Opinion

  • Le fait du jour

Plus il dure

Samedi 5 Juillet 2025 - 20:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Oui. Plus le conflit en Ukraine se prolonge, plus l’inimitié entre les belligérants s'enracine. Entré dans sa quatrième année le 24 février dernier, il oppose aussi indirectement la Russie à plusieurs pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Le soutien de long terme promis à l'Ukraine étant loin de faiblir, il est difficile d'envisager une issue rapide des hostilités.

De part et d'autre, les déclarations des dirigeants à Moscou, Kiev, Paris, Londres, Berlin et Washington dévoilent l'étendue du fossé qui se creuse chaque jour entre les parties. Si l'on avait un temps misé sur le président des États-Unis pour avancer vers la paix au regard de la reprise du dialogue entre la Maison Blanche et le Kremlin, le constat général est bien plus contrasté : à ce jour, aucun déclic ne s'est produit pour fixer les esprits sur une éventuelle sortie de crise.

Bien sûr, le téléphone sonne plus ou moins régulièrement entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Leurs pays ont nommé de nouveaux ambassadeurs et les officiels des services de renseignement respectifs, la CIA pour les États-Unis et le SVR pour la Fédération de Russie, se sont adressés la parole par téléphone à la fin du mois dernier, promettant de se relancer en temps opportun. Mais rien de bien spécial concret sur la mise en place d'un mécanisme de dialogue circulaire entre Moscou, Kiev et Washington.

Au fond, la volonté de discuter y est comme le prouve le cycle des échanges de prisonniers. Mais elle se heurte à un mur de pesanteurs quasi infranchissable. La situation sur le terrain militaire a beau évoluer en faveur de l'un des belligérants, la Russie en l'occurrence, la résistance et le refus de toute concession par l'Ukraine dont quelque 20% du territoire sont aux mains de son ennemie a tendance à inscrire la guerre de l'Est de l'Europe dans la durée.

À propos justement de l'Europe, en particulier celle des 27, si les pays membres ne sont pas entièrement unanimes sur les schémas du soutien apporté à l'Ukraine, le noyau « dur » de l'opposition à la Russie ne lâche pas prise. La France et l'Allemagne, puis la Grande Bretagne, rejettent l'hypothèse de voir la Russie sortir « indemne » de cette confrontation.

Il ne faut pas cependant négliger l’effet d'entraînement touchant les pays frontaliers de la Russie membres de l'OTAN. Tous épousent la thèse d'une menace venant du grand voisin russe et prennent des précautions allant de la fortification de leurs frontières à l’adoption de diverses mesures de rétorsion. Moscou n'est pas en reste qui corse elle aussi les dispositions de sécurité le long de ses frontières avec les pays concernés. Ces initiatives façonnent un modus vivendi qui a jeté son dévolu sur la peur de l'autre.

À tort ou à raison, la rupture du dialogue opéré depuis plus de trois ans n'augure rien de mieux. Et quand des ennemis non déclarés officiellement savent qu'ils se battent, mais férocement par tous les moyens, la crainte peut venir du non-respect des règles de la guerre. Or c'est bien ce à quoi l'on assiste dans le conflit russo-ukrainien. Il est alimenté dans l'ombre d'une rancœur implacable entretenue par des acteurs qui jurent de ne pas se pardonner ni un possible échec ni une possible victoire.

Jusqu'à ce que, peut-être, cette rencontre projetée entre les présidents américain, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine, dessine les contours d'une paix des braves ?  De brave, à la vérité, il n’aura que l'amer constat qui est que cette guerre qui aurait pu être évitée a hélas éclaté. Avec autant de milliers de vies emportées, elle n’a que trop duré et devrait absolument s'arrêter.

En ajoutant à ce récit complexe l’entretien téléphonique de plus de deux heures, le 1er juillet dernier, entre les présidents français et russe, le premier depuis 2022, on a envie de dire que tout n’est pas perdu. Même s’ils ont campé sur leurs positions concernant le conflit en Ukraine, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont néanmoins donné la preuve que seul le dialogue peut aider à rétablir la confiance et construire la paix. Il est bon de ne pas briser cet élan de cœur par une rancune inflexible.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles
▶ 5/7/2025 | Plus il dure
▶ 28/6/2025 | Une amitié de 65 ans
▶ 14/6/2025 | À petits pas
▶ 10/6/2025 | Malaise en CEEAC
▶ 30/6/2025 | La donne politique en RDC
▶ 23/6/2025 | 1000 fois 2