Choléra en RDC : l’urgence nationale que personne ne peut ignorerMercredi 10 Décembre 2025 - 17:44 Seize provinces touchées, des enfants décimés et un plan sous-financé : Kinshasa fait face à une crise sanitaire majeure. La République démocratique du Congo fait face à sa plus grave épidémie de choléra depuis un quart de siècle, alerte l’Unicef dans un rapport publié le 8 décembre. Depuis janvier, 64 427 cas ont été enregistrés, dont 1 888 décès. Les enfants représentent plus d’un quart des contaminations, soit 14 818 cas et 340 décès, un niveau jugé « inadmissible » par l’organisation. « Il est inacceptable que les enfants congolais soient si durement touchés par une maladie entièrement évitable », dénonce John Agbor, représentant de l’Unicef en RDC. Il appelle à des investissements massifs dans l’eau, l’assainissement et les services de santé, notamment dans les zones les plus touchées. Une propagation massive : 17 provinces affectées, Kinshasa incluse L’épidémie touche désormais 17 des 26 provinces, y compris Kinshasa, généralement épargnée. En moyenne, 23,4 % des cas concernent des enfants, un taux qui grimpe dans certaines zones vulnérables. Dans la capitale, un foyer d’accueil a été ravagé par la maladie : 16 enfants sur 62 y sont morts en quelques jours, révélant l’extrême fragilité des structures d’accueil et la rapidité de propagation du choléra. Accès insuffisant à l’eau et à l’assainissement : un terrain propice Selon l’Enquête démographique et de santé (2024–2025), seuls 43 % des Congolais ont accès à une source minimale d’eau potable, le taux le plus faible d’Afrique subsaharienne, et à peine 15 % disposent d’un assainissement de base. Ce déficit structurel, accentué par les conflits à l’Est, les déplacements de population, les inondations et une urbanisation incontrôlée, favorise les flambées épidémiques. À Kinshasa comme à Goma, la méconnaissance des symptômes et les retards de prise en charge aggravent la mortalité. Des plans nationaux ambitieux… mais gravement sous-financés Le Plan multisectoriel pour l’élimination du choléra (PMSEC 2023–2027), doté d’un budget de 192 millions de dollars, reste très en deçà de ses besoins. L’examen à mi-parcours mené en mai 2025 recommande un renforcement de la coordination, mais surtout un financement d’urgence. Une initiative parallèle, « Fleuve Congo sans choléra », s’efforce d’améliorer l’hygiène dans les ports et d’assurer l’accès à l’eau potable le long du fleuve, mais ses effets restent limités. L’Unicef en première ligne, mais des ressources insuffisantes Entre janvier et octobre 2025, l’Unicef a sensibilisé 13,5 millions de personnes aux gestes de prévention. Pourtant, l’organisation alerte : « Le financement pour 2026 est extrêmement fragile », prévient John Agbor. L’Unicef estime à 6 millions de dollars les fonds nécessaires pour maintenir une capacité d’intervention rapide. Cette épidémie, l’une des plus meurtrières en 25 ans, révèle l’urgence d’un engagement national et international renforcé pour garantir un accès durable à l’eau, à l’hygiène et à la santé pour des millions de familles. Noël Ndong Notification:Non |










