Burundi : Gitega enregistre des avancées multiformes

Mercredi 15 Juin 2022 - 18:20

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Deux ans après l’élection de l’actuel président, Evariste Ndayishimiye, des observateurs disent que son pays connaît une ouverture certaine, notamment à l’international, même si les violations des droits humains ne semblent pas avoir totalement pris fin. Dans ce contexte, les Occidentaux soutiennent qu’il est temps de renforcer la coopération avec le Burundi, mais l’opposition appelle à ne pas encore reprendre le partenariat.

Si depuis son arrivée au pouvoir en mai 2020 l’on croyait qu’il allait s’inscrire dans le pas de son prédécesseur et guide du parti au pouvoir, le constat qui se dégage semble être différent. En effet, l’on remarque que le chef de l’Etat burundais cherche à rompre avec Pierre Nkurunziza, dont le troisième mandat controversé avait déclenché, à partir de 2015, une profonde crise politique, marquée par une répression féroce et l’exil de quelque 400 000 Burundais. C’est du moins ce qu’affirment certains analystes. « Evariste Ndayishimiye a amené un souffle d’air frais sur le Burundi, c’est à mettre à son crédit et semble vouloir améliorer les choses », confie un diplomate en poste à Bujumbura, la capitale économique, qui a requis l’anonymat.

Dans le souci de vouloir asseoir la paix dans le pays, les autorités burundaises se disent prêtes « à dialoguer » avec les groupes rebelles basés dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il s’agit notamment du RED-Tabara, le plus actif des groupes rebelles burundais, considéré comme « terroriste » par les autorités, ainsi que des Forces nationales de libération (FNL). « Si le RED-Tabara et les FNL demandent à négocier, nous sommes prêts à les accueillir et à dialoguer avec eux », a déclaré récemment le président. « C’est le rôle du gouvernement que d’écouter les doléances de tous ses enfants et d’apporter des réponses », a-t-il ajouté, rappelant un adage kirundi, une langue locale, selon lequel « la place d’un vaurien est dans son pays ».

« Sur l’international, c’est très clair, ce sont des avancées très nettes. Le Burundi reprend sa place sur la scène internationale alors qu’il s’était auto-isolé », fait remarquer un autre diplomate, précisant que Pierre Nkurunziza s’était enfermé dans son pays alors qu’Evariste Ndayishimiye s’est rendu à l’ONU, à Bruxelles, à Dubaï.

Des ONG évitent toujours de travailler sur des questions sensibles

L’amélioration de la situation au Burundi a été signalée ces derniers mois par les Etats-Unis et l’Union européenne, principal bailleur du pays classé comme le plus pauvre au monde en produit intérieur brut par habitant. Les deux parties ont, par conséquent, annoncé lever leurs sanctions et reprendre les aides destinées au pays. C’est dans ce contexte que des jeunes burundais membres de l’initiative VisitBurundi se proposent de taguer leur pays sur la carte mondiale du tourisme. « Nous avons décidé de montrer la beauté de notre pays, de montrer la culture, pour enfin changer l’image de notre pays, différente de celle qu’il a à l’étranger », explique Bruce Niyonzima, 27 ans, à Bujumbura. « On veut que les Burundais et les étrangers viennent visiter notre pays car c’est un bon pays qui a beaucoup de choses à montrer », poursuit-il.

Si les Occidentaux saluent une embellie de la situation au Burundi depuis l’élection d’Evariste Ndayishimiye en mai 2020 à la présidence du pays, l’opposition burundaise conteste quant à elle ce progrès. Des voix s’élèvent sur place, appelant la communauté internationale à ne pas reprendre la coopération avec Gitega, où les droits de l’homme ne seraient pas encore respectés.

« Il y a certains aspects où il n’y a eu aucune évolution, je pense notamment à la torture, aux enlèvements, aux disparitions forcées », estime Carina Tertsakian de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, basée à l’étranger. S’agissant des partis politiques, certains experts notent que quelques formations d’opposition, comme le CNL (Congrès national pour la liberté) d’Agathon Rwasa, sont certes autorisées mais muselées par le Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie qui se comporte en parti unique.

En ce qui concerne la société civile, Faustin Ndikumana, président de l’organisation non gouvernementale Parcem, signale que celle-ci se censure. « Beaucoup d’organisations de la société civile, et surtout celles qui sont sur place, évitent de travailler sur les questions sensibles de gouvernance, de droits de l’Homme », précise-t-il.

 

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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