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Congo : à cinq jours du dialogue national

Lundi 6 Juillet 2015 - 20:45

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Le refus des formations politiques de l’opposition constituée par le Frocad (Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique) de rencontrer le chef de l’État lors des consultations du mois dernier avait été largement commenté ici et ailleurs. Pour les uns, ce fut une opportunité tout indiquée pour les responsables de cette plateforme de s’affirmer dans leur rôle de contre-pouvoir révélé par tant de déclarations fortes ; pour les autres, plutôt une occasion manquée de se faire valoir au regard des enjeux du moment. Les enseignements à tirer de ces opinions peuvent être de divers ordres, mais contentons-nous plutôt de réfléchir à l’ordre du jour des futures assises.

Dans leur croisière contre une réforme des institutions qui induirait le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 et, donc, en même temps entretiendrait le soupçon imputé au président de la République de briguer un nouveau mandat, les partis membres du Frocad revendiquaient tout principalement l’amélioration de la gouvernance électorale. À leurs yeux, et ils l’ont déclaré à plusieurs reprises, le seul débat qui vaille est celui de la mise à plat des structures chargées de l’organisation du processus électoral. Ils semblent avoir obtenu gain de cause, dans la mesure où «  la gouvernance électorale » figure en bonne place de l’ordre du jour du dialogue attendu. Les conditions sont créées, pourrait-on dire, pour débattre de cette question en public mais dans un cadre structuré que devrait normalement offrir ce colloque.

A-t-on estimé suffisante la seule préoccupation liée à la gouvernance électorale ? Peut-être pas, car à cette dernière, jugée pertinente, s’est ajoutée une deuxième, à savoir « la réforme des institutions ». Aux conférenciers qui se réuniront au début de la fin de cette semaine, de montrer que ce deuxième volet du débat national est tout aussi important, voire primodrial que le premier, au regard du besoin exprimé par les uns et les autres, en plusieurs occasions sur les "insuffisances" de la Constitution actuelle. Mais l’on devrait observer, toute considération gardée, que la poire a été divisée en deux. D’une part, (si ses dirigeants acceptent de dialoguer), le Frocad pourrait, fort des arguments qu’il développera, donner forme à la structuration du futur processus électoral ; de son côté, la majorité prendra à son compte d’exposer sur la nécessité de refondre les institutions publiques pour les adapter aux réalités nationales.

Ajoutons que si deux camps politiques pourraient alimenter la contradiction durant le dialogue, à savoir l’opposition et la majorité, il serait de bon aloi que s’interposent entre eux les experts et techniciens en gouvernance électorale et en réforme des institutions afin que sorte du dialogue national quelque chose de suffisamment huilé et policé. Le Congo a l’habitude des conférences, dialogues et cérémonies de lavement des mains. Ce qui signifie que la quête de réconciliation est au cœur de son Histoire. Mais ce pays est souvent tombé dans le piège de confondre intérêt général et luttes intestines.

Comment apprendre à ne pas se regarder en chiens de faïence tout le temps, lorsque l’on envisage d’aborder avec sérénité les questions portant sur la vie de la nation ? À cinq jours du dialogue national convoqué du 11 au 15 juillet, il est impérieux que les Congolais se posent cette question et regardent la vérité en face. Rien, en effet, ne devrait constituer un obstacle à ce que les filles et les fils d’un même pays, soucieux tous de son avenir, ne se fassent pas violence pour l’engager sur la voie du salut et de la concorde.

Gankama N'Siah

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