Congo vers 2022 : récession et résilience

Vendredi 24 Décembre 2021 - 13:00

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Une crise économique qui s’essouffle assez lentement, une pandémie de covdi-19 toujours présente mais moins sévère au Congo qu’il y a quelques mois encore, des attentes sociales multiples, des élections législatives et locales en vue : autant de questions qui pourront figurer au menu du message sur l’état de la Nation que le président de la République délivrera cette fin d’année, en plus de celui consacré aux vœux du Nouvel An qui suivra.   

Dans quelques heures, le chef de l’Etat s’adressera aux Congolais pour dresser le bilan de la première année de son quinquennat et se projeter vers l’an 2022. Denis Sassou N’Guesso est habitué à l’exercice mais la prise de parole présidentielle de cette année a lieu dans une perspective où la crise sanitaire de covid-19, déclarée depuis deux ans dans le monde, continue d’occuper les espaces de débat. Le président de la République y reviendra sans doute dans son discours, pour évoquer, entre autres, la façon dont l’exécutif s’y est pris.

En même temps, la lente mais tout de même prometteuse reprise économique, encouragée par des indicateurs internes et externes assez favorables parmi lesquels la poursuite des réformes dans le pays et le retour de confiance avec le Fonds monétaire international, fondent chez ses compatriotes l’espoir que, rentré plus ou moins en possession de ses moyens d’action, le gouvernement s’attellera à son programme de développement tout en se penchant sur le quotidien des travailleurs et de la population.

Dans son message du même type, à la fin de l’année dernière, le président de la République indiquait qu'en dépit de la conjoncture difficile du moment, "Nous gardons la constance de notre logique et la cohérence de notre vision dans la marche vers le développement qui se concentrent essentiellement sur la poursuite de la mise en place des infrastructures de base". Quelques mois plus tard, ayant bénéficié de la confiance de ses concitoyens au terme de la présidentielle des 17 et 21 mars 2021, il mettait en exergue l’intensification de l’agriculture comme un des axes majeurs de son projet de société : « Ensemble, poursuivons la marche ». Difficile de croire qu’une année suffise pour en tirer les conséquences, mais l’occasion peut se prêter au dévoilement de la nouvelle carte agricole du pays au regard des efforts consentis sur le terrain.

Peut-être aussi devrait-on considérer cette première année du quinquennat du chef de l’Etat comme celle de la pose des jalons dans divers secteurs vitaux. Alors que les opérateurs économiques nationaux ont fait part de leur relative satisfaction au sujet du traitement de leur dette par l’Etat, les nombreux contacts noués avec l’extérieur par le gouvernement pour constituer les bases des partenariats public-privé attendent de produire leurs résultats. On se trouve de toute évidence dans un domaine où l’environnement international, souvent volatil, influence les prises de décision.  

D’immenses défis internes

Pour mieux se rendre compte de l’immensité des défis qui se posent au Congo, les fréquents échanges en plénières, entre le gouvernement et les deux chambres du Parlement, l’Assemblée nationale et le Sénat, en sont le baromètre. De ceux-ci, il est toujours ressorti, cette année comme les années précédentes, que la desserte de la population en eau et en électricité, l’offre de santé publique, la prise en charge des retraités, la bourse des étudiants, l’occupation des jeunes, le déficit des personnels de l’éducation nationale, l’aménagement du territoire, demandent de lourds investissements et toujours une gouvernance exemplaire. Le bout de chemin déjà accompli appelle nécessairement de nouveaux engagements.

En songeant à la gouvernance exemplaire, l’on remarque ces derniers temps la procession vers la Cour suprême des dirigeants des institutions nationales invités à déclarer leur patrimoine. Peut-être que les procédures afférentes sont complexes, le Congolais lambda s’interroge sur la nature « hermétique » de ces déclarations, d’autant plus que la procédure est publique, les médias en assurent un large écho, mais la documentation l’est moins, l’administration concernée ne délibérant en contrepartie sur les biens déclarés. Un problème de communication ? Dans cette affaire comme dans bien d’autres, l’action publique gagnerait à être mieux expliquée.

On ne saurait non plus faire l’impasse sur la communication dans le traitement de certains dossiers sociaux comme celui du 4 mars 2012. Il y a quelques semaines, les sinistrés de cette tragédie manifestaient bruyamment pour exiger du gouvernement l’accélération des procédures d’indemnisation les concernant. Une concertation entre les représentants de ces derniers et le Premier ministre a permis aux uns et aux autres d’apaiser leurs inquiétudes. Peut-être là également, le travail entrepris par les pouvoirs publics, les dysfonctionnements éventuels constatés, n’ont pas été amplement partagés.

Avant de conclure au moins provisoirement sur ce qui vient d’être écrit plus haut, rappelons que 2022 est l’année des élections locales et législatives. Les instances chargées de conduire ce processus ont le temps de faire en sorte que les conditions soient réunies pour des scrutins au cours desquels les candidats battront campagne sur l’ensemble du territoire national dans un climat de quiétude et les électeurs appelés à exercer librement leur choix. Le constat général dans le pays est que les obstacles à un tel aboutissement ont été levés comme l’avait au moins prouvé le déroulement sans incident de la dernière élection présidentielle.

 Sans prétendre que les termes des accords de 2017, à l’issue desquels l’apaisement est revenu dans le Pool, ont été entièrement appliqués, les instances mises en place pour accompagner ce processus sont toujours disposées à travailler. Comme pour ce qui concerne les autres dossiers pendants, le problème de fond, ce sont certainement les effets désastreux de la double crise économique et sanitaire sur les moyens d’intervention de l’Etat. En gardant l’espoir que 2022 sera aussi l’année de la décrue de la pandémie de covid-19, partant de la reprise économique, parions que l’exécutif congolais disposera alors d’une marge de manœuvre nécessaire pour faire repartir le pays.

Gankama N'Siah

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