Arts plastiques : Rhode Makoumbou de passage à Brazzaville

Vendredi 1 Février 2019 - 12:15

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La célèbre artiste plasticienne vient de laisser derrière elle - et pour une quinzaine de jours - la région de Bruxelles et la neige pour le soleil de la capitale congolaise, sa ville natale. Au bout de presque 6000 km de voyage et dans ce choc thermique,  l’occasion était belle de saisir l’opportunité d’une interview un peu fantaisiste et décousue.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Alors Rhode, simple aversion pour les sports d’hiver ou nostalgie du « 3 pièces » ?

Rhode Makoumbou (R.M.):  Vrai que le « 3 pièces » est l’un de mes plats préférés  mais je suis ici de retour à Brazzaville pour préparer un projet d’une peinture murale dans un établissement culturel qui se réalisera, si tout va bien, dans une année. Je vais profiter également de ce séjour pour terminer les travaux de finition de mon atelier d’art au quartier Mansimou et créer quelques œuvres, peinture et sculpture, pour de prochaines expositions.

L.D.B.C.Tu es l’une des 200 « Change makers » du prix sud-africain « Tropics Magazine ». Parlant de changement, cela peut-il changer un peu ta personnalité ?

R.M.: Ma personnalité reste stable (rires) mais elle en ressort boostée pour de futures aventures. L’effet bénéfique d’un prix  c’est la sensation de fierté partagée par l’artiste avec son public.

L.D.B.C.: Rhode chanté et joué sur sa guitare Jacques Loubelo, mais aussi sur les réseaux sociaux ses inspirations d’art pictural ? C’est déjà le temps de la reconversion ?

R.M.: Ecrire des chansons, jouer de la guitare, ce sont des choses que j’aime bien mais je n’ai pas le désir d’être professionnelle en ce domaine. De temps en temps, j’aime accompagner mes œuvres plastiques par une ambiance musicale lors de vernissages. Alors, je  répète souvent les soirs et je fréquente un atelier musical pour recevoir quelques conseils.

L.D.B.C.: Tu as réalisé la pochette du disque « Teeru Deggoo » du groupe Toubal, pour quel grand artiste au monde aimerais-tu faire la pochette de disque ?

R.M. : C’est toujours une expérience agréable d’illustrer des pochettes de CD ou de livre et si l’occasion se présente, je suis toujours partante. Qui sait, la prochaine illustration sera peut-être pour mon premier CD personnel mais, pour répondre à ta question et si je devais choisir un artiste, j’aimerais que ce soit le chanteur congolais Fredy Massamba.

L.D.B.C. Fin juin 2018, une de tes sculptures, itinérante, ornait le Square Patrice-Lumumba, à Bruxelles. Quel itinéraire a pris désormais cette sculpture ?

R.M.: L’objectif initial de cette sculpture était de créer un événement pour revendiquer l’existence d’une place Lumumba à Bruxelles. La mission a réussi et pour le moment, l'œuvre continue son chemin à l’occasion d’activités diverses dans d’autres villes.

L.D.B.C.: En mai dernier,  tu reçois « L’African Lions Awards », catégorie Art plastique à Bruxelles lors du « Gala des leaders », mais si tu devais te réincarner dans un animal, est ce que ce serait dans la peau d’un lion ?

R.M.: Oui, d’accord pour une lionne mais sans les crocs  (rires). Je suis certes une battante mais je prône absolument la non-violence.

L.D.B.C.:Tu as participé à plus de deux cents expositions à travers dix-sept pays dans le monde. Quelles nouvelles frontières aimerais-tu traverser ?

R.M.: La Chine et le Japon m’attirent beaucoup, j’aimerais un jour y exposer. Chacun de mes voyages enrichit ma réflexion intellectuelle sur la place importante que doit occuper la culture dans l’espace social d’un pays. Je me nourris également de l’échange avec le public à chacune de mes nouvelles destinations.

L.D.B.C.: Tu as été initiée à la peinture par ton père, David Makoumbou. Pour ton fils Quentin, qui n’a que 7 ans, c'est quoi l’initiation à son jeune âge, Playstation ou arts plastiques ?

R.M.: Ah ! La réponse est difficile. Comme la plupart des enfants, ce sont tous les jeux virtuels qui les occupent principalement. C’est une lutte permanente pour passer à autre chose et ces choses avancent pas à pas puisque Quentin commence à aimer dessiner des robots (rires) et qu’il me regarde peindre parfois... J’ai également trois autres fils plus âgés qui  aiment, quant à eux, le rap, l’art plastique et la danse.

L.D.B.C.: Distinguée du Grand prix des lettres et des arts en 2012, décorée au grade d’officier de l’Ordre du dévouement Congolais, quel serait pour toi le danger du succès, le revers de la médaille ?

R.M.: Le danger du succès, c'est qu'il peut nous déconnecter de la réalité, nous monter à la tête… Pour ma part, je reste avec les pieds sur terre,  j’ai toujours gardé une attitude très sociale avec les personnes que je rencontre, que ce soit dans les expositions ou simplement dans la rue. J’ai toujours été très attentive à une relation normale entre le public et l’artiste. Je ne suis pas dans une tour d’ivoire.

L.D.B.C.: En novembre 1960, de sa prison, Patrice Lumumba écrivait sa dernière lettre à sa femme,  à qui écrirais-tu ta dernière missive ?

R.M.: Souvent on dit que « la gloire d'un savant est dans ses livres », celle d’un marchand dans « son coffre-fort ». Donc, ma dernière lettre sera adressée, pour le moment et avec humour, à mon mari /manager, Marc Somville qui veille sur mes œuvres depuis quatorze ans et qui pourrait en assurer le droit patrimonial, la pérennité.

 

 

Propos recuellis par Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Rhode Makoumbou

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