Centrafrique : situation sécuritaire et humanitaire très préoccupante à Bangui

Dimanche 29 Décembre 2013 - 15:15

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Une mission conjointe des ministres en charge des Affaires étrangères du Congo et  du Tchad, assistée du Commissaire de l’Union africaine chargé de la paix et de la sécurité, a qualifié samedi à Bangui d’extrêmement délétère la situation qui prévaut en République centrafricaine, qui baigne dans une spirale de violence

Conduite par le ministre congolais des Affaires étrangères, Basile Ikouebé, son homologue du Tchad, Mahamat Faki, et du commissaire du département Paix et Sécurité de l’UA, Smaël Chergy, la mission est arrivée à Bangui dans un contexte difficile, au regard de la confusion qui règne actuellement dans ce pays où la population ne semble plus avoir confiance dans les institutions de transition, notamment le président Michel Djotodia, dont ils réclameraient la démission.

« Nous avons voulu savoir ce qui se passe au sein des instances de la transition en matière de cohésion que nous appelons de nos vœux. Pour surmonter les obstacles, il est prévu un remaniement d’ici quelques jours », a indiqué le ministre Basile Ikouebé. La mission se fixait aussi comme but de s’entretenir avec ces autorités centrafricaines de transition sur le leur manière de gérer la situation à ce jour et sur la suite de la mise en œuvre de la feuille de route de transition.

 En vue d’une meilleure appréciation de la situation dans ce pays où la situation est jugée actuellement très difficile, la mission s’est entretenue tour à tour avec les responsables en charge de la Misca, des représentants des agences humanitaires, de la communauté internationale, des représentants de la société civile ainsi que des confessions religieuses, tous considérés comme des acteurs pouvant concourir au rétablissement de la paix et la sécurité. « Notre souci est de gérer cette crise de manière concertée en impliquant tous les partenaires. Nous devons aujourd’hui travailler main dans la main en allant tous dans la même direction », a indiqué Basile Ikouebé, qui a salué le rôle moteur joué par la France en mobilisant la communauté internationale autours de la République centrafricaine.

La Misca face aux multiples défis

La Misca à pris les rênes le 19 décembre en remplacement de la Micopax. Selon son représentant spécial, le général de division Jean-Marie Michel Mokoko, à peine installée, elle est tombée dans une situation qui aurait pu la détourner de son objectif principal, à savoir restaurer la paix, la sécurité et rétablir l’ordre public.

Face à l’attaque du 5 décembre, elle a été obligée d’entrer dans une opération de police la plus délicate parce que les anti-balakas sont mélangés à la population, ce qui demande beaucoup de tact et de doigté pour ne pas faire de victimes collatérales.

La mission internationale de soutien à la Centrafrique est par ailleurs appelée à relever de grands défis pour espérer atteindre ses objectifs. Malgré ses hommes et la volonté de ces dirigeants, cette mission de la paix manque des moyens nécessaires. Il s’agit notamment des moyens financiers et logistiques liés à son opérationnalisation, tels que les hélicoptères et la communication mais aussi la stigmatisation des contingents. « Ce qui est regrettable c’est la stigmatisation des forces de la paix qui se trouvent en Centrafrique. Car il n’est pas admissible que celles-ci soient la cibles de qui que ce soit », s’est plaint le ministre tchadien des Affaires étrangères.

Outre ces défis qui sont d’ordre matériel et financier, les autres défis de la Misca résident dans l’insuffisance d’hommes en attendant l’arrivée, dans dix jours, des contingents du Rwanda et de la République démocratique du Congo pour atteindre les  six mille hommes prévus par l’Union africaine.

Le comportement des troupes congolaises est fortement apprécié des Centrafricains.
Les Congolais, tout comme les contingents d’autres pays, sont à Bangui pour une mission bien précise. En leur qualité de soldats de la paix, ces braves soldats déterminés à aller au bout de leur mission évoluent cependant, comparativement aux autres contingents, dans des situations quelquefois précaires, en témoignent certains d’entre eux sous couvert d’anonymat. Positionnés dans certaines localités en première ligne, les contingents congolais évoluent pour la plupart sans casque de protection ni gilet pare-balles.
« Nous évoluons dans des conditions difficiles sur le terrain. Nous déplorons le fait que les nous sommes quasiment le seul contingent sur le terrain qui n’est pas équipé en casques de protection et gilets pare-balles », a nous a confié un adjudant. « Si nous étions équipés en gilets, nos deux collègues seraient peut-être blessés mais par morts, car un de nos frères d’armes du Cameroun a récemment échappé à la mort grâce au gilet pare-balles dont même les journalistes étrangers disposent », nous a fait savoir un sergent de l’UPC. Toutefois, déplorant la tuerie dans la nuit du 26 au 27 décembre de deux agents des forces armées congolaises, le ministre congolais de la Défense, le général Charles-Richard Mondjo a précisé : « Sous la conduite de l’Union africaine, les Congolais continueront, en cohésion avec les autres contingents, à accomplir leur mission jusqu’à ce que la RCA retrouve la paix. »

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Séance de travail entre les ministres congolais et tchadiens avec le président de la transition, Michel Djotodia. (© Adiac) ; Photo 2 : Le ministre Basile Ikouebé saluant les responsables de la Misca à son arrivée à Bangui, le 28 décembre. (© Adiac) ; Photo 3 : Un dispositif de la Misca à Bangui. (© Adiac)