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À propos du Salon international du Livre de Brazzaville

Dimanche 2 Novembre 2014 - 11:01

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L’information reçue la semaine dernière selon laquelle l’ancien et nouveau Maire de Brazzaville, Hugues Ngouelondélé, organisera en 2015 un Salon International du Livre est une excellente nouvelle. Elle confirme en effet, d’une part que le livre n’est pas la préoccupation du seul État congolais, d’autre part que la littérature sous toutes ses formes tend à devenir l’un des principaux outils d’influence du Congo. Pour ceux qui n’ont cessé de se battre dans les dernières années afin qu’il en aille ainsi, voir Brazzaville devenir l’une des capitales africaines, mondiales même, du livre est tout à la fois un soulagement et une reconnaissance du devoir accompli.

Ceci étant dit, qu’il nous soit permis de rappeler à ceux qui mèneront à bien ce grand et noble projet que le défi à relever est immense. Ayant réussi, non sans mal, à imposer les Livres et les auteurs du Bassin du Congo dans le cadre du très prestigieux Salon International du Livre de Paris, nous sommes bien placés pour leur donner, en toute modestie, cela va de soi, les quelques conseils que voici.

Premier conseil : ne pas céder à la tentation facile du minimalisme, mais bien au contraire organiser une rencontre de dimension mondiale dans la capitale du Congo. Dès lors que Brazzaville organise un Salon international du livre, ses dirigeants doivent avoir la même ambition que la ville de Paris et y consacrer les moyens nécessaires. C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’ils feront de cette manifestation un rendez-vous vers lequel afflueront les écrivains du monde entier ; c’est ainsi et pas autrement qu’ils imposeront progressivement leur cité comme la capitale de la littérature africaine.

Deuxième conseil : exiger des éditeurs et des pays qui participeront à ce premier Salon international une présence active, dynamique, qui attirera du premier coup une foule nombreuse. Si le stand que nous organisons chaque année au Salon du livre de Paris est devenu l’un des plus fréquentés et des plus vivants de cette manifestation, c’est d’abord et avant tout parce qu’il a été conçu pour accueillir une foule nombreuse, jeune, vivante, avide de lecture sous toutes les formes. Sans prétendre en faire un modèle, il donne une idée précise de ce qui devrait être exigé des participants.

Troisième conseil : mobiliser les puissants réseaux que la richesse du Congo dans le domaine des arts et des lettres a engendrés dans les cinquante dernières années. Nous en avons fait nous-mêmes l’expérience, les écrivains, les poètes, les universitaires, les critiques littéraires, les artistes d’origine congolaise qui vivent disséminés sur les cinq continents, et pas seulement en Afrique ou en Europe, sont capables d’attirer vers eux des publics aussi variés que nombreux. Si, d’une manière ou d’une autre, on parvient à les convaincre d’œuvrer pour la réussite du premier Salon de Brazzaville, la victoire sera acquise avant même que la bataille s’engage.

Quatrième et dernier conseil : faire en sorte que toute la population du Congo, et pas seulement les intellectuels, perçoivent cette grande manifestation comme un lieu de rencontre festif.  La preuve est faite, à Paris notamment, qu’un salon de ce type n’attire pas seulement les intellectuels, mais mobilise toutes les classes sociales, enfants et adultes mêlés, dès lors que tous y trouvent des raisons de s’instruire dans un cadre joyeux et amical. Ceci suppose, bien sûr, que le lieu choisi pour le Salon se prête à de telles rencontres, mais aussi que son animation soit bien pensée et adaptée aux attentes du plus grand nombre.

Une suggestion pour conclure provisoirement sur le sujet : l’organisation d’une croisière littéraire sur le fleuve Congo reliant pendant une semaine les ports des deux rives avec à son bord une trentaine d’écrivains provoquerait un choc intellectuel à l’échelle mondiale qui ferait du Salon International du Livre de Brazzaville l’une des rencontres intellectuelles les plus attractives du monde.

Un rêve ? Non, simplement une évidence !

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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