Au pape François …

Très Saint-Père, vous avez décidé, à juste raison, de vous rendre en République démocratique du Congo puis au Soudan du Sud dans les premiers jours du mois de juillet prochain. Et nous sommes tous heureux, très heureux que vous manifestiez à nouveau ainsi avec force l’attention que vous portez à l’Afrique où vit aujourd’hui l’une des plus grandes communautés chrétiennes de la planète, mais que menace la montée d’extrémismes religieux dont l’immense région du Sahel-Sahara projette l’image aussi précise qu’inhumaine.

Qu’il nous soit permis cependant, nous qui sommes de simples fidèles et qui avons été formés dans les écoles de la Compagnie de Jésus, de vous dire très respectueusement que vous ne sauriez venir à Kinshasa sans franchir le fleuve Congo et vous rendre également à Brazzaville. Ceci pour au moins trois raisons que voici résumées en quelques mots :

° D’abord, parce que le siège de l’Association des conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale, qui regroupe les évêques du Cameroun, du Congo, de la Centrafrique, du Tchad, de la Guinée équatoriale, est installé en plein cœur de Brazzaville dans un complexe de trois immeubles situé à proximité immédiate de la Cathédrale Sacré-Cœur. Et que, de ce fait, le Congo joue un rôle important dans l’affirmation de l’Eglise au sein de la communauté chrétienne de l’Afrique centrale.

° Ensuite, parce que le Congo joue un rôle important dans la prévention et la gestion des crises qui affectent le continent. Un rôle croissant dont les entretiens qui viennent de se dérouler à Oyo autour du président Denis Sassou N’Guesso, à propos de la Libye, ont donné une image très précise puisqu’était présent sur les berges de l’Alima le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdalah Alafi. Mais un rôle qui s’étend aussi à d’autres conflits parmi lesquels figure en bonne place la crise que subit la Centrafrique.

° Enfin, parce que le Congo joue un rôle essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour la protection de la nature comme l’a démontré, il y a quelques semaines, à Glasgow, l’affirmation du Fonds bleu pour le Bassin du Congo qui s’impose aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs de la protection de l’environnement. Créée à Oyo précisément il y a cinq ans, cette institution qui rassemble les Etats de l’Afrique centrale est devenue un acteur incontournable de la bataille vitale qui se déroule sur les cinq continents.

Qu’il nous soit donc permis, Très Saint Père, à nous qui sommes de simples observateurs de la scène mondiale, de dire que vous ne sauriez faire entendre en plein cœur de l’Afrique la voix de la paix, de la fraternité, de la croyance en l’au-delà sans venir à la Basilique Sainte-Anne, dire haut et fort la volonté de l’Eglise d’aider l’humanité à se protéger contre ses multiples dérives.

Puisse ce message vous parvenir et être entendu tant qu’il en est temps !