Afrique de l’ouest et Sahel : le djihadisme aggrave la faim dans la région

Lundi 21 Décembre 2020 - 12:15

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Alors que ces zones connaissent l'une des crises alimentaire et nutritionnelle les plus graves de ces dernières décennies, alimentée par une crise sécuritaire extrême, les experts préviennent que si rien n’est fait, la situation devrait empirer en l’espace de quelques mois.

Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) et le club Sahel de l'Organisation de coopération et de développement économiques tirent la sonnette d’alarme à ce sujet, après un constat selon lequel, depuis octobre dernier, 16.7 millions de personnes souffrent de la faim dans les pays de cet espace. Les experts avertissent que des mesures rapides devraient être prises pour éviter que près de 24 millions de personnes en croupissent d'ici à l'été, période tendue dite de « soudure » où les greniers sont vides en attendant les prochaines récoltes.

Le RPCA avance que rien qu'au Nigeria, le nombre de personnes menacées par la disette pourrait, dans quelques mois, représenter près de la moitié du total, avec quelque 12,9 millions de personnes concernées, selon les statistiques compilées, contre 9.2 millions actuellement.

Le Burkina Faso, deuxième pays le plus touché de la zone, qui compte actuellement 2 millions de personnes affectées par la faim, devrait voir ce chiffre augmenter jusqu’à 2,7 millions de personnes. En rapport avec cet état de choses, l’inquiétude gagne actuellement l’ensemble de la région après l’annonce par la FAO de la flambée des prix mondiaux des produits alimentaires de base, céréales, huile, sucre, produits laitiers et viande.

Les attaques djihadistes augmentent le nombre de déplacés

La violence perpétrée par les bandes armées, favorisant l’insécurité civile, est la principale cause de dégradation de la situation, indique-t-on. « Le djihadisme a créé quatre millions de déplacés et cela ne fait qu'augmenter, les zones d'attaques armées augmentent chaque jour », signale Sy Martial Traoré, responsable de la sécurité alimentaire pour le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel.

De son côté, Yan Saint-Pierre, qui dirige le centre d'analyse en sécurité Modern security consulting group, estime que le récent massacre, dans le nord-est du Nigeria, de 76 ouvriers agricoles égorgés par le groupe Boko Haram en pleine saison de récolte du riz, illustre la volonté de créer des pénuries, destabiliser des filières d'approvisionnement pour que les organisations terroristes puissent prendre le contrôle des secteurs agricoles.

Outre la violence armée, d’autres causes sont connues. Ce sont les invasions d'acridiens liées au réchauffement climatique et surtout de la pandémie de Covid-19 qui, selon Sékou Sangare, le commissaire à l'agriculture de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest, a « entraîné des perturbations des activités agricoles, des ruptures des chaînes d'approvisionnement local des marchés, et la perte de nombreux emplois ».

Face à la flambée des prix des denrées alimentaires et se souvenant des émeutes de la faim qui ont suivi la crise financière de 2007-2008, un ressortissant d’un des pays de l’Afrique de l’ouest dénonce « la forte concurrence d'acteurs étrangers, chinois, turcs, ou marocains qui achètent à plus de 300 F CFA le kilo d'arachide dans les villages en dehors des marchés pour constituer des stocks ».

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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