Congo/Ntic : le rôle joué par les réseaux sociaux lors de la dernière campagne électorale

Jeudi 28 Avril 2016 - 16:30

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La forte utilisation des outils de communication dits interactifs lors de la dernière campagne électorale en République du Congo​ a fait l'objet le 28 avril à Brazzaville d'un long exposé de l'expert et enseignant chercheur à l'Université Marien Ngouabi Idriss Anthonin Bossoto.

 

 

 

 

Avant de parler de la campagne électorale au Congo, le conférencier s'est d'abord appesanti sur celle des Etats-Unis, notamment avec le candidat Barack Obama en 2008 qui avait changé la manière dont les politiciens fédèrent leurs soutiens, font la publicité en direction des électeurs et se défendent contre les attaques des adversaires. Déjà en 2004, la campagne de Howard Dean avait été révolutionnaire, utilisant Internet pour récolter de petites sommes auprès de centaines de milliers de personnes, mais en utilisant les outils interactifs du Web 2.0.

Pour Idriss Anthonin Bossoto, les citoyens autrefois attentistes et spectateurs, deviennent peu à peu des acteurs d’une campagne électorale capable de véhiculer un message et de l’argumenter auprès d’autres individus. « Grâce au Web, la communication est horizontale et interactive, elle repose sur l’échange entre le politicien et son électorat. Les services des sites comme Face book et Twitter en termes de création de nouvelles relations entre les individus deviennent de plus en plus populaires auprès de la classe politique congolaise », a ajouté le conférencier. Idriss Anthonin Bossoto a indiqué que comme dans d’autres pays, les acteurs politiques congolais de la majorité et de l’opposition ont compris les enjeux de la communication digitale, comme moyen de diffusion des messages politiques.

L’innovation et la compétition à travers les réseaux sociaux

« En effet, le scrutin du 20 mars 2016 a offert aux électeurs et internautes congolais la possibilité de découvrir un nouveau visage du jeu politique. Si les campagnes antérieures ont été marquées par un usage intensif des médias traditionnels (la télévision, la radio, la presse écrite et l’affichage), l’Internet et les réseaux sociaux se sont imposés comme un excellent moyen de diffusion du discours politique », a-t-il expliqué.

Mais ce dernier a affirmé que l’intérêt des politiques pour les médias sociaux peut être justifié par plusieurs facteurs essentiels. D’une part, les jeunes en tant que cible de communication politique représentent près de 70% de la population congolaise. D’autre part, cette couche sociale est essentiellement composée de Digital Natives, communément appelés natifs du numérique.

Idriss Anthonin Bossoto a souligné qu’il s’agit des jeunes qui sont nés avec les jeux vidéo, qui ont grandi avec l’arrivée de l’Internet et contribué au développement et au succès du web 2.0. « Ces jeunes sont les principaux consommateurs de technologies numériques comme les Smartphones, les tablettes tactiles et l’Internet mobile. A cela s’ajoute le fait que les réseaux sociaux sont devenus le nouvel espace public où se déroule le débat politique. A cet effet, dans un contexte où l’usage des technologies mobiles constitue l’un des loisirs favoris des jeunes congolais, ces dispositifs sont apparus comme une opportunité et un excellent canal de communication pour les candidats du scrutin présidentiel de mars 2016 », a-t-il déclaré.

Pour lui, la présence des 9 candidats au scrutin de mars 2016 a été effective sur Facebook et Twitter. Pour la plupart des candidats la mise en place d’une stratégie digitale renvoient plus à un effet de mode qu’à une réflexion stratégique objective. Néanmoins, la variété d’outils numériques et de plateformes utilisés n’a pas laissé les électeurs du Congo et de la diaspora sans réaction.

Il a par exemple cité des plateformes comme over blog, Bloggeur et le réseau social de partage de vidéo Youtube. Certaines équipes de campagne ont mis à la disposition de leurs électeurs des applications permettant d’accéder au projet de société et au planning des activités de leur candidat depuis un smartphone. Face book a permis par exemple à certains candidats non seulement de présenter leur projet de société, mais également de dialoguer, de partager, d’échanger des points de vue avec des amis ou les amis de ses amis.

« En effet, délaissé lors de la présidentielle de 2009, l’Internet a trouvé, avec la campagne présidentielle de mars 2016, une place de choix dans la communication politique en République du Congo. Mais, bien qu’une campagne électorale sur internet apparaisse aujourd’hui inévitable, son impact sur l’électorat reste difficile à évaluer. L’action militante sur le terrain reste néanmoins le meilleur outil de campagne », a-t-il conclu.

Le terme « web 2.0 » a été proposé dans le cadre d’une conférence tenue en août 2004 qui a rendu compte de la transformation tendancielle du web en « plateforme de données partagées via le développement d’applications qui viennent architecturer les réseaux sociaux issus de la contribution essentielle des usagers à la création des contenus et de formats de publication (blogs, wikis…). La définition a été ensuite popularisée par Im O’Reilly, président fondateur de la maison d’édition américaine informatique O’Reilly, dans un article publié le 30 septembre 2005 qui en a posé les principes. Pour lui, la clef du succès dans cette nouvelle étape de l’évolution du web réside dans l’intelligence collective. « Le web 2.0 repose sur un ensemble de modèles de conception : des systèmes architecturaux plus intelligents qui permettent aux gens de les utiliser, des modèles d’affaires légers qui rendent possible la syndication et la coopération des données et des services : le web 2.0 c’est le moment où les gens réalisent que ce n’est pas le logiciel qui fait le web, mais les services ». (…).

Guillaume Ondzé

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