Bernard Magnier : « Sony est un auteur connu mais hélàs, peu lu… »

Samedi 14 Mars 2015 - 9:31

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Le journaliste et écrivain français Bernard Magnier, directeur de la collection « Lettres africaines » aux éditions Actes Sud est l’auteur de Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée représenté au théâtre Le Tarmac, à Paris, les 11 et 14 février dernier dans une mise en scène d’ Hassane kassi Kouyaté. Conseiller littéraire au Centre national du livre, au Centre Georges Pompidou, entre autres, Bernard est l’un des plus meilleurs spécialistes de la littérature africaine. Il évoque son amitié avec l’écrivain Sony Labou Tansi, dont on célèbre cette année le vingtième anniversaire de la mort.

LDB : Votre texte Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi a été mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté au théâtre du Tarmac à Paris, du 11 au 14 février. Êtes- vous satisfait de la mise en scène ?

Bernard Magnier : Très satisfait ! Hassane Kassi Kouyaté et les deux comédiens, Marcel Mankita et Criss Niangouna, ont parfaitement respecté l’esprit du texte (et même des textes) tout en contribuant à le(s) rendre immédiatement accessibleS au public. L’expression « théâtre documentaire » me paraît très juste pour définir le type de spectacle ainsi proposé.

Sony Labou Tansi demeure –t-il un auteur méconnu ou inconnu ?

Je dirais plutôt que Sony Labou Tansi est un auteur connu mais, hélas, peu lu. On connaÎt son nom, la place qu’il a pu occuper, ses engagements politiques. Il est mentionné dans tous les ouvrages et anthologies. Il est cité par un grand nombre d’écrivains africains comme l’un de leurs auteurs de référence. Mais il est vrai que ses livres sont peu lus désormais et que peu de ses pièces sont représentées. Le vingtième anniversaire de sa mort et les commémorations qui l’accompagneront vont sans doute susciter des initiatives. Je le souhaite vivement.

Romancier, poète, metteur en scène… pouvons nous dire que Sony incarnait la richesse et la diversité de la littérature contemporaine ?

Ce n’est pas tant le fait de s’exprimer dans différents genres littéraires qui fait sa force, beaucoup d’autres le font. C’est davantage son originalité. La puissance de sa langue, les points de vue adoptés, la façon unique qu’il avait de provoquer le lecteur, de le déstabiliser, de lui offrir un dérangement salutaire.

       Vous souvenez- vous de la première fois que vous l’avez vu ?

Oui, c’était à Lomé en 1980, à l’occasion d’un salon du livre ou d’un festival. Par la suite, nous nous sommes vus très souvent  lors de ses passages à Paris, ou pour le festival des francophonies de Limoges ou encore à Brazzaville, lorsque j’avais l’occasion de m’y rendre.

Comment s’était faite votre rencontre avec l’auteur ?

 C’est avant tout une rencontre de lecteur. J’ai lu, en 1979, La Vie et demie, que j’ai reçu comme un choc. J’ai immédiatement rédigé un article très enthousiaste et j’ai souhaité entrer en contact avec l’auteur, lui poser des questions, le rencontrer. Je lui ai écrit. Il m’a répondu très rapidement et nous avons échangé avant de nous rencontrer en 1980. Dès lors, j’ai suivi son travail d’écrivain et de dramaturge et nous sommes devenus amis jusqu’à sa mort.

Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée, est-ce un témoignage doublé d’hommage à Sony Labou Tansi ? 

C’est un spectacle qui a pour ambition de retracer la vie et l’itinéraire de création de ce météore, décédé à 47 ans. Nous présentons sa vie tout en feuilletant son œuvre. Et nous souhaitons ainsi faire découvrir ou redécouvrir son œuvre. Si les spectateurs ont envie de lire ses livres en sortant du théâtre, le but est atteint. Il l’a été à Paris où plus de 350 livres ont été vendus à l’issue des quatre jours de représentation. C’est effectivement une manière de lui rendre hommage mais le côté pompeux…

Plusieurs auteurs se revendiquent de son école…

Oui certains avec raison et talents, d’autres ont parfois la filiation un peu… distante.

 

A suivre sur le stand

Dimanche 22 mars – 17h30

En tête à tête….. avec Bernard Magnier pour un hommage à André Brink

Ce grand écrivain sud-africain est décédé le 6 février dernier. Tête à tête avec son éditeur en France, Bernard Magnier, directeur de la collection « Lettres africaines » chez Actes Sud et Sophie Ekoué, journaliste et critique littéraire sur RFI

Dimanche 22 mars – 18h

Sony Labou Tansi & Sylvain Bemba : 20 ans déjà !

2015 marque le vingtième anniversaire de leurs disparitions. Sony Labou Tansi, écrivain congolais dont les œuvres majeures ont été plébiscitées dans les domaines du roman, du théâtre et de la poésie et Sylvain Bemba souvent surnommé « le passeur » dans cette phratrie des écrivains congolais. Des spécialistes nous feront part de leurs témoignages sur ces figures emblématiques de la littérature africaine.

Avec Bernard Magnier, auteur de la pièce « Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi », André Patient Bokiba (Sylvain Bemba, l’écrivain, le journaliste, le musicien, L’Harmattan), Nicolas Martin-Granel, spécialiste de l’œuvre de Sony Labou Tansi et Jacques Chevrier, universitaire spécialiste de littérature africaine.

Lundi 23 mars  - 11h

La place de la littérature africaine dans l'édition française

Petites ou grandes maisons d’édition, collections à part ou catalogue général, la littérature africaine est bien présente dans le paysage éditorial français. Tour d’horizon avec quatre professionnels.

Avec Sylvie Darreau (La Cheminante), Bernard Magnier (Actes Sud), Laure Leroy (Zulma) et Anne-Marie Métailié (éd.Métailié)

 

Modérateur : Dominique Loubao, ingénieure culturelle, présidente du salon Plume noire

Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

Le journaliste et écrivain français Bernard Magnier