Cinéma : « Sœur Oyo », le nouveau film de Monique Mbeka Phoba

Lundi 26 Mai 2014 - 16:15

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La première fiction de la réalisatrice belgo-congolaise  relate la vie de petites filles scolarisées dans un pensionnat congolais dans les années 50.

Le tournage du film a eu lieu en 2013 à Mbanza-Boma dans le Bas-Congo. Godelive, personnage principal,  est une petite fille solitaire et introvertie qui a du mal à trouver sa place auprès de ses camarades. Elle éprouve des difficultés à maîtriser la langue française et subit les brimades des autres élèves. La jeune écolière se réfugie ainsi dans un monde de souvenirs où elle se remémore les moments passés avec sa grand-mère.« Sœur Oyo est tirée d’une anecdote familiale que m’a racontée ma maman. Quand elle était une petite fille, elle était au pensionnat de Mbanza-Mboma, au coeur de la forêt du Bas-Congo. Dans ce pensionnat, il y avait beaucoup de serpents qui s’introduisaient souvent la nuit dans le dortoir et ma mère mourait de peur. Quand j’ai voulu aller un peu plus loin avec cette toute petite histoire, je me suis aperçue que je tombais sur une mine au niveau historique car le pensionnat de Mbanza-Mboma a été la seule école pour filles congolaises dans le secondaire pour tout un immense pays comme le Congo. Dans l’histoire du pays, ce pensionnat représente un lieu, une ambiance, un univers tout à fait extraordinaires et exceptionnels », explique la réalisatrice à culturopoing.com. « Je suis revenue dans cet endroit, bien des années après ma mère  et je l’ai retrouvé pratiquement tel qu’il était avec une sœur âgée de 80 ans, mais qui, à l’époque du film, était cette petite fille, Godelive. J’ai eu beaucoup de chance parce qu’elle était toujours vivante, elle était la mémoire de cet endroit et elle m’a, quelque part, permis d’arriver à fortifier la narration du film. Grâce à ce qu’elle m’a raconté, j’ai pu concevoir l’histoire de Sœur Oyo », a-t-elle poursuivi.

Première diffusion en Juin à Kinshasa

En dehors de la réalisation, Monique Mbeka Phoba a rédigé le scénario et produit elle-même ce film de 23 minutes joué par des très jeunes comédiennes. Le film a été présenté en avant-première le 3 mai au centre culturel Jacques-Franck, à Saint-Gilles à Bruxelles. Il sera également présenté en ouverture de la première édition du festival « Cinéma au féminin » qui se tiendra à Kinshasa du 10 au 14 juin. Afin de pouvoir réunir les fonds nécessaires pour pouvoir distribuer sa nouvelle œuvre cinématographique dans divers festivals et salles, Monique Mbeka Phoba a lancé un crowdfunding sur le site kisskissbankbank.com. La collecte doit servir principalement à clôturer les dépenses encore en cours du film, de promouvoir  la sortie du film en octobre dans un cinéma de Bruxelles, de booster la communication du film, tout au long de sa période d'exploitation et d’éditer le DVD. Selon la réalisatrice, le public de la société civile visé par ce film est très large, car l'histoire de « Soeur Oyo », à cheval entre des problématiques d'histoire et de postcolonialité, de genre et d'intergénérationnalité, comme de diversité et de conflits culturels, peut intéresser de larges franges de la population belge, congolaise, belgo-congolaise et même mondiale, pour permettre des échanges et des débats encore inédits.

Patrick Kianimi

Légendes et crédits photo : 

L'affiche du film