COP21: Denis Sassou N'Guesso pointe la responsabilité des pays développés

Lundi 30 Novembre 2015 - 18:45

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Denis Sassou N’Guesso, comme les premiers orateurs avant lui, a attiré l’attention des Etats sur une amplification des catastrophes naturelles si la COP21 venait à échouer. Mais il a principalement pointé du doigt « la faute des pays développés, pays pollueurs », qui a-t-il martelé « n’ont jamais accepté d’assumer leur responsabilité ».

Voici le texte intégral
Monsieur le Président, 
Permettez-moi de vous adresser  mes sincères félicitations suite à votre élection à la présidence de cette 21ème Conférence des Parties. Ce processus, vous l’avez voulu transparent et inclusif, riche des contributions de toutes les parties.
Je voudrais ici rendre hommage à l’action du président François Hollande et de son gouvernement, pour toute l’énergie investie dans la préparation et l’organisation de ce Sommet de l’espoir.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Une évidence nous réunit ici. La terre, notre merveilleuse demeure est en péril croissant. En grande partie par notre faute. Les activités humaines, l’emprise outrancière de l’homme sur la nature ont engendré de profondes transformations de l’environnement, intensifiant, chaque jour, les changements climatiques.
L’humanité court à sa perte. Nous le voyons. Notre planète, mutilée par les cyclones, les inondations, les sécheresses, la destruction des écosystèmes, est au bord du gouffre. Selon les experts, si la tendance actuelle des émissions des gaz à effet de serre continue, notre planète connaîtra une augmentation de la température de 4 degrés Celsius, avec pour conséquence : l’amplification des catastrophes naturelles.
Nous avons tous pris conscience de ce grave danger. C’est ainsi que le changement climatique a été reconnu par la communauté des nations, il y a près d’un quart de siècle, comme l’un des plus grands défis de l’humanité.
Pour y faire face, des résolutions ont été arrêtées, des engagements ont été pris, des objectifs ont été fixés notamment à Rio, à Kyoto, à Copenhague, à Cancun, à Durban, à travers un processus annuel qui, à ce jour, n’a malheureusement pas produit les résultats espérés, en dépit de quelques timides avancées. La faute incombe principalement aux pays développés, pays pollueurs, qui n’ont jamais accepté d’assumer leur responsabilité.
Face à l’urgence climatique qui ne faiblit pas, la République du Congo considère le Sommet-climat de Paris comme celui de la dernière chance. Mon pays souhaite vivement que les négociations de la COP21 aboutissent à un accord universel ambitieux, équilibré, équitable, juridiquement contraignant, applicable à toutes les parties. Un accord visant à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés Celsius. Un accord fondé sur les principes de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, notamment sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.
Les pays pollueurs doivent tenir leurs engagements au titre de la Convention. Le fonds d’adaptation doit être renforcé pour prendre en charge les pertes et dommages subis par les pays en développement. Tous les autres fonds (fonds vert, fonds des pays les moins avancés, mécanisme de développement propre) requièrent une nécessaire coordination.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Comme tous les autres pays du Bassin du Congo, deuxième « poumon écologique » du monde, la République du Congo, mon pays, avec une couverture forestière qui représente 65% du territoire national, soit 23 millions d’hectares de forêts naturelles, contribue largement à la préservation de l’environnement.
Grâce à la mise en œuvre des programmes d’aménagement et de conservation des forêts, le Congo détient l’un des taux de déforestation les plus faibles au monde, soit 0,08%. Ce qui correspond à 17.000 hectares par an.
Le Congo possède 2,5 millions d’hectares de forêts certifiées, selon les standards internationaux, représentant 32,5% des forêts mondiales certifiées.
Pour soutenir les actions d’atténuation contenues dans sa Contribution Prévue Déterminée au Niveau National en matière de changement climatique, le projet de loi-cadre sur la gestion durable de l’environnement, en cours d’adoption, qui prévoit la taxation des secteurs émissifs de gaz à effet de serre et des transactions financières, constitue un grand pas dans la bonne direction.
Il va cependant de soi que la réussite des engagements pris dans le cadre des contributions nationales dépend, dans une large mesure, de la garantie par la communauté internationale d’un financement adéquat, du transfert de technologies, du renforcement des capacités et de la promotion des énergies nouvelles.
Mesdames et Messieurs,
Le chantier est vaste. Les intérêts en jeu sont des plus divergents. Les points d’achoppement et les écueils sont notoires. Les négociations, de ce point de vue, seront ardues, sans aucun doute. Mais aucune difficulté ne pourra vaincre notre volonté commune, si tant est que nous décidons, unanimement, de l’élever au niveau de l’enjeu. Ce fabuleux enjeu qu’est le risque de voir l’homme et son environnement disparaître de la Terre si nous n’agissons pas rapidement.
C’est cette perspective funeste qu’il nous faut conjurer, devant l’histoire. Ici et, nous l’espérons, maintenant.
Je vous remercie.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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