Catastrophe naturelle : l’Italie dans l’après séismeLundi 29 Août 2016 - 11:15 Le tremblement de terre de mercredi dernier a fait un total provisoire de 291 morts. Les secouristes continuent de fouiller les débris. Le futur s’organise. Tout une nation s’est recueillie samedi matin, jour des funérailles d’une partie des victimes du tremblement de terre de mercredi dernier au centre de l’Italie. Les plus hautes autorités politiques : le président de la République Sergio Matarrella ; le président du Conseil (Premier ministre) Matteo Renzi et les présidents des deux chambres du Parlement ont pris part à la messe, émouvante, dans un gymnase d’Ascoli Piceno, une des localités les plus touchées par le séisme dans la région des Marches. Le grand moment d’émotion a été lorsqu’a été porté vers le cimetière le cercueil blanc de Giulia, une fillette morte sous les gravats en protégeant sa petite sœur qui, elle, a survécu. « Que dire en pareilles circonstances ? », s’est interrogé Mgr Giovanni D'Ercole, l’évêque du lieu pendant la messe. « Se taire, se recueillir et pour moi, prier », a-t-il recommandé. Il n’est pas certain si les fidèles mettront une telle exhortation en pratique. Il est sûr, par contre, que beaucoup parmi les personnes venues à cette cérémonie retransmise en direct avaient le cœur gros « devant le comportement des politiques ». « Ils sont venus aujourd’hui, vont nous saouler de mots et vont s’en aller. Rien ne changera », a confié un habitant à la presse. C’est que chez tous il y a l’exemple de qui ne pas se répéter. En 2009, en plein sommet du G-7 des plus grandes puissances économiques du monde sans la Russie, un tremblement de terre avait fait 300 morts pas trop loin de l’épicentre actuel, à L’Aquila. Lui aussi avait été d’une magnitude de 6,2 sur l’échelle de Richter. Mais malgré le formidable élan de solidarité manifesté y compris par les premières dames des pays du G-7, des habitants continuent de dormir dans des baraquements aujourd’hui. Même cas de figure pour le tremblement de terre, moins meurtrier, de l’Emilie Romagne qui causa de gros dégâts au patrimoine architectural, en 2012. Toujours les fonds récoltés ne vont pas là où il faut. Et des magistrats ont même pu établir qu’une collusion de certains politiques et de la mafia a commencé à se constituer en spécialiste de siphonage des sommes publiques récoltées. Sera-ce la même chose cette fois ? L’actuel Premier ministre a senti le besoin de ne pas se répandre en vaines promesses. « Dites-moi de quoi vous avez besoin, nous ferons l’impossible », a tout simplement dit M. Renzi aux élus des trois provinces touchées: les Marches, les Abruzzes et une partie du Latium (la région de Rome). « Nous ne vous abandonnerons pas », a dit pour sa part le président Sergio Matarrella en serrant des mains, et même en embrassant certains des habitants affectés. Le gouvernement qui a déjà débloqué une première enveloppe d’urgence de plus de 50 millions d’euros veut engager l’ensemble de l’Italie, pays réputé sismique, à repenser la construction des habitations et des bourgades. Avec le service de Protection civile, au cœur des activités de secours, un vaste plan de prévision des tremblements de terre et de préparation à des événements similaires pour le futur est annoncé. L'Italie appelle à bénéficier le plus rapidement possible du fonds de solidarité de l'Union européenne. L’hiver, et donc le froid, vont bientôt arriver. La plupart des localités touchées par l’actuel séisme se situent en zone de montagne où les températures, même en été, baissent très sensiblement la nuit. Il faut loger au mieux les plus de 2500 personnes restées sans abri. L’élan de solidarité nationale et internationale a déjà fait converger des montagnes de couvertures et de produits de première nécessité. Une collecte organisée par téléphone portable a engrangé plus de 6 millions d’euros dimanche. C’est l’argent qu’il faut maintenant pas autre chose, répètent les secouristes. Le bilan provisoire des victimes s’élevait dimanche matin à 291 morts. Parmi eux, au moins 16 étrangers. Il s’agit de touristes ou de personnes installées de longue date en Italie, mais il ne semble pas qu’il y ait des victimes africaines cette fois, contrairement au tremblement de terre de 2009 à L’Aquila. Pour l’instant, on déplore la mort de dix Roumains, trois Britanniques, une Espagnole, un Salvadorien et une Canadienne. Geste remarquable : des réfugiés africains sont venus à Amatrice se joindre aux secouristes et déblayer les gravats en signe de remerciement à cette Italie qui les a accueillis. Lucien Mpama Notification:Non |