. Mais c’est en connaissance de cause que le Marseillais, né de parents algériens, a accepté d’entraîner l’un des plus grands clubs de la planète et son effectif de stars (Ronaldo, Bale, Modric, Ramos, Kroos, Benzema…). Une première expérience de très haut niveau pour l’ancien numéro 5 madrilène qui ne se leurre pas, malgré l’enthousiasme qui a accompagné son intronisation : il n’aura pas le droit à l’erreur face à un public habitué à « brûler » ses idoles (Casillas en a récemment fait l’expérience)

Zidane sait pertinemment que, en plus du beau jeu qu’on attend légitimement de l’un des joueurs les plus élégants de l’histoire du football, il devra remporter des titres pour durer. Ce qui ne sera pas facile face au FC Barcelone du trio Messi-Suarez-Neymar, surtout que le Real est déjà éliminé de la Coupe du Roi. Zizou devra, pour cela, gérer un vestiaire où talent rime avec égo. Et si l’on prête à ZZ une aura et un charisme qui devraient lui conférer respect et adhésion des joueurs, il sait que le respect est toujours plus facile à entretenir avec les titulaires qu’avec les remplaçants.

Icone du public local depuis sa demi-volée victorieuse en finale de la Ligue des champions 2002, Zidane avait terminé sa carrière en 2006 avant de revenir au club en 2009, comme conseiller spécial du président Perez et ambassadeur du club.  Zidane va ensuite être nommé directeur sportif (2011-2013) avant de devenir adjoint de Carlo Ancelotti en juin 2013. En parallèle, il passe et obtient, en janvier 2014, son diplôme de manager sportif au CDES de Limoges, puis obtient son diplôme d’entraîneur UEFA en mai 2015. Sollicité par Bordeaux, où il s’est révélé vingt ans plus tôt (1992-1996), il préfère prendre en main la Castilla, la réserve madrilène, avec laquelle il a obtenu des résultats mitigés lors de sa première saison (le club ne s’est pas qualifié pour les play-offs), puis plus convaincants cette saison (2e avec 10 victoires, 7 nuls et 2 défaites).

A défaut d’être un enfant du club, comme l’était Guardiola lorsqu’il prit en main l’équipe A du Barça (avec le succès que l’on sait), Zidane a, par son parcours de joueurs, sa formation théorique et son bagage d’entraîneur adjoint puis de la réserve, des atouts en main pour réussir. Mais il est probable qu’il aura toujours, dans un coin de sa tête, la funeste prédiction du glorieux Pelé : « Souvent les grands joueurs ne font pas de grands entraîneurs ». Si le Brésilien s’est toujours bien gardé de s’essayer au difficile exercice, les cas Maradona, Platini, Blokhine, Van Basten, Papin, Stoïkhov, Matthaüs sont difficilement contrebalancés par les succès flamboyants de Beckenbauer (décevant avec l’OM et le Bayern, mais champion du monde avec la RFA) et surtout de Johan Cruyff, l’homme du « football total ». Ironie de l’histoire, c’est donc du côté du rival honni barcelonais que Zidane le Madrilène doit s’inspirer pour entrer au Panthéon des grands entraîneurs, lui qui figure déjà en bonne place parmi les meilleurs joueurs de tous les temps.

Camille Delourme

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