Changement de la constitution : la marche inexorable vers un dialogue national ?

Samedi 3 Janvier 2015 - 15:15

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Le débat sur le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 est désormais lancé. Le Parti congolais du travail (PCT) qui avait pris du temps pour s’y engager a ouvertement annoncé son adhésion au changement à l’issue de la quatrième session ordinaire de son comité central.

Face au débat, quelques acteurs politiques et de la société civile proposent la tenue d’un dialogue pour débattre sereinement de la question, en vue d’en dégager un consensus national. Une idée partagée par le secrétaire général du PCT, Pierre Ngolo, qui, dans son discours de clôture de la session précitée, déclarait que « le débat sur le changement de la constitution n’est pas un diktat du PCT sur les autres partis politiques. Il doit se  faire autour d’un dialogue citoyen afin d’obtenir un consensus. »

Cependant, les partis de l’opposition et une partie de la société civile désapprouvent l’inscription à l’ordre du jour de ces assises de la question sur le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Visiblement, les acteurs sociaux et politiques congolais devraient, pour l’intérêt de la nation, accorder préalablement  leurs violons sur  la nature et le contenu des questions à débattre au cours des futures assises annoncées. Telle a été l’invite formulée par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, dans son message de vœux à la nation, le 31 décembre 2014.

En attendant, c'est la surchauffe dans les états-majors politiques et au sein de la société civile.

Deux sons de cloche à la majorité

La question semble diviser la majorité présidentielle. Le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), un des partis de la majorité, a donné le ton par son secrétaire général, Guy Brice Parfait Kolelas. Ce dernier, qui s’exprimait sur les antennes de RFI, le 3 janvier, pense que rien ne justifie actuellement le changement de la constitution parce que le Congo ne traverse pas une crise politique. Selon lui, le prochain dialogue, s’il pourrait se tenir, inscrirait à son ordre du jour l’amélioration du processus électoral et les autres questions liées à la gouvernance publique.

Oui au dialogue. Mais...

Les partis politiques se réclamant de l’opposition républicaine, réunis autour de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), se disent favorables au dialogue à la seule condition qu’il n’inscrive pas à son ordre du jour la question sur le changement de la  constitution du 20 janvier 2002. Car, avait argumenté le premier secrétaire de l’Upads au cours d’une conférence de presse organisée à Brazzaville, que « rien ne justifie actuellement le changement de la constitution à une année de la fin du mandat du Président de la République, si ce n’est pour vouloir donner à celui-ci la chance de briguer un troisième mandat ». Procès d’intention ou simple calcul politicien. L’histoire nous donnera la réponse. Pour Pascal Tsaty Mabiala, le prochain dialogue devrait essentiellement porter sur l’amélioration du processus électoral et la consolidation de la démocratie. Il s’agit de faire l’évaluation des recommandations des concertations politiques de Brazzaville, d’Ewo et de Dolisie.

Cette démarche est presque similaire à  celle des partis de l’opposition regroupés au sein de l’Alliance pour la démocratie et la république (ARD) que dirige l’ancien ministre des Finances, Mathias Dzon. Cette coalition des formations politiques propose la tenue des états généraux de la nation en lieu et place du dialogue politique, deux notions pas trop loin l’une de l’autre, dans le fond. Seulement leur  proposition est assortie d’un préalable formel : « Ne touche pas à ma constitution ». Dilemme !

Un peu d'eau dans le vin

Les autres partis politiques de l’opposition tels que le Congrès pour l’action et la république (CAP), le Congrès pour la démocratie et la république (CDR), le Parti républicain et libéral (PRL), le Parti pour la républiquemâ et bien d’autres organisations soutiennent la tenue d’un dialogue national pour, disent-ils, épargner le pays des troubles socio-politiques parfois préjudiciables. Selon ces partis politiques, l’ordre du jour et les thèmes à débattre feront partie des débats au cours de ces assises.

La société civile à travers l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral de Loamba Moké et l’Association panafricaine Thomas Sankara de Céphas Germain Ewangui mettent un peu d’eau dans leur  vin. Le premier a rallié l’Initiative pour l’apaisement créée par les partis du centre et coordonnée par Jean Michel Bokamba Yangouma. Le second plaide pour une relecture de la constitution du 20 janvier 2002. Relecture ou réaménagement, un jeu de mots qui n’indique pas clairement la nature de l’opération qui devrait être effectuée.

Climat politique lourd

Voilà toute la difficulté de ces prochaines assises au cas où elles se tenaient. L’expérience a montré que les réunions qui commencent par les préalables demeurent les plus compliquées à tirer leur épilogue. Mais elles accouchent, souvent, de meilleures recommandations en dépit des soubresauts qui en jalonnent le déroulement. Le cas de la conférence nationale de 1991 en est un exemple éloquent.  Espérons qu’il en sera ainsi du prochain dialogue sur le changement de la constitution dont la convocation, la date et le lieu sont attendus impatiemment par tous les Congolais soucieux de la décrispation du climat politique actuel qui s’alourdit chaque jour qui passe.

 

Roger Ngombé