Camp militaire Kokolo : quatre fils du directeur de la Prison centrale de Makala infligent un traitement dégradant à l’épouse d’un lieutenant

Mercredi 25 Décembre 2013 - 16:32

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Le lieutenant colonel Kabisa, qui minimise les actes commis pas sa progéniture, tente d’utiliser son rang dans l’armée en vue de soustraire ses enfants devant la justice.

La Voix des sans-voix pour les droits de l’home (VSV) a offert, au début de la semaine, une tribune à l’épouse du lieutenant Désiré Bwanovola, Anne Mukeina Kiluba, pour dénoncer des actes de violence dont elle a été victime, le 7 décembre au camp Kokolo, de la part de quatre fils du directeur de la prison centrale de Makala (PCM), le lieutenant colonel Kabisa. « Ils m’ont frappée, m’ont arraché des mèches et m’ont déshabillée en public. A présent, les conséquences visibles sont cette plaie que j’ai à la bouche, causé par un coup de planche qu’ils ont utilisée pour me battre, ainsi que des douleurs que j’ai sous la ceinture », a-t-elle expliqué.

Pour soutenir ces accusations, la victime a brandi une photo d’elle prise après ces violences. Dans cette image, on l’a vue la bouche enflée et saignante, avec une plaie à la lèvre supérieure, ainsi qu’une chemise déboutonnée et imbibée de sang. Elle a également brandi la photocopie d’une décharge signée par le père de ses agresseurs, le lieutenant colonel Kabisa, qui lui avait permis de retirer un des ses fils « d’entre les mains de l’officier de permanence PM pour lui administrer les soins ».

La démarche d’Anne Mukeina est motivée, selon elle, par sa crainte de voir l’intervention de cet officier supérieur de l’armée consacrer l’impunité de ses bourreaux, en les soustrayant devant la justice. Elle a soutenu ses allégations par le retrait de l’un de ses agresseurs, Josué Kabisa, au cachot de la police militaire, par leur père, en signant une simple décharge ainsi que par les « faux » témoignages faits devant l’auditorat militaire qui ont notamment permis une descente en leur domicile des militaires pour arrêter son mari.« Il a prétendu que son fils devrait suivre des soins alors que quelques minutes après, ce garçon est revenu nous défier, en plaçant sa chaise devant notre maison et en se moquant de nous », a soutenu la victime, qui portait un pansement sur sa lèvre supérieure blessée.

Un conflit parcellaire

Dans ses explications, Anne Mukeina a noté que le conflit qui oppose sa famille à celle du lieutenant colonel Kabisa serait lié aux limites de leurs parcelles, au camp Kokolo. A l’en croire, le directeur de la PCM et sa famille n’ont jamais accepté les limites de leurs « parcelles respectives », voulant ainsi étendre son espace jusque devant la maison du lieutenant Bwanovola. « Ils ont planté des fleurs jusque devant notre maison et da ns leur vie de tous les jours, ils laissent l’espace qu’ils ont pour s’installer devant notre maison où ils se servent à manger », a expliqué Anne Mukeina.

A l’en croire, pour éviter tout conflit entre son mari, le lieutenant Désiré Bwanovola, et son supérieur, le lieutenant colonel Kabisa, ils ont préféré soumettre ce problème aux responsables du camp mais, aucune solution n’a pu être trouvée jusqu’au jour où les fils de l’officier supérieur ont décidé d’utiliser la violence pour mettre fin à ce conflit. « Ils crient tout haut que personne ne pourra les arrêter et que même arrêtés, ils ne feront pas plus d’une journée à la prison, étant donné que leur père est l’actuel directeur de cette institution carcérale », a expliqué la victime.

Pour le coordonateur de la VSV, Peter Ntumba, nul n’est au dessus de la loi. « Ces enfants ne peuvent pas se prévaloir du grade de leur père pour créer la désolation dans le milieu où ils vivent », a-t-il souligné.

Pour cet activiste des droits de l’homme, qui dénonce avec sa dernière énergie, ces actes qui souillent l’honneur de la femme, tout agissement qui porte préjudice requiert réparation, surtout en ce moment où le monde entier s’est mobilisé contre les violences faites à la femme. « La justice doit être faite en vue de refuser de consacrer l’impunité », a-t-il soutenu.

Anne Mukeina a, par ailleurs, indiqué qu’après s’être éclipsés pendant trois jours, les auteurs des actes de violence dont elle avait été victime ont refait leur apparition au camp Kokolo, rassurés par l’intervention de leur père. Alors qu’au niveau de l’auditorat militaire où l’affaire a été portée, les choses ne tournent pas rond. « On nous dit d’attendre la fin de mes soins en vue de soumettre les dépenses occasionnées par cette situation au lieutenant colonel », a-t-elle expliqué avec regret.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 et 2: la victime Anne Mukeina entourée des membres de sa famille et le coordonnateur de la VSV, devant la presse. Photo 3: la photo de la victime, après les violences.